Censure

Inondation à Kissosso Bas-fonds : l’État n’exclut pas de réquisitionner des écoles publiques

Une fois encore, la pluie s’est invitée avec fracas à Conakry, provoquant une immense désolation et des pertes humaines. Dans la nuit du mercredi 30 au jeudi 31 juillet, les quartiers de Kissosso Bas-fonds, Sangoyah Mosquée et Kissosso Plateau, dans la commune de Matoto, ont été durement touchés.

Des maisons envahies, des engins emportés, des murs effondrés, et surtout, des vies perdues : le bilan officiel fait état de sept (7) morts. Les autorités, présentes sur le terrain, pointent une nouvelle fois du doigt l’irresponsabilité des citoyens face aux recommandations de prévention.

« L’eau n’a pas d’ennemis » : le maire de Matoto déplore l’entêtement des citoyens

Présent à Kissosso Bas-fonds pour constater les dégâts, Moussa Diallo, président de la délégation spéciale de Matoto, n’a pas mâché ses mots. Pour lui, les conséquences de cette catastrophe sont en grande partie le résultat d’une désobéissance persistante aux consignes données chaque année par l’État. « Vous pouvez voir derrière moi, les images parlent d’elles-mêmes : les constructions anarchiques. Je veux même dire sauvages. […] Le lit de cette rivière a été détourné par endroits par des citoyens. Comment voulez-vous vous protéger de l’eau avec ça ? », s’interroge-t-il.

Selon lui, malgré les multiples alertes données à l’approche des grandes pluies, une partie de la population continue à occuper des zones à haut risque, parfois en totale violation des instructions officielles : « C’est vraiment regrettable que des Guinéens puissent faire face non seulement à l’ordre donné par les autorités, mais aussi à la nature. […] Il y a des gens qu’il faut protéger contre eux-mêmes. »

Le maire de Matoto regrette amèrement que la population ne prenne pas conscience du danger, malgré les pertes humaines qui se répètent chaque année.

Vers une nouvelle stratégie préventive : ANGUCH veut s’inspirer du modèle de Coyah

Face à l’ampleur des dégâts, l’Agence nationale de gestion des urgences et des catastrophes humanitaires (ANGUCH) entend passer à la vitesse supérieure. Son directeur général, Lancei Touré, appelle à un changement d’approche basé sur l’expérience déjà en cours à Coyah. « À Coyah, il y avait des cas de décès. Nous avons ouvert la maison des jeunes. Quand la pluie commence, arrivés à un certain niveau, les citoyens sortent maintenant, ils vont passer la nuit à la maison des jeunes. »

Cette stratégie, réquisitionner des établissements publics tels que les écoles et les maisons des jeunes pour servir de refuges temporaires, sera désormais étendue à d’autres zones à haut risque, y compris Kissosso. « Le gouvernement a appuyé ANGUCH […] Il y a eu la cartographie des zones à haut risque d’inondation qui a été faite.
Et à côté de ces sites, on a réquisitionné les écoles, maisons des jeunes. En cas de problème, les gens qui sont ici peuvent quitter pour aller là-bas. »

L’objectif est clair : sauver des vies humaines avant tout. Les infrastructures pourront être reconstruites. Mais les vies perdues, elles, ne se rattrapent pas.

Un appel à la responsabilité individuelle

Au-delà des mesures d’urgence, Lancei Touré rappelle une vérité essentielle : « Le premier responsable de sa propre sécurité, c’est nous-mêmes. […] Avant de venir ici, nous devons réfléchir au fait qu’on a une femme, qu’on a des enfants. »

Il appelle les citoyens à cesser les constructions qui obstruent les canalisations ou dévient les cours d’eau, dénonçant un comportement irresponsable dans un contexte de dérèglement climatique qui n’épargne aucun pays de la sous-région.

Août s’annonce encore plus pluvieux

La météo prévoit des précipitations encore plus intenses dans les semaines à venir. Les autorités en appellent donc à la vigilance et à la coopération des citoyens, afin de prévenir de nouveaux drames : « Le mois d’août sera intense, il y aura une forte pluviométrie. […] Quand la pluie commence, prenez toutes vos familles et allez passer la nuit dans les lieux de refuge identifiés. »

Abdoul Lory Sylla pour guinee7.com