Encore des morts.
Encore des maisons détruites.
Encore des familles plongées dans la détresse.
Et en face, pour reprendre Dalida,
Paroles, paroles, paroles,
Qu’on sème au vent.
La nuit d’hier restera comme une énième page sombre dans la chronique des inondations à Conakry : plus de sept vies perdues (bilan officiel), des quartiers sinistrés, et un gouvernement qui, une fois encore, se limite à exprimer sa ‘‘profonde tristesse’’.
En réalité, ce drame ne surprend plus personne. Et c’est là tout le problème. Chaque saison pluvieuse, les quartiers de Conakry et périphérie s’engloutissent sous les eaux, les familles pleurent leurs morts, et les communiqués officiels pleuvent, chargés de condoléances et d’appels à la vigilance.
Mais la vigilance des citoyens ne construit pas de caniveaux. Elle ne corrige pas les travaux bâclés. Elle ne répare pas une urbanisation anarchique ni l’absence criante de plan d’assainissement. Qu’on se le tienne pour dit !
À force de répéter que ‘‘le gouvernement reste mobilisé’’, on finit par se demander où se trouve réellement cette mobilisation. Un État qui se met au même niveau que la population dans l’attente de solutions, c’est un État qui abdique. Le rôle d’un gouvernement n’est pas de commenter la météo, mais d’anticiper ses conséquences.
Les pluies ne sont pas responsables. Elles tombent chaque année, à la même période. Ce qui tue, ce sont les ouvrages mal conçus, les routes livrées sans drainage. Et l’incapacité à transformer des discours en actions.
Conakry ne pourra pas éternellement s’en remettre à la chance ou à la clémence du ciel. La prévention ne peut pas être un slogan. Elle doit devenir une politique. L’urgence n’est pas de prier pour que le prochain orage soit moins violent, mais d’agir enfin pour que chaque pluie ne se transforme pas en tragédie.
Pour tout dire, en pareilles circonstances, l’émotion, aussi sincère soit-elle, ne peut se substituer à l’action. L’urgence commande une évaluation rigoureuse des failles, assortie de mesures correctives concrètes. Une enquête sur la planification et l’exécution des travaux publics, ainsi qu’un audit des dispositifs d’assainissement, s’imposent pour identifier les défaillances et y remédier.
Par Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com