Censure

Démolition partielle de la Paillote. L’administrateur Ousmane Hervé entre interrogation et incompréhension

Une structure non identifiée a de nouveau tenté, ce mercredi 13 août, de démolir la Paillote, lieu emblématique de loisirs et de culture à Conakry. Deux semaines plus tôt, une première opération avait déjà endommagé certaines parties du site, avant d’être stoppée par le ministère de la Culture et de l’Artisanat.

La situation a provoqué la colère des artistes qui se servent de la Paillote comme lieu de répétition, au point qu’une altercation a failli éclater avec des conducteurs de la machine Caterpillar.

Face à cette nouvelle tentative, Ousmane Hervé Camara, administrateur du site, affirme avoir alerté toutes les instances culturelles du pays. « J’ai appelé tout le monde, j’ai informé toutes les structures culturelles de la Guinée. J’ai dit, il y a une situation qui est en train de se passer, ça c’est plus fort que moi. C’est Moussa Moïse [ministre de la Culture et de l’Artisanat, NDLR] qui devrait faire notre coin, mais je vois une autre structure que je ne connais pas. »

Hervé Camara raconte qu’à la première tentative, le ministère avait réagi rapidement : « Le directeur de la Culture est venu en courant, accompagné par mon petit frère Moussa Moïse Diabaté. Il a dit que le ministre a dit d’arrêter. Il s’est imposé, ils ont même fait sortir la machine. Donc ce n’est pas aujourd’hui qu’ils ont fait tomber cette partie. Ça fait plus de deux semaines. »

L’administrateur déplore que, malgré ses multiples interpellations, il ne sache toujours pas qui est derrière ces opérations. « Ça fait longtemps, moi-même je leur demande… mais ils refusent de me répondre. Il y a quelqu’un, un monsieur noir avec une barbe blanche, qui donne tout le temps des ordres. J’ai signalé tout ça à notre ministère, mais je n’ai pas eu de suite favorable. »

Il affirme même avoir reçu l’ordre de quitter les lieux : « Avant-hier on m’a dit de plier tout ce que j’ai à la Paillote, de sortir… Ils m’ont dit que la machine va venir. »

Pour Ousmane Hervé Camara, cette case est un symbole historique qu’il faut absolument préserver. « La musique guinéenne, c’est ici que ça a commencé par Maestro Keletigui… Cela n’a pas débuté aujourd’hui, ça c’est depuis 1961 jusqu’à nos jours. (…) Si on démolit ça, ils ont tué la culture guinéenne. »

Tout en réaffirmant sa confiance dans le ministère, il insiste sur la nature pacifique de leur démarche : « On ne lapide pas, on ne crie pas, on n’insulte pas. S’ils nous disent de nous limiter, on va se limiter parce que les Guinéens sont très bien éduqués. »

Une nouvelle intervention du ministère de la Culture a été nécessaire pour retirer la machine et mettre fin à toute tentative de démolition.

Abdoul Lory Sylla pour guinee7.com