Censure

MINES. Autorisation controversée d’exportation de la bauxite via le port de SD Mining : un choix qui interroge

La société Zincheng a récemment obtenu l’autorisation d’exporter de la bauxite depuis le port de Kokaya, géré par SD Mining, alors même que l’entreprise AGB2A-GIC, reste bloquée. Cette décision, émanant du secrétaire général du ministère des Mines et de la Géologie, ravive les doutes sur la gestion équitable des droits miniers en Guinée.

AGB2A-GIC, entreprise guinéenne en règle, est empêchée d’exploiter le permis de Guinea Brain Touch (GBT), bien que celui-ci n’ait jamais été officiellement révoqué.  Selon nos sources, depuis le début de ses activités en 2022, AGB2A-GIC a exporté au moins 4 millions de tonnes de bauxite à partir du permis d’exploitation de GBT.

Le ministère a pourtant ordonné la suspension de ses activités, sans justification publique. SD Mining, également visée par ces injonctions, a fini par s’y conformer… avant de reprendre ses opérations en toute discrétion dès le lundi 11 août 2025, comme le confirment des images prises sur le terrain.

La reprise des exportations par Zincheng soulève plusieurs interrogations : pourquoi autoriser une société étrangère à opérer alors que les activités sont gelées sur les sites de Boffa, Fria et Télimélé ? Quel est le lien entre Zincheng et SD Mining ? Pourquoi cette entreprise bénéficie-t-elle d’un accès à un port associé à un permis contesté, tandis qu’AGB2A-GIC reste à l’arrêt ?

Le contexte est d’autant plus sensible que le ministre des Mines, Bouna Sylla, avait signé un protocole d’accord avec SD Mining pour la reprise du permis retiré à Axis Minerals…

Cet accord, conclu sans consulter AGB2A-GIC, a été annulé après de vives critiques. Les raisons sont économiques : SD Mining proposait un premier versement de 50 millions USD, contre une offre de 150 millions USD immédiats de la part d’AGB2A-GIC, assortie d’un complément de 100 millions USD dans les six mois. Les engagements futurs de SD Mining — 75 puis 125 millions USD — restent incertains.

AGB2A-GIC continue de rémunérer ses centaines d’employés malgré l’arrêt de ses activités, tandis que SD Mining a placé une partie de son personnel en congé technique, tout en reprenant ses exportations. Ce traitement inégal entre opérateurs soulève une question fondamentale : les règles du secteur minier sont-elles appliquées de manière uniforme ? Et si des exceptions existent, qui les décide ?

Dans un secteur aussi stratégique, la transparence ne peut être facultative. Elle est indispensable pour garantir la crédibilité des institutions et l’équité entre les acteurs économiques.

Ousmane Sylla