Censure

Taliby Dabo, un allié maladroit ?

Chez Jean De La Fontaine, l’ours, croyant rendre service à son ami endormi, lui fracasse le crâne pour sauver son sommeil d’une mouche importune. Moralité : mieux vaut encore un ennemi lucide qu’un ami zélé et maladroit.

Aujourd’hui, à Kankan, ce rôle de l’ours a trouvé un nouveau comédien : Taliby Dabo. L’homme du RPG AEC, recyclé dans l’amitié douteuse avec le régime de la Transition, a trouvé malin de révéler que les disparus du FNDC ‘‘n’ont pas disparu’’, qu’ils ‘‘mangent bien, dorment bien’’ et qu’ils n’ont ‘‘aucun problème’’, hormis cette légère peccadille : la liberté.

Problème : à peine ses mots envolés, tout le monde se retrouve avec un pavé en pleine figure. Le procureur général, qui jurait n’avoir aucune trace d’arrestation. Le Premier ministre, Bah Oury, qui sur RFI récemment disait chercher ‘‘de la manière la plus sérieuse’’ où ces activistes pourraient bien être. Et le gouvernement dans son ensemble, désormais sommé de courir derrière un allié trop bavard.

Disons-le en quatre mots : en voulant défendre ses nouveaux amis, Taliby Dabo leur a offert ce que l’opposition n’osait plus espérer : un aveu public, spontané, non sollicité. À ce stade, ce n’est plus de la maladresse, c’est de l’art.

On se demande donc si le régime n’aurait pas intérêt à le garder au silence, à défaut de le remercier. Car chaque sortie de Taliby ressemble à une séance gratuite de tir à la kalachnikov… dans le pied.

Les familles des disparus, elles, n’ont toujours pas de réponses. Mais au moins, elles savent désormais que Taliby Dabo détient un savoir supérieur au procureur et même au Premier ministre. Peut-être faudrait-il simplement interroger le baron de Kankan. Pour la manifestation de la vérité.

Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com