La Haute Autorité de la communication (HAC) a suspendu le site guinee360.com pour une période de 90 jours. La HAC reproche au média en question de « manipulation d’informations et de manquement professionnel ». Dans un entretien accordé à notre rédaction, ce lundi 1ᵉʳ septembre, le directeur de publication du quotidien électronique guinee360.com, Abdoul Malick Diallo se dit surpris de cette décision « liberticide ».
« C’est avec beaucoup de surprises qu’on a accueilli cette décision de la Haute Autorité de la communication. Là, on ne s’y attendait pas du tout, puisque nous n’avons pas fait un travail qui aurait pu nous valoir une telle sanction. N’importe quelle sanction, tout ce que nous avons fait, pour nous, c’est quelque chose qui correspondait à l’éthique et à la déontologie du métier que nous exerçons, le journalisme, et c’était conforme aussi aux lois sur la liberté de la presse. Donc, c’est vraiment un choc pour nous. Surtout qu’auparavant, on n’avait jamais été sanctionné, comme la HAC décide de nous sanctionner trois mois, de suspendre le média. Donc, c’est surprenant », a déclaré Abdoul Malick Diallo.
Sur les griefs de la HAC, Abdoul Malick Diallo dit ignorer l’article incriminé. « On ne nous a pas dit dans cette décision quel est l’article ou bien quel est le passage incriminé. On ne nous a même pas écoutés, en fait. Alors que la HAC aurait dû, avant de prendre une décision, nous convoquer, nous adresser un courrier pour répondre devant les commissaires et discuter pour voir si on peut justifier les informations qu’on a publiées. Ça n’a pas été le cas », regrette-t-il.
Des contradictions dans la décision de la HAC !
Ce journaliste relève une contradiction dans la décision de la HAC. Selon lui, il y a quelques jours, ils ont reçu des appels des commissaires de la HAC. « D’abord le président de la HAC en personne, M. Boubacar Yacine Diallo, qui m’a appelé pour me reprocher un article que nous avons publié suite à ses déclarations interdisant aux médias privés de donner la parole aux partis suspendus ou dissous. On a rapporté ces propos comme ils ont été rapportés dans tous les médias du pays, et même des médias internationaux ont rapporté ces propos. (…), il est même allé jusqu’à dire que dans l’article qu’il a incriminé, puisqu’on s’était interrogé sur les prérogatives, si la HAC n’avait-elle pas outrepassé ces prérogatives en interdisant aux médias privés de donner la parole à des partis suspendus ou dissous ».
« Mais hier (dimanche), il y a un commissaire qui a appelé l’administrateur général de Guinée 360 pour lui dire qu’on a une interview de Souza, le responsable de la communication de l’UFDG, dans laquelle celui-ci parle de cette interdiction. Il a exprimé ses griefs à l’administrateur de Guinée 360, qui lui a rappelé que ces mêmes propos (du président de la HAC, ndlr) ont été rapportés même par les médias publics, notamment la RTG, l’AGP, le Horoya et ainsi de suite. Mais il (Amadou Camara) avait dit que de toutes les façons, le président (Boubacar Yacine) a décidé qu’il y aurait une sanction. Nous, on s’attendait à une sanction contre le journaliste par rapport à cet article. Mais même si c’était sans fondement, puisque l’article, en tant que tel, n’a aucune violation. C’est la loi qu’on a utilisée pour démontrer que la HAC n’a pas de prérogative à dire à un média privé de ne pas donner la parole à une entité ou à un individu, même si celui-ci ou celle-ci n’est pas en conformité avec la loi. Donc c’est un peu ça. »
Abdoul Malick Diallo lance un défi à la HAC
Dans sa décision, la HAC parle des articles publiés à partir du 30 août. Or, les articles qui ont fait l’objet d’échange téléphonique entre des commissaires de la HAC et la rédaction de Guinee360 ont été publiés avant le 30 aout. Face à cela, le directeur de publication lance un défi aux membres de la HAC.
« Je mets au défi la Haute Autorité de la communication de sortir un seul texte que nous avons publié et qu’ils peuvent prouver que c’est une manipulation ou que les informations qui sont contenues dedans ne sont pas en conformité avec la réalité ou que c’est une manipulation. Ils ne peuvent pas. C’est le défi que je lance à quiconque d’aller voir les articles que nous avons publiés d’hier à aujourd’hui et même avant le début, de voir si on a publié un seul article qui constitue une manipulation de l’opinion ou bien un manquement professionnel. La HAC ne peut pas le prouver », a-t-il lancé avant de dire que : « c’est juste une décision liberticide que nous subissons comme auparavant d’autres médias ont subi. Des mêmes décisions que nous avons dénoncées et qu’on continue de dénoncer. Je pense que le travail que nous faisons, c’est ce qui dérange. Ils ne veulent pas que le journaliste soit indépendant, que le média soit indépendant. Ils veulent avoir des médias dans leurs bottes et nous, on n’est pas prêts à ça. »
Une saisine de la cour suprême contre la décision n’est pas exclue
Après avoir précisé n’avoir reçu aucune notification de la HAC, Abdoul Malick Diallo annonce qu’ils vont se réunir à l’interne pour décider de la suite. « La HAC elle-même ne nous a pas adressé un courrier concernant sa décision. Donc on n’a pas eu de réunion puisque c’était tard, elle est tombée. Demain (mardi), on décidera de la suite. Mais la suite, on sait qu’il n’y a qu’une seule possibilité, c’est un recours. On peut recourir contre la décision devant la Cour suprême. Donc c’est la seule opportunité. Sauf si la HAC revient sur sa décision. À défaut, on va se rabattre devant la justice et la justice décidera. Je suis convaincu que devant la justice, la HAC perdra », a-t-il martelé.
Bhoye Barry pour guinee7.com