En conférence de presse ce mercredi 3 septembre, la directrice générale des élections (DGE), Djenabou Touré, a expliqué les raisons qui ont conduit à la suspension de l’UFDG ainsi que deux autres formations politiques de l’opposition.
La patronne de la DGE a rappelé le chemin parcouru dans l’organisation du référendum prévu le 21 septembre prochain, depuis l’opération de recensement jusqu’à la distribution des cartes. Mais une part essentielle de son intervention a porté sur les manquements constatés dans la gestion interne de certains partis, en particulier l’UFDG, accusé de dysfonctionnements financiers et statutaires. « Il faut qu’à un moment donné, on stoppe l’hémorragie intellectuelle. »
Évoquant la gouvernance interne des partis, Mme Touré a déploré un manque de rigueur : « Moi, je dis, quand le Haut Commissariat est venu me voir, à l’époque, pour un parti politique, j’ai juste sorti les statuts, je les ai déposés sur la table. Ils ont vu la qualité des rapports, ils ont vu la qualité des documents. Moi, j’aime ce débat. Aujourd’hui, je dis : « Tous les documents sont numérisés. »
Des zones d’ombre dans les finances de l’UFDG
La DGE a insisté sur le manque de transparence dans la gestion financière du parti de Cellou Dalein Diallo : « Les irrégularités, si je continue, parce que j’ai tiré un document, il y a la gestion financière. Vous ne pouvez pas me dire que vous avez construit un siège qui fait plus de 10 milliards sans que vous ne puissiez me justifier comment tout l’argent est rentré. Et que vous me dites simplement que mes comptes sont avec des gens qui sont en prison. L’autre trésorier est décédé, nous n’avons aucun document. ou les documents sont avec le président ou les documents se trouvent au palais Sekoutoureyah. Un parti politique n’est pas géré à cet endroit. »
Elle a également soulevé des interrogations sur la gestion des cotisations et de la vente des cartes de membres : « Quand vous me dites que vous avez vendu 10000 cartes, et que vous avez fait 50 000 cartes, 50 000 cartes que vous vendez à 5 000, si on a des mathématiciens dans la salle, calculez ! L’argent a été versé comment ? Ça a été utilisé comment ? C’est ça la gestion quand on parle d’un parti politique. »
Congrès reportés et violations statutaires
La DGE a reproché à l’UFDG de ne pas avoir organisé de congrès depuis 2015, contrairement à ce que prévoient ses textes : « Donc l’UFDG n’a pas organisé de congrès depuis 2015. Et on a demandé des procès-verbaux électifs à tous les niveaux, on n’en a pas eu. Et la substitution est régulière d’une convocation nationale à un congrès statutaire. Parce qu’on a dit qu’il y avait cause d’Ebola, on a fait un congrès, on nous a présenté un document qui est en violation même des dispositions statutaires. »
« Ce n’est pas au président de prendre certaines décisions »
La directrice a rappelé que le rôle du président de l’UFDG est limité par les statuts du parti : « Si vous regardez les décisions telles qu’elles doivent venir, il ne revient même pas au président Cellou de prendre une décision, de sanctionner quelqu’un. Il y a un conseil de politique. Une fois que le bureau exécutif, selon le statut régulier où il se réunit, prend une décision, il revient au conseil politique de l’appliquer. »
Et de dénoncer certaines pratiques : « Le président se lève, le nom d’un chargé de communication. Si je regarde à l’UFDG, le président n’a droit à nomination qu’à cinq personnes. Je dis que je peux mettre les statuts à votre disposition pour analyser. Parce qu’il faut qu’à un moment donné on arrête de dire : « C’est orienté, c’est contre moi, il ne faut pas se victimiser. »
Pourquoi maintenant ?
Face aux critiques sur l’opportunité de la suspension à la veille du scrutin, la DGE s’est défendue : « c’est des choses qui sont pertinentes. Ce n’est pas inventé. Et je fais ricocher pour dire pourquoi la période, à la veille du scrutin, je l’ai écouté plusieurs fois, on m’a posé cette question, on m’appelle, j’ai les SMS ici, une cinquantaine, pourquoi la période ? Mais vous êtes dans un processus depuis trois ans et entre le moment où on a donné les certificats avec les observations, ils n’avaient que 45 jours. C’est le RPG qui avait 90 jours. »
Le cas du PRP de Rafiou Sow
La DGE a également abordé la suspension du Parti du renouveau du progrès (PRP) : « Quand je reviens à la question du PRP, le troisième parti, on ne va pas me dire que c’est un parti important. Le troisième parti, lui-même, il est un militant de l’UFDG parce qu’il est le porte-parole de L’ANAD et il milite plus dans l’UFDG qu’il ne milite dans son propre parti, il n’a pas de siège. »
Une gestion dite transparente
Pour conclure, Djenabou Touré a tenu à réaffirmer son impartialité dans la conduite du processus : « Je pense que les gens parlent… mais si vous voyez qu’on conduit le processus aujourd’hui, je le dis encore une fois, ça fait plus de 20 ans que je suis dans le processus politique en République de Guinée. »
Abdoul Lory Sylla pour guinee7.com