Le tribunal de première instance de Coyah a rendu son verdict, ce mercredi 10 septembre, dans l’affaire impliquant l’artiste Mohamed Seydou Bangoura, alias Singleton. Le chanteur a été condamné à un an de prison assorti de sursis, au paiement d’une amende de 10 millions de francs guinéens, ainsi qu’au versement de 900 millions à titre de dédommagement à la famille de feu Elhadj Mohamed Lamine Traoré. Concrètement, cette décision signifie que l’artiste peut regagner son domicile.
À l’issue du jugement, les différentes parties ont pris la parole et se sont montrées unanimes : aucune ne compte pour le moment interjeter appel.
Le plaignant, Mohamed Traoré, s’est dit satisfait. Pour lui, l’essentiel n’était pas que Singleton soit emprisonné. « On n’a pas porté plainte pour qu’il reste en prison à vie. Nous le savons tous, la Guinée est un État de droit. C’est un pays dans lequel le droit de tout citoyen est cadré. Et si toutefois Monsieur le Président rentre le verdict comme ça, c’est ainsi que le veut la loi. Donc je ne suis pas contre le fait qu’il n’ait pas été condamné, je ne suis pas contre. Et même si on le met en prison pendant 10 ans ou 20 ans, cela n’a pas de sens non seulement pour moi, mais aussi pour toute la Guinée », a-t-il déclaré.
Me Aboubacar Camara, l’un des avocats de la partie civile, a également salué la décision : « Nous ne pouvons pas dire qu’en soi c’est une mauvaise décision. Nous l’avons bien examiné. C’est une décision dissuasive et un avertissement, pas lancé seulement à l’encontre du prévenu Singleton, mais à l’endroit de toute autre personne qui pourrait se comporter ainsi. »
Concernant le dédommagement, l’avocat estime le montant raisonnable : « Si on a alloué à la partie civile le montant de 900 millions sur une demande de 5 milliards, nous, en tenant compte de la charge qui est sur la famille avec les 10 enfants et une veuve, en soi, vraiment, ce n’est pas une mauvaise décision. »
Sur la possibilité d’un appel, il a précisé : « Cela va faire l’objet d’une concertation entre notre client et nous les conseils. S’il estime qu’il faille relever appel, là il n’y a pas de problème, c’est son droit. Nous ne pouvons que prendre acte de cette décision. Même si par ailleurs, nous avons aussi le droit de lui prodiguer des conseils. Pour le moment, nous n’envisageons pas de relever l’appel, si toutefois nous n’avons pas encore concerté notre client. »
Du côté de la défense, la satisfaction était encore plus marquée. Me Ousmane Simakan a salué une décision conforme au droit et non influencée par l’opinion publique : « C’est un sentiment de satisfaction que nous avons, puisque ce que les gens attendaient dans la condamnation ou dans ce procès, Dieu ne leur a pas donné cela. Et le tribunal a su comprendre ce que notre client est en train d’endurer. Il a dit le droit et c’est l’occasion pour nous de remercier et de féliciter le tribunal parce que les juges commencent à nous montrer non seulement que nul n’est au-dessus de la loi, mais également que quelle que soit la pression ou quels que soient les types de lapidation qu’on a contre quelqu’un qui est devant la justice, elle sera sereine et elle rendra une décision conséquente. Et c’est cette décision que nous venons de voir », a-t-il indiqué.
Quant à un éventuel recours, il a ajouté : « en ce qui concerne les voies de recours, nous avons 15 jours. À chaud, nous ne pourrons rien décider et lorsque cela aussi sera décidé, vous en serez avisé. »
Abdoul Lory Sylla pour guinee7.com