Censure

Référendum. Oui ou Non, c’est ça aussi la démocratie ?

Il était une fois, sous la présidence du général Lansana Conté, un ministre maire en tournée électorale. En bon serviteur de la République, il entre dans un bureau de vote et découvre, horreur ! un tas de bulletins rouges (le Non) tapissait le sol. Quel gâchis ! L’homme s’empresse de ramasser quelques-uns de ces orphelins démocratiques pour les balancer dans l’urne, remplie jusqu’à la gueule de bulletins verts (le Oui triomphant). Et de s’écrier, fier comme un coq : ‘‘C’est aussi ça, la démocratie !’’

Voilà qui résume l’art de faire croire qu’un simulacre est un scrutin. Après tout, que serait un résultat à 99,8 % sans cette pincée homéopathique de Non pour donner l’illusion du choix?

Mais l’histoire ne s’arrête pas là : le ridicule se niche aussi dans la palette des couleurs. Rouge pour dire Non, vert pour dire Oui. Comme si l’on associait automatiquement le refus au danger, au diable, à l’enfer, pendant que le consentement serait synonyme de paradis tropical (le vrai -pas celui brandi jusque-là).

Et nous revoilà aujourd’hui, dans une campagne référendaire où l’on cherche le Non comme une aiguille dans une botte de propagande. Pas une affiche, pas un slogan, pas une voix discordante – à part celle très inaudible de Faya, le dernier des Mohicans ?- qui ose se montrer à visage découvert. On se croirait dans une pièce de théâtre jouée avec un seul acteur : il entre, il sort, il crie Oui, et le rideau tombe.

Un citoyen facétieux l’a bien résumé : ‘‘Pour sauver l’honneur, le pouvoir devrait financer lui-même une petite campagne du Non, juste pour la beauté des choses.’’ Histoire de donner au plébiscite qui s’annonce un soupçon de vraisemblance. Un peu comme ce ministre d’antan qui jetait des bulletins rouges dans une mer verte, au nom de la démocratie.

Car, finalement, par ces temps qui courent, le Non ne devrait pas être un choix. Mais une subvention.

Par Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com