Censure

Référendum, exclusion d’opposants… Bah Oury se confie pleinement à France 24

Le Premier ministre guinéen, Amadou Oury Bah, s’est exprimé sur l’actualité sociopolitique du pays lors d’une interview accordée à France 24. Les échanges ont principalement porté sur le référendum du 21 septembre, les accusations d’« exclusion » d’opposants et la question d’une éventuelle candidature du général Mamadi Doumbouya.

Au sujet de ceux qui qualifient le référendum de mascarade, Bah Oury a réagi : « Cela va de soi que le oui sera massif. Nous cherchons en plus de cela une participation large. Déjà, ils s’avouent vaincus (…) Lorsqu’on dit que c’est une mascarade, cela veut dire, je crois, que certains ont une idée de la Guinée d’hier et pas celle de la Guinée d’aujourd’hui. »

À propos d’une candidature éventuelle de l’actuel président de la transition, il a souligné qu’il ne s’agit pas d’une question individuelle : « laissons-lui le soin, comme d’autres citoyens de la République de Guinée, de se porter candidat. Pour le moment, cette question n’est pas à l’ordre du jour. La question qui est à l’ordre du jour : oui ou non, voulons-nous une Constitution qui rassemble le peuple de Guinée, qui répond à des aspirations profondes, qui promeut l’égalité, la cohésion, disons qui renforce l’intégration de toutes les communautés dans le creuset de la République ? Ça aurait mérité, à mon avis, de la part de ceux qui ont assumé des responsabilités, une plus grande attention, une plus grande humilité, pour se rendre compte que la Guinée est en train de faire un pas qualitatif vers la consolidation des fondamentaux de l’État et de la société démocratique. »

Poursuivant sur ce sujet, il a ajouté : « Nous avons connu des histoires troubles, troublées, tragiques du fait candidat ou non candidat. À l’heure actuelle, ce que nous cherchons, c’est de donner la chance à tous ceux qui estiment pouvoir incarner un projet de le proposer au peuple de Guinée. Et de ce point de vue, le général Mamadi Doumbouya, au même titre que tous les autres citoyens de la République de Guinée, a le droit de proposer un projet susceptible d’accueillir une certaine adhésion au niveau de la population. Pourquoi se focaliser sur qui est candidat et qui ne l’est pas ? Ce qui est le plus important, ce sont les projets portés par les uns et les autres. »

Interrogé sur les revendications de l’opposition, Bah Oury a réfuté toute idée d’exclusion de certains acteurs : « Par rapport à ceux qui prétendent qu’ils ont été éliminés, voyez l’histoire. Il y a un ancien président. Voulez-vous qu’il restaure l’ordre ancien qui est en train de dépérir, parce que la situation qu’il avait laissée est une situation extrêmement dangereuse pour la stabilité et la paix civile en Guinée. Pouvez-vous justifier le fait que des personnes qui ont maille à partir avec la justice, qui n’ont pas été expulsées, mais qui, de leur propre initiative, ont accepté d’aller à l’étranger… Est-ce qu’il faudrait considérer que c’est la puissance publique qui les a mis hors de course ? C’est leur attitude, leurs responsabilités, leur passé, peut-être en relation avec la justice, qui les amène à être dehors. »

Abdoul Lory Sylla, pour Guinée7.com