Au lendemain du grand scrutin, Conakry ressemble à une capitale en mode économie d’énergie : calme en surface, mais chaque citoyen carbure au système D. Internet ? Toujours coincé dans les embouteillages, obligé de voyager clandestinement via VPN. ‘‘On achète un produit qui ne marche pas’’, grince Houssaynatou, en comptant ses derniers billets arrachés aux guichets faméliques des banques. En Guinée, même le giga est devenu un produit de luxe, à ranger entre le sac de riz et le bidon d’huile.
Et puis, miracle administratif : tout le monde à l’heure ! L’autre surprise du lendemain du référendum réside sans doute, dans les services publics. Pas un bureau vide, pas une chaise orpheline. D’ordinaire, après ce genre d’événement national, les fonctionnaires prolongent le week-end patriotique. Mais cette fois, ministres et directeurs ont pointé à l’aube, parfumés et dossiers sous le bras. Motif ? On attend sans grand bruit, la réaction du boss du Palais Mohamed V. Alors chacun se transforme en antenne parabole humaine, oreilles braquées vers la fréquence présidentielle, au cas où tomberait une sanction surprise.
Pendant ce temps, les réseaux sociaux bruissent de vidéos et de photos montrant les files… d’absents. L’opposition s’en frotte les mains et crie victoire : ‘‘le boycott a marché !’’. Les autorités, elles, ont perdu subitement leur passion pour Facebook. Hier encore, elles publiaient jusqu’aux selfies en t-shirts Oui ou dans la gadoue ; aujourd’hui, c’est silence radio. Pas une image de ‘‘grande mobilisation’’ à se mettre sous la dent. Comme quoi, même la communication officielle connaît des pannes de courant.
Le pays est en mode “attente”. Résultat : tout le monde compte. Les citoyens comptent leurs gigas. Les banques comptent leurs billets. Les fonctionnaires comptent les minutes avant la prochaine réunion au Palais ? Et la DGE, elle, compte les voix, enfin… quand des membres de bureaux de vote en rébellion auront bien voulu rendre les copies.
En un mot ou en quatre, en Guinée, le lendemain du référendum du 21 septembre 2025, c’est un peu comme le lendemain d’une fête sans musique à Gbaka city : tout le monde est rentré, mais personne ne sait vraiment si la soirée a eu lieu.
Ibrahima S. Traore pour guinee7.com