Censure

« Une école prête, mais des parents absents » : le cri du cœur du proviseur du lycée 1ᵉʳ Mars

À quelques jours de la rentrée scolaire prévue le 6 octobre 2025, les établissements scolaires s’activent pour offrir un cadre propice à l’apprentissage. Au lycée et collège 1ᵉʳ Mars, situé à Conakry, le proviseur Sékou Camara fait le point sur les préparatifs, l’état des infrastructures, les résultats aux examens nationaux, et insiste sur le rôle crucial des parents dans la réussite scolaire des élèves.

Guinee7.com : Comment votre établissement se prépare-t-il à la rentrée des classes ?

Sékou Camara : Je vous remercie beaucoup. Je pense que la rentrée prochaine se prépare à merveille. Nous avons été à la DCE, nous avons reçu des instructions et ce qu’ils doivent faire. Selon notre calendrier à nous, le 25 était programmé pour le conseil des profs par rapport à la rentrée scolaire. Tous les profs étaient là et la direction avait déjà préparé ce qu’il fallait donner, à savoir l’emploi du temps individuel, les groupes pédagogiques sont préparés et la fourniture qu’on a eue à partir de la DCE, on a dissipé ça, et chacun a reçu ses cahiers et son emploi individuel. Donc nous, nous sommes prêts. Comme vous l’avez constaté, la cour est propre, les salles de classe sont propres, les toilettes sont déjà nettoyées et les bancs sont disposés dans les classes. Donc nous ici, tout est au point maintenant là pour recevoir les élèves à partir du 6 octobre 2025.

L’école a-t-elle besoin de travaux avant cette reprise ?

Non, on n’a pas besoin de rénovation, d’autant plus que ça n’a même pas fait trois ans, l’école a été rénovée et donc ce sont de petits entretiens que nous devons faire et qui sont en train d’être faits maintenant. Sinon les salles de classe sont propres, sont bien. Les murs sont corrects, il n’y a pas de choses à faire ici. La toiture, la clôture, les salles de classe, le tableau, tout est bon pour le moment.

Quel message adressez-vous aux parents qui hésitent encore à envoyer leurs enfants à l’école ?

Ce que nous demanderons aux parents d’élèves, selon quand on a fixé la première date, il y a eu des murmures pour dire qu’on n’est pas prêt. Donc l’État a pris les dispositions par rapport à ça et il a programmé le 6. Je pense qu’un parent qui veut que son enfant étudie le 6, il pourra le libérer. Et ce que je vais leur dire : pour un enfant qui passe de la 7ᵉ à la 8ᵉ année pour aller à la 9ᵉ année, c’est la même tenue. Si la tenue qu’il avait l’année passée n’est pas tellement chiffonnée et n’est pas déchirée, je pense qu’il peut laver ça très bien, donner à l’élève pour qu’il commence les cours en attendant qu’il y ait les moyens pour acheter une nouvelle tenue. Sauf pour ceux qui quittent la 6ᵉ année, pour la 7ᵉ année par exemple, ça, il faut chercher la tenue. Mais je pense qu’un parent qui veut que son enfant étudie, je pense que le 6 c’est pas trop tôt, d’ailleurs, on a commencé en retard. Si vous regardez, même avant c’était le 2 octobre, donc s’ils sont pas jusqu’au 6, ça c’est une doléance qu’on a accordée aux parents afin qu’ils puissent faire quelque chose pour que les enfants commencent effectivement les cours à partir du 6 octobre.

Quel regard portez-vous sur les résultats de votre école aux derniers examens nationaux ?

Le résultat qu’on a eu, c’est pas mal, mais vous savez, un enseignant veut que quand il présente 10 candidats ou bien 100 candidats au bac, il veut que tous les 100 réussissent. Donc si tu n’as pas ça, ça veut dire qu’il y a un peu quelque chose qui manque. Donc on a fait la réunion aujourd’hui, on a tiré des leçons, on a déjà pris les diverses dispositions pour que le pourcentage qu’on a eu cette année puisse être amélioré d’ici la fin de l’année prochaine.

Quelles sont, selon vous, les causes de ces résultats en demi-teinte ?

Oui. Surtout, nous, on a mis les dispositions ici pour accompagner les élèves. Les professeurs étaient là, prêts. Mais quelque part, les parents ne suivent pas les enfants. Des fois, quand un enfant est en 10ᵉ ou en terminale, il suppose que l’enfant peut se prendre en charge. Un enfant est un enfant. L’enfant, il ne s’intéresse qu’à ce qui lui plaît, même si c’est pas bon pour lui. Seuls les parents peuvent dire : ça c’est pas bon pour toi, voilà ce qui est bon pour toi. Mais cette responsabilité est abandonnée par certaines familles. Et quand les parents amènent les enfants à l’école, quand vous les rencontrez à l’ouverture, vous ne les verrez plus, sauf pour les résultats. Et puis ça aussi, c’est certains qui viennent, d’autres s’en fichent. Ce n’est pas normal. Il faut que les parents prennent les dispositions. L’avenir d’un pays, c’est à partir de ces enfants-là. Et comme on le dit, il ne s’agit pas d’avoir beaucoup d’héritage. Si tu n’as pas d’héritier, il faut avoir un bon héritier, c’est-à-dire des enfants qui pourraient demain nous remplacer et nous dépasser. Et pour que cela se passe, il faut que et les parents et nous qui sommes chargés de leur formation, que nous conjuguions les mêmes verbes pour construire les enfants ensemble. Mais si les parents ne viennent pas voir ce que l’enfant fait, des fois, il faut que tu sanctionnes l’enfant, pour que les parents viennent. Quand tu fais une convocation, c’est seulement en ce moment qu’il vient s’arrêter. Quand tu poses le problème, il dit que non, je ne savais pas que mon enfant avait ce comportement. Mais si l’enfant est suivi chaque fois, au moins chaque mois, tu viens une fois pour regarder ce que mon enfant fait, il y a des comportements qu’il ne pourra pas adopter. Mais si tu ne viens pas, il va aller te mentir. Il y a les parents qui n’ont pas fait l’école, bien sûr, mais ils sont beaucoup plus mûrs, donc ils connaissent la vie, ils savent ce qui se passe.

Interview réalisée par Abdoul Lory Sylla pour Guinee7.com