Le soleil vient à peine de se lever ce Mardi 14 Octobre, mais déjà, une longue file de véhicules serpente devant la station-service TMI, au carrefour de la Cimenterie. Klaxons, discussions à voix haute, regards impatients : chacun espère pouvoir remplir son réservoir.
Quelques heures plus tard, vers 12h30, le décor est méconnaissable. Plus aucun mouvement. La station est vide. À l’intérieur, deux pompistes en polos blancs et casquettes vertes discutent tranquillement avec deux de leurs proches à en croire leur proximité, assis à l’ombre du toit de la station. L’un d’eux nous accueille d’un sourire fatigué.
« Ce matin, il y avait une longue file parce qu’on avait du carburant. Mais là, nous sommes à sec depuis un moment », explique-t-il avant de se refermer, visiblement lassé de répéter le même constat à chaque visiteur.
Le gérant, lui, est parti à la banque d’après l’autre pompiste.
Nous décidons de poursuivre notre route vers Sonfonia, à bord d’un taxi-moto que nous avons fini par trouver. Le conducteur, casque vissé sur la tête et vêtu d’un chasuble orange, accepte de nous parler entre les carrefours T8 et T7.
« Le litre se vend à 13.000 GNF sur le marché parallèle normalement. Maintenant, c’est monté à 15.000 GNF. Et encore, faut connaître quelqu’un pour en trouver », lance-t-il d’un ton amer.
« Nous, les conducteurs, on perd tout. On roule à moitié du temps, et les clients râlent à cause des prix. »
Plus loin, à Sonfonia gare. Nous y croisons Mamadou Diallo, agent de la station Shell de Sonfonia Centre, qui, bien qu’en repos, aujourd’hui, s’arrête pour constater la situation.
« Ça fait environ une semaine qu’on n’a pas de carburant. On avait entendu parler d’une grève des transporteurs, puis d’un accord trouvé… mais personne ne sait vraiment pourquoi ça ne circule toujours pas », confie-t-il.
Du carrefour de la Cimenterie jusqu’à Sonfonia, les pompes sont toutes muettes, les stations désertées. Seuls quelques revendeurs informels alimentent encore les motos et véhicules, à prix fort dans les quartiers.
Dans une capitale parfois sans essence, les regards se croisent, fatigués, inquiets. La pénurie s’installe, sans explication officielle, et les habitants comptent les kilomètres et les francs avant chaque déplacement.
Alh. Cheick pour guinée7.com