Le jeune DJ et producteur guinéen Ÿudini, actuellement étudiant en musique électronique en Angleterre, s’est donné pour mission de faire rayonner la culture musicale guinéenne au-delà des frontières. Ce mercredi 15 octobre, face aux journalistes à Conakry, il a présenté son ambitieux projet baptisé “Namougnic”, une fusion audacieuse entre le Namougni, rythme traditionnel guinéen, et la musique électro qu’il perfectionne à Londres.
« C’est un mélange entre le Namougni et la musique électronique, un genre que j’ai développé récemment à Londres, » explique-t-il. « C’est le style de musique que je vais présenter lors de la finale de la compétition internationale de DJ qui se tiendra à Londres en novembre. »
Une quête d’identité artistique
À l’origine, DJ Ÿudini avait choisi de représenter le baïlé funk, un style brésilien qu’il affectionne. Mais sa qualification en finale l’a amené à une remise en question : « je me suis dit qu’il serait plus intéressant de représenter la musique de chez moi, » confie-t-il.
C’est ainsi qu’est née l’idée de revisiter le Namougni, également connu sous le nom de Faré Gnakhi, un genre sur lequel il avait déjà travaillé. En le modernisant avec des sonorités électroniques, il a voulu lui offrir une portée internationale. « Le Namougni est proche, en termes de rythme et de vitesse, du UK funky, un style anglais très populaire en Europe. Du coup, je me suis dit qu’il y avait moyen de faire ce mix et de créer quelque chose d’intéressant, » explique-t-il.
Le “Namougnic”, une ouverture sur le monde
Ce nouveau style, qu’il baptise Namougnic, a déjà conquis plusieurs DJ internationaux.
« J’ai envoyé les morceaux à des DJ américains, anglais, brésiliens… Ils m’ont tous dit “wow, c’est intéressant !” Ils m’ont encouragé à en produire davantage, » raconte-t-il avec enthousiasme.
Pour lui, cette réaction prouve qu’il existe un véritable créneau pour cette fusion culturelle. Il invite donc les producteurs et beatmakers guinéens à s’approprier ce mouvement : « j’invite tout le monde à regarder ce genre et à le pousser tant qu’on peut. Il faut qu’on développe notre culture avec des sons nouveaux. »
“Ce n’est pas moi qui gagne, c’est la culture”
Au-delà du projet musical, DJ Ÿudini se veut un ambassadeur de la culture guinéenne. « La culture, ce n’est pas pour moi, ni pour mon père ou mes enfants, c’est pour notre communauté, pour notre pays, » insiste-t-il. « Si je garde ce que j’apprends sans le partager, ce serait un drame. Ce que je fais, c’est pour que notre culture gagne. »
Avec le Namougnic, DJ Ÿudini tisse un pont entre tradition et modernité, et prouve que réinventer les rythmes du passé peut leur offrir un avenir mondial.
Abdoul Lory Sylla pour guinee7.com