La cérémonie de passation de service à la tête de l’Agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués (AGRASC) s’est tenue ce jeudi 23 octobre 2025, à Conakry. Elle a marqué le départ d’Alpha Sény Camara et l’installation officielle de Mohamed Diawara comme nouveau directeur général de l’institution.
Un discours d’engagement et de continuité
Dans son allocution, le nouveau directeur général, Mohamed Diawara, a tout d’abord rendu grâce à Dieu pour la santé, la vie et la force qu’il lui accorde chaque jour, avant d’exprimer sa reconnaissance aux plus hautes autorités du pays pour la confiance placée en lui.
« Je prends officiellement fonction en qualité de directeur général de l’AGRASC, avec humilité, fierté et un profond sens du devoir », a-t-il déclaré.
Il a tenu à saluer le travail de ses prédécesseurs et à réaffirmer sa volonté de poursuivre l’œuvre entamée dans un esprit de continuité et de loyauté. Le nouveau directeur général a rappelé les missions essentielles de l’AGRASC, instituée par les articles 964 et suivants du Code de procédure pénale : « la gestion des biens saisis, confisqués ou faisant l’objet de mesures conservatoires ; la centralisation des sommes saisies sur tout le territoire national ; la destruction ou l’aliénation des biens confisqués ; la garantie de la traçabilité et de la transparence dans la gestion des avoirs issus des procédures judiciaires. »
Selon lui, l’Agence doit être « un outil d’efficacité, de rigueur et d’intégrité », contribuant à renforcer la confiance des citoyens dans la justice et à faire de la saisie et de la confiscation « un véritable instrument de réparation, de dissuasion et de justice sociale ».
Dans sa feuille de route, Mohamed Diawara a promis de « consolider la gouvernance interne de l’Agence ; renforcer la formation continue du personnel ; moderniser les outils de gestion ; développer des partenariats dynamiques, tant au plan national qu’international ; déconcentrer les activités à travers la création d’antennes régionales ; et mettre en place une plateforme numérique accessible aux professionnels de la justice et aux justiciables. »
« Je déclare ici et maintenant que je demeure ouvert à toutes les critiques constructives, observations et suggestions émanant de mes collaborateurs, des institutions partenaires et de tous les acteurs engagés dans la même vision », a conclu le nouveau patron de l’AGRASC, appelant à la collaboration et à la transparence pour bâtir une institution solide et crédible.
Alpha Sény Camara dresse un bilan sans détour
Avant de passer le témoin, le directeur sortant, Alpha Sény Camara, a livré un discours empreint de franchise, saluant son successeur tout en dressant un bilan marqué par des défis persistants. « C’est difficile que tu travailles avec quelqu’un qui refuse de te comprendre et qui veut que vous alliez ailleurs pour justifier le sens de votre collaboration. Les juridictions les plus importantes en Guinée n’ont jamais rien envoyé ici. Encore que la loi leur commande de le faire », a-t-il regretté.
Alpha Sény Camara a dénoncé le manque de collaboration de certaines juridictions clés du pays, tout en souhaitant à Mohamed Diawara de disposer des moyens et des soutiens nécessaires pour accomplir pleinement sa mission : « Je souhaite que ce que je n’ai pas obtenu ici en termes de moyens pour que je puisse conduire à 100 % la mission qui m’a été confiée, je souhaite que lui, il ait ces moyens. Parce que dans la vie, nous sommes des hommes égaux, mais on n’a pas les mêmes relations. »
Le directeur sortant a également rappelé l’importance du rôle de l’AGRASC dans la lutte contre la corruption, l’enrichissement illicite et le blanchiment des capitaux : « Il faut que ce soit une arme fatale contre ces délinquants. Naturellement, ces délinquants ne sont pas des petits poussins. Ces délinquants sont parmi nous, ceux qui sont les grands. Acceptons de les combattre. C’était ça ma mission et je crois que j’ai dû l’accomplir. »
Revenant sur son bilan, Alpha Sény Camara a précisé que les montants évoqués durant son mandat, environ 300 milliards de francs guinéens, correspondaient aux fonds confisqués par voie judiciaire et non à des sommes directement perçues. « C’est des sommes techniques d’expertise, plus les fonds confisqués par voie de décision judiciaire », a-t-il expliqué, avant d’ajouter :
« J’avais besoin de communiquer parce qu’il fallait vendre l’image de l’AGRASC qui était une structure toute nouvelle qu’on ne connaissait pas. Et aujourd’hui, sauf ceux qui sont de mauvaise foi, nombreux savent ce que c’est que la grâce », a-t-il précisé.
Malgré les difficultés rencontrées, il a assuré partir sans amertume : « Je connais Monsieur Mohamed Diawara comme moi-même. Donc quand tu connais quelqu’un qui vient prendre ta place, j’avoue que c’est très simple parce que lui-même il te connaît. Donc la bonne foi est des deux côtés, ce qui permet à la machine de continuer. »
Abdoul Lory Sylla pour guinee7.com

