Censure

Du nouveau à l’OGP : Dérives hiérarchiques et règlements de comptes au sommet

Détournement présumés

Les remous se multiplient à l’Office guinéen de publicité (OGP) depuis l’acte d’insubordination du Directeur général adjoint (DGA), Jean Marie Soriba Coumbassa, qui s’est arrogé le droit de suspendre un travailleur sans en avoir les prérogatives légales. L’affaire, déjà embarrassante pour l’institution, prend désormais des allures de bras de fer interne.

Comme s’il voulait précipiter le désordre qu’il a lui-même initié, le DGA a requis l’intervention des enquêteurs de l’ORDEF sur la fameuse “parenthèse MTN”, alors qu’il est le premier signataire de la facture pro forma à la base de l’opération financière. Montant en jeu ? 900 millions 756 mille francs guinéens au titre des redevances publicitaires. Ironie du sort, celui-là même qui a validé le document se plaint aujourd’hui de son insuffisance. Son argument, pour le moins déroutant : « Je ne savais pas » avant de signer. Une défense qui interroge sur le niveau de responsabilité et la rigueur administrative au sein de l’institution.

Pendant ce temps, les agents de l’ORDEF, visiblement enclins à suivre la ligne du DGA, ont convoqué le directeur de la Prospection et du Marketing — le même que le DGA avait illégalement suspendu avant l’annulation de cette mesure par la hiérarchie — ainsi que le Directeur administratif et financier (DAF), pourtant non concerné par la phase commerciale. Le paradoxe est frappant car le principal signataire du dossier, le DGA lui-même, reste à l’écart de toute investigation. Comme si le plaignant, même compromis, avait toujours raison.

L’incongruité ne s’arrête pas là. Les redevances publicitaires, faut-il le rappeler, sont établies sur la base des déclarations des entreprises elles-mêmes. Lorsque l’OGP constate une fausse déclaration, il procède à une refacturation et exige un redressement. Par exemple, une société peut déclarer 20.000 panneaux l’année précédente, puis 13.000 l’année suivante suivant ses difficultés ; un croisement de données permet alors d’ajuster la facture définitive. C’est ce mécanisme de régularisation qui est actuellement à la base d’un différend entre l’OGP et Guinée Games. Autrement dit, rien d’anormal, rien qui justifie une tempête administrative ou une enquête ciblée. Pas de quoi fouetter un chat, quoi !

Dès lors, une question brûle toutes les lèvres à l’OGP : à quoi joue le DGA ?

Cherche-t-il à fragiliser son Directeur général, Aladji Cellou, ou ambitionne-t-il ouvertement de le remplacer ? Les travailleurs, eux, observent la scène avec inquiétude. Car sous la direction actuelle, les progrès sont indéniables : en décembre 2024, l’OGP ne disposait que de 146.000 GNF dans ses caisses — une misère symbolique — contre plusieurs milliards aujourd’hui. Les salaires sont désormais payés régulièrement, les arriérés ont été épongés et la structure a retrouvé une stabilité inespérée.

Difficile, dans ces conditions, de comprendre l’agitation d’un DGA qui met en péril la cohésion interne pour une affaire qu’il a lui-même initiée et validée. D’autant que, selon plusieurs sources internes, si enquête il devait y avoir, elle devrait plutôt se pencher sur les mouvements suspects de centaines de millions transitant régulièrement sur les comptes privés du DGA. Ce serait là un test de cohérence pour le Chef de l’État, le Général Mamadi Doumbouya, connu pour sa fermeté face à la corruption. L’ancien directeur de l’OGP, Mandian Sidibé, aujourd’hui incarcéré pour détournements présumés, pourrait en témoigner.

Cette autre crise à l’OGP n’a rien d’un simple différend administratif. Elle est symptomatique de la lutte latente entre deux logiques, celle de la refondation et de la transparence, incarnée par une direction générale soucieuse de redresser l’institution, et celle de la convoitise interne, portée par des cadres qui confondent mission publique et intérêts personnels. Si le gouvernement veut préserver les acquis de la réforme en cours, il devra agir vite et fermement.

Abdoul Sylla pour guinee7.com