Censure

Guinée – Crise à la SEG : les employés dénoncent l’inégalité et le blocage du dialogue social

Les travailleurs et travailleuses de la Société des Eaux de Guinée (SEG) se sont fait entendre ce vendredi 7 novembre à Sangoyah. Ils dénoncent une situation sociale qu’ils jugent préoccupante au sein de leur entreprise et interpellent directement le président de la République, le Général Mamadi Doumbouya, à travers un mémo adressé à sa haute attention.

Dans ce document, lu par Fatoumata Camara, les employés affirment que la cohésion interne et la stabilité du climat de travail sont aujourd’hui menacées. Ils rappellent que le mandat du bureau syndical de la SEG est arrivé à expiration depuis mars 2025, sans qu’aucune élection n’ait été organisée, malgré plusieurs correspondances de la CNTG adressées à la direction générale. « Conformément aux dispositions légales, le Secrétaire général de la CNTG a saisi à plusieurs reprises la direction générale afin de permettre l’organisation des élections syndicales. Cependant, malgré quatre correspondances officielles, dont la dernière en date du 28 octobre 2025, aucune suite n’a été réservée et le processus démocratique interne demeure bloqué », peut-on lire dans le mémo.

Les travailleurs dénoncent également une inégalité salariale au sein de la société. « Une augmentation salariale exceptionnelle estimée à 120% a été accordée en mai 2022 au directeur général, aux directeurs généraux adjoints, à trois directeurs centraux ainsi qu’à d’autres directeurs opérationnels, soit environ 22 personnes. Pendant ce temps, pour 680 travailleurs, des sous-directeurs aux agents d’exécution, aucune revalorisation salariale n’a été accordée », souligne le document.

Selon eux, cette situation alimente une frustration croissante et un sentiment de marginalisation, alors même que ces agents assurent la continuité du service public de l’eau, un secteur vital pour la population.

Les signataires affirment que leur démarche n’a pas pour but de perturber la distribution de l’eau, mais plutôt de défendre la justice et la dignité du travail. Ils formulent trois principales demandes : «  l’organisation des élections syndicales sous la supervision des institutions compétentes, la révision équitable de la politique salariale afin de garantir une répartition juste des avantages, l’ouverture d’un dialogue social franc et responsable entre la direction, la CNTG et les représentants légitimes des travailleurs. »

Sur le terrain, les employés expriment ouvertement leur ras-le-bol. Mamadouba Camara, agent de zone, déclare : « si la situation ne change pas, nous sommes libres, comme quand nous avons signé notre contrat à la Société des Eaux de Guinée de dire que nous ne pouvons pas continuer le travail à la SEG avec le salaire bas. »

Et d’ajouter : « en tant que la situation n’est pas améliorée, nous continuons la grève. À travers les médias, nous profitons pour nous faire entendre par l’autorité guinéenne. On n’a pas un moyen d’aller rencontrer le Président de la République, la Direction même ne nous regarde pas. »

Les travailleurs de la SEG disent espérer que les plus hautes autorités du pays entendront leur cri afin qu’une solution juste et durable soit trouvée.

Abdoul Lory Sylla pour guinee7.com