Recalé de la course à la présidentielle du 28 décembre, Thierno Yayah Diallo, président du parti Guinée moderne, dénonce une manœuvre orchestrée au sommet de la justice. Lors d’une conférence de presse tenue ce jeudi 13 novembre 2025 à Taouyah, le candidat malheureux a fustigé un « coup judiciaire », accusant la Cour suprême d’avoir écarté sa candidature sous un prétexte qu’il juge « absurde » : une simple histoire de trombone.
“Ce n’est pas de la justice, c’est un coup judiciaire.”
Face aux journalistes, Thierno Yayah Diallo n’a pas mâché ses mots. Selon lui, la Cour aurait disqualifié son dossier en invoquant une pièce manquante, alors que toutes les pièces exigées avaient, affirme-t-il, été déposées, signées et enregistrées en bonne et due forme. « Ce qui s’est passé hier n’est pas le droit. Ce n’est pas de la justice. C’est un coup judiciaire commis en plein jour. La Cour suprême a disqualifié ma candidature sous prétexte d’un document manquant, alors que ce document avait été déposé, signé, cacheté et enregistré par la Cour elle-même », a déclaré le leader de Guinée moderne, documents à l’appui.
Pour étayer ses accusations, il a présenté plusieurs copies de pièces justificatives qu’il dit provenir du greffe de la Cour.
Une histoire de trombone qui fait polémique
D’après Thierno Yayah Diallo, les responsables de la cour auraient reconnu la présence de tous les documents dans son dossier, avant de justifier le rejet par un défaut de présentation : les photos d’identité n’auraient pas été “trombonnées” à la fiche d’identification. « Après étude du dossier, la Cour revient et nous informe qu’ils ont bien reçu tous les documents, y compris la fiche et les photos d’identité. Mais que, malheureusement, les photos d’identité n’étaient pas trombonnées à la fiche d’identification. Voici ma fiche d’identification, voici mes photos. Apparemment, cette trombonne a quitté, et maintenant je ne suis plus identifiable ».
Et d’ajouter : « Cette trombonne a dû avoir quitté au niveau du greffe, parce que moi je l’ai bien déposée comme ça. Et nous avions toutes les évidences que j’ai aussi déposé ce document. Voici le document que j’ai reçu de la greffe le 3 novembre à 17 h 42, et le dernier point ici, le numéro 15, c’est ma fiche d’identité. Alors, nous avions déposé tous les documents, nous avons déposé une fiche d’identification correcte et une photo d’identité qui peut m’identifier. Alors pour nous, ce n’est pas une erreur, ce n’est pas un malentendu administratif, c’est un acte délibéré d’exclusion maquillée en procédure. »
Pour le président de Guinée moderne, cette justification est le signe d’une volonté manifeste d’écarter certains candidats, sous couvert de légalité.
“Nous allons tout publier.”
Estimant que le processus électoral a été biaisé, Thierno Yayah Diallo annonce une riposte politique et citoyenne. Il promet de rendre publiques toutes les preuves de ce qu’il considère comme une machination judiciaire. « Guinée Moderne répondra avec dignité, discipline et vérité. » Nous publierons chaque document que nous avons, chaque récipient et chaque page. Et nous appellerons tous les autres partis politiques qui se sentent exclus de ce processus à se joindre à nous et à publier tous les documents qu’ils ont pour montrer à la face du monde que les procédures ont été biaisées au niveau de la Cour suprême », a-t-il averti.
Vers un recours à la Cour de justice de la CEDEAO
Sur le plan légal, le dossier ne devrait pas s’arrêter là. Thierno Yayah Diallo dit avoir consulté ses avocats pour porter l’affaire devant la Cour de justice de la CEDEAO. « La possibilité d’atteindre la cour de la CEDEAO n’est pas exclue dans les prochaines étapes », a-t-il confirmé.
Son avocat, Me Mamoudou Sané, précise que les démarches sont déjà engagées et que la procédure pourrait viser l’État guinéen pour violation des droits politiques. « Nous allons engager la procédure internationale. La réparation doit être pécuniaire. Imaginez les dépenses engagées pour une campagne présidentielle et le choc moral subi du fait du rejet illégal de la candidature. « Ce préjudice sera évalué et imputé à l’État guinéen », a expliqué Me Sané.
Une caution de 900 millions toujours en attente
Concernant la caution électorale de 900 millions de francs guinéens, le président de Guinée moderne a précisé qu’il n’avait pas encore introduit la demande de remboursement, rappelant que la loi électorale prévoit un délai de sept jours pour cette restitution.
Abdoul Lory Sylla pour guinee7.com

