
Le tribunal de première instance de Dixinn a ouvert, ce lundi 24 novembre 2025, l’examen d’une affaire qui avait créé un vif émoi une semaine plus tôt dans la presqu’île de Kaloum. Au banc des prévenus, Oumar Keita, poursuivi pour mise en danger de la vie d’autrui, rébellion et refus d’obtempérer, des faits survenus le 17 novembre aux alentours de 22 heures, à hauteur du pont 8 Novembre.
Ce soir-là, les forces de sécurité procèdent à des contrôles routiers lorsqu’un véhicule, conduit par Keita, attire leur attention. Selon le rapport initial, le chauffeur aurait ignoré l’injonction des agents. Pour stopper sa progression, le gendarme Oumar Kanté tire alors à deux reprises en direction des pneus.
Version du prévenu : une fuite sous l’effet de la peur
À la barre, Oumar Keita admet que son véhicule a été atteint par des projectiles, mais conteste toute volonté de se soustraire au contrôle. Il affirme s’être retrouvé dans une situation qu’il décrit comme intimidante.
« Quand je suis arrivé au barrage, l’agent m’a dit de m’arrêter. Je suis descendu, j’ai ouvert le coffre, il a fouillé, puis il m’a dit de continuer. Dès que j’ai engagé la vitesse, un agent a surgi brusquement devant moi et m’a pointé l’arme. J’ai eu peur, j’ai tremblé. Mon pied étant sur l’accélérateur, je n’ai pas pu maîtriser la voiture. Je me suis enfui. Il m’a pourchassé, et arrivé au carrefour de la FEGUIFOOT, il a tiré sur mes pneus. J’ai continué par peur, et un peu avant le carrefour d’Ignace Deen, je me suis garé. »
Interrogé sur le fait qu’il ne se soit pas arrêté aux autres points de contrôle, il justifie :
« D’habitude, quand on me contrôle au premier barrage, je continue. Pour moi, le contrôle était terminé. »
Le prévenu confirme également détenir un permis valable depuis 2024 et circuler ce soir-là en compagnie de son patron et de quelques amis.
Déclaration de l’agent : une poursuite nécessaire
Face au tribunal, le gendarme Oumar Kanté présente une tout autre lecture de la scène. Il affirme que le conducteur n’a jamais marqué l’arrêt, malgré ses sommations.
« Au pont 8 novembre, il y a deux dispositifs de contrôle. Quand il est arrivé, il a dépassé de 25 mètres notre équipe d’infiltration. Il a continué vers le contrôle des motards. J’ai crié “halte !”, mais il ne s’est pas soumis. Mon binôme et moi avons pris une moto pour le poursuivre. Au carrefour de la FEGUIFOOT, je lui ai dit de s’arrêter. Il a refusé et a tenté de me percuter. J’ai tiré sur les pneus pour l’empêcher d’avancer. Il a finalement compris que la voiture ne pouvait plus rouler et s’est garé. »
Sur l’accusation de menace avec arme, l’agent rejette catégoriquement les propos du prévenu :
« Personne ne l’a braqué avec une arme. J’ai tiré parce que je ne connaissais pas ses intentions, et je ne savais pas qui se trouvait dans la voiture, les vitres étant teintées. »
Réquisitions, plaidoiries et verdict attendu
Au terme des auditions, le juge Mohamed Sangaré déclare les débats clos. Le procureur Sidiki Camara requiert alors un mandat de dépôt à l’encontre de Keita, assorti d’une peine de deux ans d’emprisonnement et d’une amende d’un million de francs guinéens.
À l’inverse, la défense, menée par Me Christophe Labilé Koné, sollicite la relaxe pure et simple, estimant les accusations infondées.
Le verdict est attendu pour le 1er décembre 2025
Cette affaire avait provoqué une vive inquiétude à Kaloum, les tirs ayant suscité des scènes de panique avant qu’un communiqué du Haut Commandement de la Gendarmerie nationale ne vienne calmer la population.
Abdoul Lory Sylla pour guinee7.com

