Au lendemain de la publication des résultats provisoires par la Direction générale des élections (DGE), Abdoulaye Yero Baldé, candidat du Front démocratique de Guinée (FRONDEG), est monté au créneau. Face à la presse, ce mercredi 31 décembre, au siège du parti à Lambanyi, il a vigoureusement dénoncé des chiffres qu’il juge non conformes à la volonté populaire, tout en prônant une démarche institutionnelle et pacifique.
Selon le candidat du FRONDEG, les résultats officiels annoncés ne reflètent pas la réalité issue des urnes : « les résultats officiels annoncés nous placent en deuxième position. Mais je dois vous dire la vérité telle qu’elle est : ces chiffres ne reflètent pas votre volonté. Nous choisissons la responsabilité plutôt que la confrontation. Nous choisissons la fermeté dans la vérité, mais aussi le dialogue plutôt que la violence. Nos équipes juridiques sont déjà mobilisées pour engager les recours nécessaires auprès de la Cour suprême. »
Malgré ce qu’il qualifie de « résultats fabriqués », Abdoulaye Yero Baldé se veut confiant quant au poids politique de sa formation. Il estime que les chiffres issus du terrain consacrent le FRONDEG comme une alternative majeure sur l’échiquier politique national : « ces résultats fabriqués ne nous affaiblissent pas. Ceux issus réellement des urnes clarifient la réalité politique de notre pays. Ils établissent publiquement une évidence : nous représentons aujourd’hui le principal choix civil, la principale alternative, celle autour de laquelle des millions de Guinéens se sont levés avec courage et dignité. »
Conscient toutefois des tensions que peut engendrer une contestation électorale, le candidat affirme refuser toute logique d’affrontement. Il insiste sur la responsabilité qui accompagne, selon lui, le soutien populaire revendiqué par son camp : « avec ce soutien vient une responsabilité. Nous mesurons pleinement les attentes placées en nous, ainsi que les risques auxquels notre pays est confronté. Et c’est précisément pour cela que nous le disons avec gravité : nous n’appellerons pas notre peuple à se mettre en danger. Notre lutte est politique ; elle est stratégique ; elle est tournée vers la construction, pas vers la destruction. Diriger, c’est savoir quand la pression existe et savoir quand ne pas la relâcher, sans jamais sacrifier des vies. »
Interrogé sur la conduite à tenir si la Cour suprême venait à valider les résultats provisoires, Abdoulaye Yero Baldé appelle à la patience et au respect des procédures légales : « on attend d’abord l’avis de la Cour suprême puisque nous allons la saisir ces jours-ci. Parce que nous avons 72 heures. En ce moment, on avisera. »
Quant à l’éventualité d’une participation à un gouvernement d’union nationale, en cas de main tendue des autorités, le candidat reste prudent : « au moment opportun, on en discutera. »
Sur les accusations de fraude électorale, Abdoulaye Yero Baldé affirme disposer de plusieurs éléments concordants recueillis avant, pendant et après le scrutin : « avant le vote, nos responsables dans les différentes régions ont été victimes de pressions, d’agressions si on peut le dire comme ça. Je prends le cas de Kissidougou, il a fallu que moi-même j’appelle la Direction générale des élections pour intimer aux maires qui mettaient une certaine pression sur notre fédéral pour ne pas qu’il fasse son travail correctement. La même chose à Télimélé, Tougué (…) Avant et après les élections, les bourrages d’urnes et aussi nos délégués qui ont été empêchés d’aller dans les CACV. »
Il évoque également des violations présumées du Code électoral, notamment en ce qui concerne la représentation des partis dans les Commissions administratives de centralisation des votes (CACV) : « vous savez, l’article 105 du Code électoral dit qu’il y a une répartition par tirage au sort. Mais là où on n’est pas représenté, on a le choix d’envoyer un observateur à nos propres frais. À Siguiri par exemple, il a été refoulé dans une des salles de la CACV. »
En conclusion, Abdoulaye Yero Baldé précise que les avocats du FRONDEG sont déjà à pied d’œuvre pour analyser l’ensemble des éléments avant la saisine de la Cour suprême : « nos avocats vont regarder de très près avant de saisir la Cour suprême. Nos équipes sont en train de compiler. Mais sur la base de ce que nous avons reçu déjà, le travail fait par la direction de campagne, nous attendons en tout cas des infos. »
À travers cette prise de parole, le candidat du FRONDEG affirme ainsi sa détermination à contester les résultats par les voies légales, tout en se positionnant comme un acteur prônant la stabilité et le respect des institutions.
Abdoul Lory Sylla pour guinee7.com
