La pratique de la prostitution, décrite comme l’un des plus vieux métiers du monde, soulève de nombreuses questions juridiques et sociales en Guinée. Dans un entretien accordé à notre rédaction ce lundi 5 mai, Mamadou Diakité, juriste consultant, a fait le point sur le cadre légal entourant cette activité dans le pays.
Dans l’imaginaire collectif, la prostitution reste un sujet tabou, souvent marginalisé, mais bien réel dans de nombreuses sociétés, y compris en Guinée. Si le terme « travailleur du sexe » est de plus en plus utilisé dans le langage courant, il n’a, selon Mamadou Diakité, aucune reconnaissance juridique en droit guinéen.
« D’abord, pour des soucis de précision, il faut savoir que l’expression travailleur de sexe ne désigne pas juridiquement un métier reconnu par la loi », affirme-t-il. Cependant, il précise que la prostitution en tant que pratique individuelle n’est pas une infraction en République de Guinée. Autrement dit, le fait pour une personne, homme ou femme, d’avoir des rapports sexuels en échange d’une rémunération n’est pas puni par la loi.
Proxénétisme : un acte réprimé
La nuance essentielle réside dans la distinction entre prostitution et proxénétisme. « Le proxénète, c’est celui qui organise la prostitution d’autrui dans un but lucratif », explique le juriste. Cela inclut, par exemple, la gestion de maisons closes ou la contrainte de personnes à se prostituer pour en tirer un profit personnel. Ces pratiques sont formellement interdites et sanctionnées par le droit guinéen.
La présence sur la voie publique : un flou juridique
Quant à la présence visible de personnes soupçonnées de se livrer à la prostitution sur la voie publique, la législation reste floue. « Le fait qu’un groupe de jeunes filles s’arrête quelque part ne constitue pas nécessairement une infraction », précise Mamadou Diakité. Tant que ces rassemblements n’occupent pas illégalement un espace privé ou ne troublent pas l’ordre public, aucune disposition légale ne les interdit.
Tenue vestimentaire et limites légales
Autre point de discussion : l’apparence vestimentaire des personnes soupçonnées de se livrer à la prostitution. La loi guinéenne ne fixe pas de code vestimentaire, mais elle encadre certains comportements sous l’angle de l’ »outrage à la pudeur ». « Il s’agit par exemple d’exhiber ses parties intimes en public », indique le juriste. En revanche, porter une minijupe ou un haut décolleté, aussi suggestifs soient-ils, ne constitue pas en soi une infraction.
L’outrage à la pudeur, selon Diakité, est défini comme « tout comportement de nature à heurter la sensibilité du public ». Cela peut inclure des actes tels que se dénuder partiellement ou complètement dans un lieu public, mais pas le simple fait de s’habiller de manière jugée provocante.
Bhoye Barry pour guinee7.com