Trois individus sont accusés d’avoir escroqué au moins 30 candidats au Hajj 2025. Ils devront répondre de leurs actes devant la justice à partir de ce lundi, dans une affaire qui suscite une vague d’indignation.
Rencontrés dans la soirée du vendredi 16 mai au tribunal de première instance de Mafanco, plusieurs hommes et femmes, en majorité âgés, réclament justice. Parmi eux, Mohamad Ramadane, la soixantaine, a accepté de témoigner de leur mésaventure.
« Cela fait maintenant trois mois que nous avons remis nos passeports. Dès les premiers instants, certains écarts de langage de la part des organisateurs m’ont inquiété, car la manière dont les choses se déroulaient n’était pas normale. « À chaque fois que nous posions des questions concernant nos passeports, ils nous répondaient que les visas étaient en cours de traitement », a-t-il confié.
Il poursuit, dénonçant les irrégularités dans le processus : « Avec le temps, nous avons constaté un écart considérable entre le traitement réservé aux pèlerins inscrits via d’autres agences et celui dont nous faisions l’objet. Nous avons vu que d’autres candidats au pèlerinage se réunissaient régulièrement au centre islamique, d’où ils embarquaient dans des bus à destination de l’aéroport. En ce qui nous concerne, après de multiples tergiversations, on nous a simplement demandé de nous présenter à l’aéroport à 4 heures du matin. Lorsque les responsables en possession de nos documents sont arrivés, ils nous ont recommandé de dire que nous nous rendions en Côte d’Ivoire, au cas où on nous interrogerait. Une fois les passeports remis, j’ai pris le temps de les vérifier et j’ai constaté avec stupeur qu’aucun visa n’y figurait. Au poste de contrôle, après vérification, les autorités nous ont informés que notre voyage n’était pas légal. Lorsqu’on nous a demandé notre destination, certains ont répondu la Côte d’Ivoire, d’autres ont parlé du Ghana. Face à cette confusion, j’ai pris la parole pour déclarer que nous nous rendions en Arabie saoudite pour accomplir le hadj. Les agents ont alors saisi nos passeports, au nombre de 29 ou 30. Pour ma part, j’ai refusé de mentir, car je considère qu’on ne peut se rendre au hadj en dissimulant la vérité », a relaté M. Mohamed.
Interrogé sur le montant déboursé pour le voyage, un vieil homme a indiqué : « Personnellement, j’ai versé 65 millions de francs. D’autres ont donné des montants encore plus élevés. J’ai confié mon argent à un certain Ciré. Ils sont trois à organiser cela, tous résidant en Guinée. »
Quant au déroulement de la procédure judiciaire, il explique : « L’aéroport international Ahmed Sékou Touré, lors de l’interrogatoire, les organisateurs n’ont pas su se justifier. Après cela, nous avons été conduits à la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), où nous avons passé trois jours. Ce vendredi, on nous a informés que nous serions convoqués au tribunal de première instance de Mafanco, et que les trois responsables ainsi que nos documents y seraient transférés. Mais, à notre arrivée, nous avons appris qu’ils s’étaient déjà retirés. L’audience a donc été reportée à lundi prochain. »
Il révèle également : « Nous avons appris que ces individus ont l’habitude d’envoyer clandestinement des pèlerins à la Mecque, grâce à une complicité dont la tête dirigeante se trouverait en Arabie saoudite. »
Aujourd’hui, ces citoyens ne réclament qu’une seule chose : être rétablis dans leurs droits. « Aujourd’hui, mon souhait le plus cher est d’accomplir le pèlerinage à la Mecque. Je suis conscient que cela ne sera probablement pas possible cette année. C’est pourquoi je sollicite humblement l’intervention des autorités, notamment celle du Président de la République, le général Mamadi Doumbouya, ainsi que celle du secrétaire général aux affaires religieuses, afin qu’ils nous aident à récupérer les sommes que nous avons versées. Ainsi, nous pourrons envisager de repartir l’année prochaine. Nous sommes des citoyens qui aspirons à prier pour notre pays et notre nation. Nous sommes aujourd’hui victimes d’un réseau d’escroquerie. Nous demandons donc aux autorités de ne pas nous abandonner entre les mains de ces individus malveillants, et de nous épargner un long procès pour que justice soit rendue rapidement », a-t-il confié.
Abdoul Lory Sylla pour guinee7.com