Censure

Grève explosive à la BCRG. Du mot de trop au départ de trop

C’est un fait sans précédent dans l’histoire de la Banque centrale de la République de Guinée : ses travailleurs entament, dès ce mardi, une grève générale et illimitée. Un signal d’alarme fort, adressé à la gouvernance de Karamo Kaba, accusée d’avoir démantelé plusieurs acquis sociaux pourtant essentiels au personnel.

En première ligne des griefs figure la suppression du droit à l’évacuation sanitaire, considéré comme un filet de sécurité vital. Ce retrait est perçu comme une rupture brutale du contrat moral entre l’institution et ses agents. Pour beaucoup, c’est la goutte d’eau de trop. D’autant que le gouverneur Kaba, loin d’apaiser les tensions, aurait tenu des propos jugés provocateurs devant les autorités du ministère du Travail, déclarant que même sa propre mère, victime d’un accident, n’avait pas eu droit à une évacuation sanitaire dans son ancien service. Une comparaison malvenue, vécue par les syndicalistes comme une tentative de banaliser leur souffrance.

Mais l’incident qui cristallise la rupture de confiance est survenu au cœur des négociations. Alors que le préavis de grève touchait à son terme et que les discussions étaient en cours, le gouverneur a quitté le pays. Plus grave encore : il a emporté dans ses valises son négociateur en chef. Pour les représentants syndicaux, cette fuite en avant illustre une « mauvaise foi manifeste » et un profond mépris à l’égard des travailleurs.

À la veille de l’arrêt des activités, le syndicat va  officiellement déposer un avis de grève illimitée. Contacté pour réagir à ces informations, le gouverneur Kaba n’a pas répondu à nos sollicitations.

Dans une institution aussi stratégique que la Banque centrale, où la moindre secousse peut avoir des répercussions économiques majeures, cette grève constitue un avertissement clair : les travailleurs ne comptent plus se taire. Leur mot d’ordre est sans équivoque : la restauration immédiate des acquis, ou la paralysie du cœur financier du pays.

Le silence de la direction devient, une prise de position. Tout comme celui des autorités de la Transition.

Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com