Il devient de plus en plus difficile de contenir son indignation face à la prolifération de mouvements de soutien aux actions du CNRD. Se taire dans un tel contexte reviendrait à cautionner silencieusement les dérives d’un régime qui semble, peu à peu, s’éloigner des idéaux proclamés à l’aube de la transition.
La Guinée, meurtrie par des décennies d’errements politiques, mérite mieux que cette répétition tragique de son histoire. Il est temps, collectivement, de tirer les leçons du passé, d’apprendre de nos erreurs et de cesser de compromettre l’avenir du pays au profit d’intérêts personnels, éphémères et égoïstes.
Sous couvert de « marches de la paix », des initiatives à l’apparence citoyenne s’organisent dans les grandes villes du pays. En réalité, elles portent en filigrane un objectif clair : encourager une éventuelle candidature du Général Mamadi Doumbouya à l’élection présidentielle. Une perspective qui entre en contradiction flagrante avec les engagements initiaux du président de la transition, qui avait solennellement déclaré : « Ni moi ni aucun membre du CNRD ne se présentera aux élections. »
Mais au fil des mois, la tentation de la confiscation du pouvoir semble avoir gagné le chef de l’État. La presse est muselée, la société civile réduite au silence, et la classe politique profondément divisée. L’opacité qui entoure le calendrier électoral n’augure rien de rassurant quant à l’issue de la transition.
L’histoire récente de notre pays devrait pourtant servir de boussole. En 2009, le capitaine Moussa Dadis Camara avait cédé à la même tentation : ôter sa tenue pour briguer le pouvoir. Le résultat fut tragique : plus de 150 morts et une centaine de femmes violées, selon les ONG de défense des droits de l’homme, lors du massacre du 28 septembre, des traumatismes encore vifs dans la mémoire nationale.
Plus récemment, le professeur Alpha Condé, fort de « quarante ans de lutte » politique, avait fait sauter les verrous constitutionnels pour s’adjuger un troisième mandat. Une manœuvre qui a plongé la nation dans une grave crise politique et sociale, scellant ainsi le sort de son régime.
Il est urgent de mettre fin à ce cycle infernal. La Guinée doit retrouver sa dignité, sa stabilité et sa place dans le concert des nations. Elle doit cesser d’être la risée de ses voisins, prisonnière de ses propres contradictions.
À Monsieur Mamadi Doumbouya, il n’est pas trop tard pour redresser la barre. Refusez les chants flatteurs de certains cadres aux desseins inavouables. Achevez cette transition avec honneur, en respectant vos engagements : organiser des élections libres, crédibles et inclusives. C’est à ce prix que votre nom pourra s’inscrire dans l’histoire non pas comme un homme de plus assoiffé de pouvoir, mais comme un dirigeant éclairé, à l’image des grands symboles africains de la sagesse et de la rédemption.
Les peuples ont connu des « Amin Dada ». Ils espèrent encore croiser un « Mandela ».