Censure

Une école pour demain : la Guinée trace sa voie dans la formation industrielle

Un pas décisif vient d’être franchi dans la quête de la Guinée vers une industrialisation maîtrisée et durable. La deuxième session du Comité de Pilotage du Partenariat Public-Privé pour le Développement (PPPD) s’est tenue ce mercredi 25 juin, au Centre national de Perfectionnement à la Gestion (CNPG) à Donka. À l’ordre du jour : donner une impulsion déterminante au projet de création de l’École de Formation aux Métiers de l’Alumine de Guinée (EFAG), pierre angulaire d’une politique ambitieuse de professionnalisation nationale.

Derrière cette initiative, un trio stratégique : le gouvernement guinéen, l’Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel (ONUDI), et le géant industriel Altéo Smart Alumina. Ensemble, ils veulent répondre à une problématique criante : le manque de main-d’œuvre qualifiée dans les métiers techniques liés au secteur de l’alumine, pourtant en plein essor.

Former pour bâtir : l’État en première ligne

C’est Aminata Kaba, ministre en charge de l’Enseignement technique, qui a donné le ton en ouvrant les travaux. L’enjeu, selon elle, dépasse le simple cadre d’un projet de formation : il s’agit de jeter les bases d’une véritable infrastructure de compétences adaptée aux besoins industriels réels.

« La tenue de cette deuxième session revêt une importance particulière, car elle permettra d’évaluer la mise en œuvre effective des recommandations de la première session […] de préparer la mobilisation des financements complémentaires pour la phase principale du projet », a-t-elle déclaré. Autrement dit, cette réunion ne devait pas seulement faire le point, mais impulser le mouvement.

La ministre a également mis l’accent sur la nécessité de passer rapidement à l’opérationnel : finalisation des curriculums, conception du matériel pédagogique, sélection des formateurs et des apprenants. « Il est important d’accélérer les étapes clés suivantes […] on est en train de mettre la pression sur le côté technique pour que cela puisse être réalisé », a-t-elle insisté, soulignant l’urgence d’un démarrage effectif dès la prochaine rentrée.

L’ONUDI : partenaire d’un changement structurel

Face à un tissu industriel en mutation, l’ONUDI confirme son rôle de catalyseur de projets de transformation en Afrique de l’Ouest. Pour son représentant en Guinée, Ansoumane Bérété, l’EFAG est bien plus qu’un centre de formation : c’est une réponse stratégique à une pénurie de compétences qui freine l’industrialisation.

« La création de l’EFAG est une avancée majeure. Elle ouvre la voie à la formation d’une main d’œuvre hautement qualifiée […] Le projet illustre l’engagement constant de l’ONUDI à accompagner nos États membres dans la valorisation de leurs ressources », a-t-il expliqué. Il a en outre rappelé que l’avenir de cette ambition passera par la capacité à réunir des fonds, publics comme privés, à la hauteur des enjeux.

Altéo : des promesses d’emplois à concrétiser

Côté secteur privé, Altéo Smart Alumina, à travers la voix de Cécile Wazni, a réaffirmé son implication. L’entreprise, en charge du développement d’une importante raffinerie à Kamsar, anticipe déjà ses futurs besoins en ressources humaines.

« Nous sommes profondément engagés dans cette initiative […] notre raffinerie entre désormais dans sa phase active avec plus de 850 postes à pouvoir », a-t-elle confié, soulignant que le lancement de l’EFAG est intimement lié à la montée en puissance des opérations industrielles d’Altéo en Guinée.

Former oui, mais aussi transformer

Si le projet suscite un enthousiasme partagé, certains membres du gouvernement ont tenu à rappeler que cette école ne devait pas être pensée comme un outil ponctuel. La ministre de l’Environnement, Djami Diallo, a recentré les débats sur la nécessité de faire de l’EFAG un vecteur de transition écologique.

« Il est important de noter que la transition écologique offre de nouvelles opportunités de création d’emplois verts […] Alteo est en effet reconnue pour son savoir-faire dans l’exploitation et la gestion des résidus de bauxite », a-t-elle soutenu, appelant à arrimer le projet aux engagements nationaux de développement durable.

Un point également martelé par Alpha Bacar Barry, ministre de l’Enseignement supérieur, pour qui cette initiative ne saurait se limiter aux besoins d’un opérateur privé : « L’objectif pour nous, c’est de créer des centres d’excellence dans d’autres domaines […] Si on crée un mécanisme de formation juste pour satisfaire les besoins de l’Alteo, on aura échoué », a-t-il affirmé, en appelant à un modèle pérenne, reproductible et intégré à la vision “Simandou 2040”.

L’EFAG : plus qu’un projet, une promesse de transformation

Si tout se déroule comme prévu, les premiers diplômés de l’École de Formation aux Métiers de l’Alumine devraient intégrer les installations industrielles d’Altéo à Kamsar dès l’entrée en fonction de la raffinerie. Mais au-delà des chiffres et des échéances, c’est un nouveau paradigme que la Guinée tente de construire : une économie fondée sur la compétence, la durabilité et l’inclusion.

Abdoul Lory Sylla pour guinee7.com