Un nouveau drame a frappé le quartier Matam Lido, situé dans la commune de Matam. Dans la soirée du mardi 1ᵉʳ juillet 2025, le corps dénudé d’un jeune homme, âgé d’une trentaine d’années, a été découvert en bord de mer.
Le lieu, souvent occupé par des jeunes toxicomanes vivant dans des baraquements de fortune, était complètement vide au moment de la découverte. Les vêtements du défunt, un t-shirt et un jean, ont été retrouvés posés sur un banc non loin du corps.
Alertés, les agents du commissariat central de Matam ainsi que ceux de la police technique et scientifique se sont rendus sur place. Malgré une enquête de voisinage, le jeune homme n’a pas pu être identifié. Après examen, le colonel Mohamed N’Diaye, responsable de la Police technique et scientifique, a indiqué qu’il : « s’agit d’un toxico, même si les raisons de son décès ne sont pas encore élucidées. »
Ce drame s’ajoute à un autre cas signalé dans la journée. Selon des témoignages, un autre corps avait été découvert plus tôt, mais aurait été transporté par des consommateurs de drogue avant l’arrivée des forces de l’ordre. Une situation qui provoque la colère des autorités locales.
Ousmane Camara, président du conseil du quartier Matam Lido, tire la sonnette d’alarme : « Encore un cas de mort. Ce n’est pas la première fois. À Matam, c’est devenu récurrent. Il y a ici une sorte de cartel de drogue, un véritable réseau, une association de jeunes qui se sont installés au bord de la mer, sur la côte. On a tout fait pour les faire partir, mais on n’a pas les moyens. Et à chaque fois, on se retrouve avec un nouveau cas de décès. »
Revenant sur les événements de la journée, il poursuit : « Ce matin, il y a encore eu un cas. Les enfants ont voulu récupérer le corps, mais ses amis, eux aussi toxicomanes (NDLR), l’ont fait disparaître. Et ce soir, en rentrant du travail, on m’informe qu’il y a un autre cas. Un jeune non identifié, allongé là… Franchement, on est déçus. On ne connaît pas encore les causes exactes, il ne faut pas se mentir. Mais ce qu’on sait, c’est que les jeunes sont abandonnés à eux-mêmes. »
Décrivant le mode de vie de ces jeunes, il ajoute : « Ils traînent tout le temps au bord de mer. Ils viennent de partout, se retrouvent ici pour consommer du chanvre indien, du Kush, toutes sortes de drogues. Personne ne les connaît vraiment. C’est un vrai problème. »
Face à la répétition des cas, la population locale est à bout. « Elle refuse que les corps soient enterrés ici. Ce n’est pas la première fois, on en est déjà à neuf ou dix cas. Et à chaque fois, on enterre sur place. Les imams se sont réunis pour dire clairement que c’est interdit. On m’a même appelé pour me le répéter : « C’est interdit ! » Mais moi, seul, je peux faire quoi ? »
Ousmane Camara regrette le manque de soutien concret de la part des autorités : « Quand les autorités viennent, elles disent que c’est à moi de gérer la situation. Mais moi, je ne peux pas garder un mort chez moi ! Il faut vraiment que vous m’aidiez. »
Il revient également sur un cas récent particulièrement choquant : « Il y a quelques jours à peine, un autre cas est survenu. On a enterré un corps, et après l’enterrement, la famille s’est manifestée en disant que c’était leur fils. Malheureusement, c’était déjà trop tard. »
Dans un message fort, il interpelle directement les jeunes : « Je veux m’adresser à la jeunesse : arrêtez de consommer ces drogues ! Ce sont des substances dangereuses, qui peuvent provoquer l’arrêt du cœur, détruire tous les organes, et entraîner la mort. Il faut que chacun se lève et interdise à ses enfants d’y toucher : ni au shit, ni au Kush, ni au chanvre indien, surtout que c’est souvent mélangé. »
Pour enrayer la spirale de la drogue et des morts anonymes, il propose une solution : « Nous sommes prêts à collaborer avec les forces de l’ordre. Il faut installer un poste avancé (PA). Il y a ici des accès qu’on pourrait bloquer. Si un PA est installé de manière durable, cela dissuadera ces jeunes. Parce que dès qu’ils voient des uniformes (NDLR : les agents des forces de l’ordre), ils ne viennent plus. Ils ont l’habitude de passer par trois embouchures, en se faufilant accroupis. »
Le corps a été transporté à la morgue pour des fins d’autopsie ou pour permettre à ses proches de se manifester.
Abdoul Lory Sylla pour guinee7.com