On dit souvent que l’argent n’a pas d’odeur. En Guinée, il n’a surtout pas d’adresse : on l’attend toujours dans un coin, on ne le voit jamais. Le gouverneur de la Banque Centrale, Karamo Kaba, avait pourtant sorti son calendrier de Père Noël le 2 juillet dernier. En nous promettant en août : 500 milliards ! Nous sommes la mi-août passée. Le miracle ne s’est pas réalisé.
L’argent promis pour soulager la crise de billets de banque s’est-il égaré en route ? Peut-être que le cargo est tombé en panne à mi-chemin ? Peut-être que les billets sont coincés à la douane ? Peut-être que les machines de l’imprimerie sont en panne ? Ou alors, soyons sérieux, peut-être que c’était juste un conte pour endormir les Guinéens, déjà anesthésiés par les files d’attente devant les guichets vides.
Pendant ce temps, les citoyens continuent de mendier… leur propre argent ! Dans les banques, on vous regarde comme si vous demandiez la lune quand vous réclamez 1 million de GNF. Chez Orange Money, c’est pire : les kiosques affichent rupture de stock. Oui, en Guinée, comme le fait remarquer le chroniqueur Ousmane Boh Kaba, on a inventé le concept unique au monde : la rareté de la monnaie dans un pays qui imprime sa propre monnaie. Une prouesse digne d’un prix Nobel d’économie… ou de magie.
Et tout cela se fait dans un silence assourdissant des autorités. Le gouverneur qui avait fait l’annonce contre toute orthodoxie en la matière, semble désormais se la couler douce. Circulez, y’a rien à voir ! De toute façon, la question, au fond, reste simple : à quand l’argent promis ? Parce qu’à force de promesses, la seule chose qui circule encore librement dans ce pays, ce n’est pas la liquidité… mais la galère.
Par Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com