Censure

Non, Le sieur Dabo, le silence aurait été plus éloquent

Pris de court par la tempête déclenchée par ses propos sur les portés disparus du FNDC, Taliby Dabo -en tout cas si l’audio qui circule est bien de lui- a choisi la pire des défenses : parler encore. Là où le silence aurait été une bouée de sauvetage, il a préféré s’offrir une longue séance d’auto-sabotage. Et comme toujours chez les maladroits, chaque phrase est une pelle qui creuse davantage la fosse où il s’enfouit lui-même.

Le voici donc en funambule improvisé : ‘‘Moi, je dis qu’ils sont en vie. L’autre dit qu’ils ne le sont pas. Chacun de nous a tenu des propos. Si le procureur doit se saisir de mes paroles, il doit aussi se saisir des leurs.’’ Habile ? Non. Car on ne parle pas ici de familles désespérées qui, faute de nouvelles, redoutent la mort de leurs proches. On parle de lui, Taliby, qui a affirmé, sans trembler, que les disparus vivent, mangent et dorment bien. Et ça, ce n’est pas une opinion : c’est une déclaration. Dans une enquête judiciaire, cela s’appelle une piste. Dans une démocratie, une bourde. Et dans une Transition fragile, une grenade dégoupillée entre les mains d’un ami trop bavard.

Non, Taliby Dabo n’est pas ce ‘‘simple citoyen’’ qu’il prétend être. C’est un acteur politique, allié revendiqué du pouvoir, avec des responsabilités et des micros toujours prêts à capter ses dérapages. Et quand il parle, il ne sert pas des ‘‘souhaits’’, mais des contradictions, des indices, et surtout la preuve éclatante qu’un silence maîtrisé vaut parfois mieux qu’un discours improvisé.

Pendant ce temps, les familles des disparus, elles, ne dorment pas bien, ne mangent pas bien, et ne s’habillent pas bien. Mais ça, le baron de Kankan a oublié de le préciser.

Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com