Censure

Rêve de CAN en Guinée : Et si on parlait d’infrastructures d’abord ?

La Guinée veut encore candidater pour organiser la CAN. Oui, encore. Après avoir perdu la CAN 2025, le pays revient à la charge, promettant cette fois-ci une « candidature sérieuse ». Sauf qu’à force d’entendre les mêmes refrains depuis des décennies, on finit par ne plus danser.

Soyons francs : comment peut-on parler d’accueillir la plus grande compétition du continent alors que notre équipe nationale n’a pas joué un seul match à domicile depuis plus de trois ans ? Trois ans ! Le Syli National erre de stade en stade à travers l’Afrique, comme une molosse sans niche. Comme on le dit chez nous : yagui nâra – une honte que personne ne veut assumer.

Pendant ce temps, on nous parle de huit stades à construire d’ici 2028, de routes, d’aéroports, d’hôtels et d’hôpitaux à bâtir. De beaux mots, oui. Mais des mots qu’on a déjà entendus et, malheureusement, trop de fois. Le pays devait être prêt pour 2025. Nous sommes en 2025, et il n’y a toujours pas un seul stade homologué par la CAF. La réalité, c’est qu’on est encore à la case départ.

Ce discours de « rattrapage » permanent devient lassant. On ne rattrape pas le temps perdu avec des communiqués et des cérémonies de lancement. On le rattrape avec des grues, du béton, de la rigueur et du travail. Or, la Guinée continue de vivre dans la promesse au futur. Tout est « en cours », « en étude », « en préparation ». Rien n’est fini, rien n’est fonctionnel.

Il faut dire les choses : ce pays n’a pas d’infrastructures sportives dignes de son rang. Les stades tombent en ruine, les terrains d’entraînement sont impraticables voire inexistants, et le football local survit tant bien que mal. Pourtant, à chaque nouvelle annonce, on nous parle de « volonté politique », de « vision présidentielle », de « plan stratégique ». Faut-il rappeler que lors des Assises tout le monde a été reçu sauf les sportifs, et ce, même les gérants de maquis ? Ce qu’il manque, ce n’est pas la vision. C’est la réalisation.

Alors oui, la Guinée peut rêver de la CAN 2033 ou de celle de 2035. Mais à condition qu’elle commence par réparer son propre football. Qu’elle redonne un stade à son équipe nationale, qu’elle redonne confiance à son peuple, qu’elle arrête de promettre pour mieux reculer. Parce qu’à ce rythme, la CAN restera pour longtemps encore… une promesse sans lendemain.

La CAN ne se gagne pas sur Facebook. Elle se gagne sur le terrain, avec des stades debout, pas des maquettes.

Par Alh Cheick