Censure

La Guinée, berceau oublié de la traite négrière : Paul Théa révèle la vérité sur les îles de Loos

L’écrivain et documentariste guinéen Paul Théa a présenté, ce samedi 4 octobre, son nouvel ouvrage intitulé La traite négrière au Rio Pongo. La cérémonie de dédicace s’est tenue dans les locaux de la Maison de la presse de Conakry, en présence de plusieurs acteurs culturels et journalistes.

Ce livre de 217 pages, enrichi d’illustrations et de cartes historiques, plonge le lecteur dans une partie méconnue du passé guinéen. L’auteur y retrace, selon ses propres mots, « l’histoire de la traite négrière pas seulement au Rio Pongo, parce que je parle du Rio Nunez, de Morya, de Soumbouya et de Bana, mais beaucoup plus du Rio Pongo. Donc les guerres entre les négriers, les installations, le pouvoir. »

Pour Paul Théa, la Guinée occupe une place majeure dans l’histoire de la traite atlantique : « Quand on parle de traite négrière, on entend souvent Gorée ou d’autres pays. Gorée au Sénégal ou au Bénin. Alors que nous, nous avons ici les îles de Loss, il y a eu plus d’esclaves transportés à partir des îles de Loss que de Gorée. À Bahia par exemple, au Brésil, il y a eu beaucoup d’esclaves qu’on a pris dans la région de Boké pour le Brésil. »

Professionnel de la culture, passionné d’histoire et de documentaires, Paul Théa explique que son ambition est de rendre à la Guinée ce qui lui revient de droit : « Nous avons beaucoup de sites négriers, donc c’est une façon de les valoriser, de les mettre en place, de les faire connaître pour que des Noirs américains, des gens viennent de partout pour découvrir leurs origines. Parce que c’est vraiment à la mode en ce moment aux États-Unis, les gens cherchent à faire des tests ADN pour découvrir leurs origines. Aussi leur montrer qu’il y a eu beaucoup d’esclaves qu’on a pris ici pour l’Amérique et pour les Caraïbes. »

Au-delà du devoir de mémoire, l’auteur veut transmettre un message éducatif aux jeunes générations. « La traite négrière ne s’est pas faite seulement parce que des Blancs sont venus kidnapper les Noirs, c’est qu’il y a les chefs, il y a toute une organisation des empires qui vendaient des esclaves. Donc ça a été une complicité. On a aussi une complicité africaine dans cette période douloureuse. Ce qu’on peut lancer, c’est notre histoire, que nous avons besoin de connaître, non seulement ici ou ailleurs, parce que surtout en Guinée, nous connaissons très peu notre histoire. Donc c’est une façon de connaître, bonne ou mauvaise, qu’on arrive à savoir nos origines parce qu’ici on a des amis qui s’appellent Lightburn, Curtis, Williams, Gomez. On sait pas d’où vient cette origine. Donc c’est un peu ce mixage là. C’est sa façon aussi de ce livre-là de le montrer », a-t-il déclaré.

À travers cet ouvrage, Paul Théa signe une œuvre à la fois historique, éducative et mémorielle, qui invite les Guinéens à se réapproprier une part oubliée de leur histoire.

Abdoul Lory Sylla pour Guinée7.com