Ce lundi 20 octobre 2025, la chambre de jugement de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) a une nouvelle fois examiné l’affaire opposant l’État guinéen, représenté par l’Agent judiciaire de l’État, à Mamadi Camara, ancien ministre de l’Économie et des Finances. Ce dernier est poursuivi pour détournement de deniers publics, blanchiment d’argent, corruption et enrichissement illicite.
L’audience, initialement prévue pour permettre la présentation du rapport de contre-expertise réalisé par le cabinet Grant Thornton, n’a finalement pas pu se tenir comme prévu. Dès l’ouverture des travaux, le président du tribunal, Yagouba Conté, a annoncé que ledit rapport, pourtant attendu, n’avait toujours pas été transmis à la cour.
Pour éclaircir la situation, le substitut du procureur spécial, Ousmane Sano, a expliqué qu’au cours des vacances judiciaires, il avait été informé que le cabinet chargé de la contre-expertise avait entamé des contacts avec le prévenu et ses avocats. Toutefois, la question du paiement des honoraires restait en suspens, ce qui aurait retardé la production du rapport.
Du côté de la partie civile, Me Aboubacar Sidiki est revenu sur les échanges intervenus entre son camp et le cabinet mandaté. Selon lui, le parquet ne disposerait pas de tous les éléments du dossier. Il affirme avoir été contacté par le substitut du procureur pour clarifier certains points avant l’envoi d’un courrier officiel au cabinet.
Par la suite, un représentant de Grant Thornton, M. Diallo, l’aurait informé que leur cabinet avait bien été désigné pour la mission et souhaitait rencontrer les avocats du prévenu avant de débuter les travaux. Lors de cette rencontre, le chef de service du cabinet aurait confirmé avoir reçu le courrier officiel ainsi que le fond du dossier. Me Sidiki rapporte lui avoir indiqué que toute demande de pièces complémentaires devait se faire par écrit. C’est à ce moment-là que la question des honoraires a été soulevée.
L’avocat précise avoir répondu que cette question ne relevait pas de sa compétence, et qu’une demande formelle devait être adressée à qui de droit. Le représentant du cabinet aurait alors qualifié le dossier de « particulièrement complexe ».
En réaction, le substitut du procureur Ousmane Sano a assuré ne pas être informé de ces échanges mentionnés par l’avocat de la partie civile, ni avoir reçu de communication officielle à ce sujet. Il a ainsi sollicité un renvoi de deux mois afin de permettre la finalisation du rapport de contre-expertise.
Les avocats de la défense ont également demandé le même délai.
À l’issue de l’audience, la cour a ordonné au ministère public de transmettre l’intégralité du dossier au cabinet Grant Thornton et a renvoyé l’affaire au 15 décembre 2025 pour la remise du rapport et la reprise des débats.
Abdoul Lory Sylla pour guinee7.com