Censure

Simandou. 99 millions de dollars manquent à l’appel : Le communiqué de Baowu et de WCS ne convainc pas Souza de l’UFDG

Entre contradictions financières et zones d’ombre, les explications de Baowu et WCS peinent à dissiper les doutes autour des 99 millions disparus du projet Simandou.

LCR

Le meeting historique du Président de l’UFDG, El Hadj Cellou Dalein Diallo, tenu le samedi 15 novembre dernier à Paris, continue d’alimenter le débat national. Parmi les sujets qui ont marqué les esprits figure la disparition énigmatique de 99 millions de dollars, correspondant au ticket d’entrée des partenaires dans le projet Simandou. Bien que cette somme ait été inscrite au budget, aucune trace n’en apparaît. Il est important de rappeler que le Président de l’UFDG ne fait que s’appuyer sur un rapport du CNT.

Quelques heures après ses révélations, Baowu et Winning Consortium ont publié un communiqué conjoint pour se dédouaner et disculper les autorités. Mais loin de dissiper le doute, leurs explications renforcent les interrogations.

Ils affirment dans un premier temps que les fonds « ont été injectés directement au niveau des sociétés holdings et des sociétés de projets des infrastructures et des mines du projet Simandou, conformément à la structure de financement convenue, afin d’assurer un financement immédiat ». Dans un second temps, ils assurent que « l’intégralité des contributions de Baowu Resources et WCS est demeurée à la disposition de ces sociétés holding et sociétés de projets, exclusivement dédiée à l’exécution opérationnelle des travaux ferroviaires, portuaires, miniers et des infrastructures associées».

Pourtant, tout en prétendant que les fonds auraient déjà été utilisés pour ces travaux, le communiqué affirme simultanément qu’ils n’ont pas encore été versés au Trésor public : « Conformément à leurs engagements en matière de transparence et de bonne gouvernance, Baowu Resources et WCS demeurent pleinement disposés à exécuter le transfert (les 99 millions de dollars), dès réception des instructions finales de la Guinée ». Plus haut, il est même précisé que les entités concernées « sont prêtes à effectuer le paiement dès qu’elles auront reçu les coordonnées du compte bancaire du Trésor public ».

Dans le même texte donc, l’on parle à la fois de fonds déjà utilisés et de fonds qui attendraient encore d’être versés. Une contradiction qui laisse perplexe. Que faut-il réellement comprendre ?

Le CNT, dans son rapport de la session de novembre 2025, a rappelé que ce ticket d’entrée avait été comptabilisé comme recette administrative dans la Loi de finances rectificative 2024. Pourtant, aucun encaissement n’a été constaté. L’organe législatif de transition a donc invité les ministères concernés à justifier ce manque à gagner.

Pour mémoire, sous le régime d’Alpha Condé, il était prévu que le Trésor public perçoive un montant initial de 100 millions de dollars. Une fois déduites les commissions de transfert estimées à 0,5 %, la Guinée devait recevoir environ 99,5 millions de dollars, versés en deux tranches : d’abord 70 millions, puis 30 millions.

Les Guinéens ont le droit de savoir comment sont utilisées les ressources publiques. Exiger des comptes n’est pas une volonté de nuire, encore moins de ternir l’image du pays, mais un impératif de transparence et de bonne gouvernance.

Il faut savoir pour comprendre, et comprendre avant de juger.

Souleymane Souza Konaté, coordinateur de la Cellule de Communication de l’UFDG