
Le PDG-RDA, premier parti au pouvoir, a célébré ce samedi 22 novembre 2025 la commémoration de l’agression portugaise de 1970, un épisode marquant de l’histoire nationale. La cérémonie a débuté à la villa de Coleah, où des prières et bénédictions ont été formulées en hommage aux combattants d’hier et au feu président Ahmed Sékou Touré.
Dans un second temps, des cadres, des militants et des sympathisants du parti ont pris la direction du Palais du Peuple. Devant la stèle érigée en mémoire de cette date, une gerbe de fleurs a été déposée dans un moment solennel de recueillement.
S’exprimant en marge de la cérémonie, Mango Mory Camara, secrétaire général par intérim du PDG-RDA, a rappelé la portée symbolique du 22 novembre 1970. Il a souligné que cette attaque, l’une des plus graves menaces auxquelles la Guinée ait été confrontée, reste un rappel de la résilience du peuple guinéen.
Dans cet entretien, il revient en détail sur les circonstances de cette agression et sur son importance dans la construction de la mémoire collective.
Guinee7.com : Que représente pour vous la nuit du 21 au 22 novembre 1970 ?
M. Bangoura :
« L’agression du 22 novembre 1970, que nous célébrons aujourd’hui, est un événement que nous ne devons absolument pas oublier. C’est dans l’intérêt de la jeunesse guinéenne de connaître son histoire. La Guinée a été effectivement agressée le 22 novembre 1970 et, au sortir de cette agression, selon Alpoim Calvão, qui a dirigé les opérations contre la Guinée, un Portugais, et d’ailleurs il faut souligner que le Portugal a été la tête de pont de cette agression du 22 novembre.
Évidemment, il y avait d’autres nations aussi qui étaient associées, comme l’Allemagne, la France, il faut citer, et même les États-Unis. Donc, cette agression a été une agression perfide contre la République de Guinée. Et pourquoi ? Tout simplement pour le choix dont la Guinée a opté le 28 septembre 1958.
Évidemment, il y a eu un processus continu d’agression anodine contre la Guinée, mais la plus plausible, c’est cette agression du 29 novembre 1970. Alors, ça nous rappelle beaucoup, beaucoup de choses. La Guinée étant agressée, l’Afrique et le monde ont été témoins de cette agression du 22 novembre 1970, ici à Conakry, et de la résolution, ou de toutes les résolutions qui ont été prises par l’ORS, l’Organisation des États libéraux du Sénégal, par l’OUA d’alors qui est l’OUA aujourd’hui, l’Union africaine, et par les Nations unies. Toutes ces institutions se sont rendu compte, après des enquêtes, que la Guinée a été effectivement agressée. Et il y a eu 500 et quelques morts dans cette agression du 22 novembre, en Guinée. Non seulement à Conakry, mais aussi aux différentes frontières du Sénégal. Donc cette agression nous rappelle beaucoup de choses. »
Guinee7.com : que cherchaient réellement les puissances impliquées ?
M. Bangoura :
« Nous disons au monde entier, d’abord au peuple de Guinée, au monde entier, que cette agression n’a pas profité du tout aux puissances qui l’ont organisée.
Ces puissances, naturellement, recherchaient la rédomination encore de la Guinée. L’oppression qu’ils ont faite pendant la colonisation contre le peuple de Guinée. C’est cette idée qui les animait encore de pouvoir soumettre le peuple à leurs exigences parce que la Guinée a dit non à la colonisation française. Alors, pratiquement, il fallait montrer au monde que, puisqu’elles, les puissances, n’étaient pas d’accord pour que la Guinée soit souveraine, il fallait remettre la Guinée dans le carcan de l’impérialisme et du colonialisme. Donc voilà, c’était leur idée, et c’est une option qu’ils avaient prise, mais cette option n’a pas marché.
Guinee7.com : Par quels points d’entrée l’attaque a-t-elle été lancée ?
M. Bangoura :
D’abord à Conakry, ils se sont, disons, servis de la mer en envoyant des bateaux. […] la porte d’entrée a été d’abord Conakry. Ils ont envoyé des bateaux de guerre sur les autres territoires guinéens pour agresser la Guinée. Ça, c’est le premier point d’entrée. Le deuxième point d’entrée, c’était la frontière sénégalo-guinéenne. C’est à Koundara que ça s’est passé, cette opération qui n’a pas réussi non plus, parce que la Guinée était déjà préparée. Donc voilà, ça a été très, très difficile, mais la Guinée a pu s’en sortir quand même. À Conakry, ici, il y a eu des points d’attaque, comme l’aéroport de Conakry, comme le port de Conakry, comme la villa Bellevue, qui a été d’ailleurs bombardée, il faut le dire, et Gaoual… Même, disons, la radio guinéenne, parce qu’il n’y avait pas de télévision guinéenne en ce moment, la radio nationale a été attaquée. Les points stratégiques que les agresseurs ont pu attaquer, mais qu’ils n’ont pas réussi… Je vais vous dire une petite anecdote. Le président Ahmed Sékou Touré est resté à la Bellevue, chez lui, à domicile, jusqu’à une heure du matin. Ceux-là qui étaient là, avec lui, c’étaient des ministres, des ministres de la République qui ne voulaient pas le mettre dans un état de suspicion de rester à la villa de Bellevue, jusqu’à ce que les agresseurs aient la position et l’heure auxquelles ils devraient attaquer et ça, c’était effectif. À une heure du matin, il y avait un ministre qui était assez éméché, Il demandait toujours au président : « Où allez-vous passer la nuit ? Il a répondu : Je passe la nuit ici. Oula, j’ai vu, je suis en prison. » Il a dit ça et c’est à partir de là que le ministre, en cause, a demandé au président, il a dit : Laissez-moi me retirer parce que ma fille est malade. C’est l’alibi qu’il a trouvé. Et dès qu’il est sorti, quelques minutes plus récemment, même pas fait dix minutes, la villa a été bombardée et le président Medsektouri, ayant un réflexe extraordinaire, dès que le ministre est sorti, lui, il s’est habillé, il a enlevé son pyjama, il s’est réhabillé, il est sorti. Ce qui fait qu’il n’a pas été atteint.
Guinee7.com : Plusieurs récits existent sur la localisation du président Sékou Touré. Quelle est, selon vous, la version exacte ?
M. Bangoura :
« La villa dans laquelle il était, c’est cette villa-là qui a été bombardée. C’est pour vous dire que la réalité, elle est unique, elle est fondamentale. Donc, toutes les trois villas ont été incendiées, bombardées, incendiées. Vous vous rendez compte ? Peut-être que les gens pensent que c’est une utopie. Ce n’est pas une utopie. La Guinée a été vraiment et sérieusement attaquée lors de l’agression du 22 novembre 1970 et je voulais dire tantôt que c’est non seulement les Nations Unies, l’ORS et l’OIA, l’OIA d’aujourd’hui, qui ont fait des résolutions, qui ont fait des enquêtes et se sont rendu compte effectivement que la Guinée a été attaquée. Ils ont demandé à la puissance, à toutes les puissances qui ont contribué à la préparation de cette agression-là, de pouvoir rembourser la Guinée ou de pouvoir dédommager la Guinée. Le président a dit non : Je n’aimerais pas un franc de ce qu’ils vont contribuer pour me dédommager moi. Pour me dédommager, tout simplement, je souhaiterais que tous les pays sous domination coloniale portugaise d’alors soient libérés, et c’est ce qui fut fait. C’est en ce moment que l’Angola a recouvré sa liberté. Le Mozambique et la Guinée-Bissau et tant d’autres d’ailleurs. Saotome et Principe et tout ça. C’est pour vous dire que le président M. Guthuré était un homme extraordinaire.
Guinee7.com : que sont devenus ceux qualifiés d’ennemis de la République ?
M. Bangoura :
Ils ont été, disons, jugés. Jugés par le verdict populaire. Par un vendique populaire qui, d’abord, l’Assemblée nationale de la République de Guinée a été transformée en tribunal populaire et dans ce tribunal populaire-là, il y a eu toute la représentation du peuple de Guinée. Je dis bien toute la représentation du peuple de Guinée et tout le monde était là pour juger ce que les agresseurs ont perpétré contre la Guinée. Et ils ont été condamnés. Il y en a qui ont été exécutés. Parce qu’ils le devaient et quand on vient agresser un peuple pendant la nuit et dans un mois de ramadan, cela n’est pas pardonnable. C’est pourquoi nous nous réjouissons aujourd’hui que la jeunesse guinéenne s’arme de courage, de compréhension et de savoir, effectivement, que le combat n’a pas commencé aujourd’hui.
La souveraineté guinéenne a été sauvegardée grâce à tout le combat que nous avons mené.
Guinee7.com : Quelles conséquences l’échec de cette agression a-t-il eues sur la Guinée et la région ?
M. Bangoura :
Ils ont essayé, ils n’ont pas pu.
Ils ont essayé de soumettre la Guinée encore à une situation qu’elle a connue avant, donc ils ont échoué. Et c’est pour vous dire que l’agression du 22 novembre 1970 a été la sommité des agressions ou alors des complots perpétrés contre la Guinée.
Parce qu’il y a eu plus de 52 complots qui ont été perpétrés contre le régime guinéen et contre son dirigeant, le président Ahmed Sékou Touré. Mais ils n’ont pas réussi et nous disons merci à Dieu d’avoir sauvé la Guinée, sinon l’Afrique se serait retournée encore dans la colonisation.
Si l’agression du 22 novembre avait réussi, l’Afrique se serait retournée encore dans la colonisation. Mais voyez ce qui se passe aujourd’hui. Ce que nous avons accepté, le 28 septembre 1958, n’est-ce pas, en nous posant un ordre catégorique, la communauté française, c’est ce qui est en train de se répercuter aujourd’hui dans les pays du Sahel. Vous avez vu le Mali, vous avez vu le Burkina Faso, vous avez vu le Niger. Ils sont en train aujourd’hui de se débarrasser complètement de tous les vestiges de la colonisation. Figurez-vous que ces pays-là, ils n’avaient pas compris avant ce que nous nous avons compris, ce que la Guinée avait compris, mais aujourd’hui, ils sont en train de se débarrasser complètement de ces puissances-là et c’est quelque chose qu’il faut apprécier. »
Guinee7.com : pourquoi dit-on que la Guinée-Bissau est la “fille” de la République de Guinée ?
M. Bangoura :
Mais naturellement, vous savez, la Guinée-Bissau, qu’on appelle aujourd’hui, il y avait un parti qu’on appelait le PIJC, c’est ça son nom, n’est-ce pas. Ce PIJC regroupait non seulement la Guinée-Bissau, mais aussi le Cap-Vert. Donc, ils ont commencé le combat, ils n’ont pas réussi.
C’est l’aide de la Guinée qui les a fait sortir de la colonisation. La Guinée a combattu, la Guinée a mené une armée forte contre le colonisateur portugais et c’est d’ailleurs pourquoi la Guinée a été agressée.
C’était une option de faire du Portugal la tête de pont de cette agression du 22 novembre parce que c’est toutes les colonies portugaises que la Guinée supportait, que le président Ahmed Sékou Touré supportait. Non seulement dans les finances, mais aussi par rapport à l’armée et autres d’ailleurs.
La formation intellectuelle, la culture implantée dans ces pays vient de la Guinée et c’est pourquoi on dit que la Guinée-Bissau est la fille de la République de Guinée.
Abdoul Lory Sylla pour guinee7.com

