Suite à la signature du protocole d’accord entre le gouvernement et l’intersyndicale comprenant le SLECG et le Syndicat de l’enseignement technique, le Syndicat national de l’éducation (SNE) et la Fédération syndicale professionnelle de l’éducation (FSPE) ont publié une communication officielle dans laquelle ils affirment ne pas se reconnaître dans les négociations en cours.
Selon le SNE et la FSPE, l’intersyndicale de l’Éducation est composée de trois syndicats, ayant ensemble déposé un mémorandum « signé et cacheté par les Secrétaires généraux et le président du SLECG ». Ils estiment que si le gouvernement agissait « avec cohérence », il aurait dû commencer par rapprocher les positions des trois organisations avant toute négociation bilatérale, puis travailler au retour du SNAESUR, considéré comme un acteur clé dans la rédaction du statut particulier des personnels de l’Éducation. Pour les deux structures, seule une démarche inclusive pouvait permettre d’aboutir à un protocole d’accord consensuel.
Le SNE et la FSPE alertent sur le risque de voir trois protocoles distincts être signés : un avec le SLECG, un avec la FSPE et le SNE, et un autre avec le SNAESURS, qui a par ailleurs « rebondi avec de nouvelles revendications ».
Dans leur communication, les dirigeants du SNE reviennent longuement sur une rencontre tenue le dimanche 30 novembre 2025. Ils expliquent avoir été invités à 12 h au bureau du ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD), le général de section Ibrahima Kalil Condé, en compagnie de leur secrétaire général adjoint chargé des affaires internes, Abou Presse Camara. Sur place, ils disent avoir trouvé successivement le ministre Cedy, puis la ministre de l’Enseignement technique, Aminata Kaba, avant l’arrivée du ministre Bourouno.
Les discussions portaient sur la possibilité de trouver « un accord à l’avantage des deux parties ». Le ministre Bourouno aurait été chargé de réunir « dès 19 h » l’ensemble des acteurs afin de parvenir à un consensus avant l’entrée en vigueur de l’avis de grève prévue le lundi 1ᵉʳ décembre 2025. Les responsables du SNE affirment avoir alors indiqué qu’ils n’étaient pas les seuls signataires de l’avis de grève et qu’il fallait associer la FSPE pour éviter toute « interprétation subversive ».
À la suite de cet échange, expliquent-ils, le secrétaire général de la FSPE a été contacté et les deux syndicats ont été invités à 15 h au bureau du ministre Bourouno. Mais à cet horaire, ils se trouvaient encore au siège du CNOSCG. Après l’avoir informé, ils finissent par se rendre à son bureau à 17 h. Là, selon leur récit, le ministre Bourouno a plaidé pour une suspension du mot d’ordre de grève, ce qui permettrait l’ouverture des négociations dès 19 h.
Le SNE affirme qu’il lui a répondu que « le Syndicat ne fonctionne pas comme l’administration où les décisions sont prises par le sommet et exécutées par la base », rappelant que dans le fonctionnement syndical, « c’est la base qui décide et le sommet exécute ». Malgré l’insistance du ministre à suspendre l’avis de grève pour engager des négociations, les responsables du SNE déclarent avoir demandé à consulter leurs exécutifs nationaux. Après consultation, ces derniers ont rejeté la demande, tout en laissant la porte ouverte à une suspension éventuelle si les négociations s’avéraient fructueuses.
Le SNE affirme que le ministre Bourouno « a exprimé toute son inquiétude » quant à un éventuel dépôt d’avis de grève du SLECG si des négociations s’ouvraient sans eux. « Aujourd’hui, ils sont en train de négocier avec le SLECG sans le SNE, la FSPE et le SNAESURS », déplorent-ils, estimant que cette démarche « ne contribue pas à la résolution définitive de cette crise, mais est en train de la déplacer, voire de l’exacerber ».
Les deux organisations dénoncent également ce qu’elles considèrent comme un paradoxe : « Le président et la secrétaire générale du SLECG sont respectivement 2ᵉ et 3ᵉ secrétaires généraux de l’USTG, qui a rédigé une note circulaire interdisant à ses affiliés toute grève jusqu’au 31 janvier 2025, chose que les enseignantes et enseignants de Guinée ont majoritairement rejetée. »
Le SNE et la FSPE appellent enfin le ministre Bourouno à « faire beaucoup attention à ce dossier très sensible pendant cette période électorale elle aussi sensible ».
Ils concluent leur communication en rappelant la ligne de conduite maintenue par leurs bases : tant que le statut particulier n’est pas signé, que les enseignants contractuels communaux non retenus ne sont pas engagés, que les salaires ne sont pas débloqués, que les rappels des primes d’incitation ne sont pas payés et que les primes de fonction des hauts cadres et responsables des structures déconcentrées ne sont pas versées, le mot d’ordre de grève reste maintenu.
Abdoul Lory Sylla pour guinee7.com

