A l’évidence, ayant forgé ses propres et réelles convictions au moment même où une bonne kyrielle de leaders politiques se cherchait, il se sentait, quant à lui, différent. Il fait partie désormais d’une génération de «jeunes loups» que les papys et autres aînés, discrètement, lancent et accompagnent en politique, pour assurer la relève des générations.
Aliou Bah (MoDel) s’impose aujourd’hui en véritable enfant prodige de la politique guinéenne. L’ascension de cet héritier politique tout désigné impressionne certains, agace d’autres – c’est de bonne guerre – et inquiète un autre groupe. Aliou Bah, remarquable tribun, pour sa part, renvoie visiblement l’image d’un homme charismatique, méthodique, fin observateur de la scène politique, posé, pragmatique et discret. Une sobriété qui dissimule aussi une certaine habileté politique. Aux yeux de certains, le leader du MoDel jouie d’une supériorité trop constamment affichée, sachant bien sûr que «Dans les luttes politiques, l’habileté, l’amabilité et la séduction peuvent être des armes aussi efficaces que l’audace ou l’éloquence ».
Toisant la quarantaine, ‘’Prési’’, comme l’appellent les militants de sa formation politique, est resté fidèle à ses convictions, un gage nécessaire à la démocratie, tel que l’a enseigné Jean-Pierre Chevènement. Aliou Bah, a su jauger les ainés, il a su comprendre les régimes qui se sont succédé, il a dû aussi se mesurer à sa génération dont il s’est suffisamment imprégné les vives préoccupations. Il a donc compris qu’un bon leader doit avoir de bons mots au bon moment, dans un marigot politique guinéen où seuls des impitoyables crocodiles, partisans de la compromission ont droit de cité, de prééminence et d’affirmation. Pour Mandela, comme pour Aliou Bah, « Si on parle de nous sans nous, c’est en réalité contre nous. Donc il faut être là ».
L’enfant prodige, écartelé entre les capitales occidentales dans des rencontres de haut niveau, Conakry, la capitale guinéenne, Toké, Konah (Tougué) dans les replis des contreforts du Fouta Djalon et sur les berges désormais rétrécies de Donghora (Labé) est donc là, au milieu de la tempête ou de la lutte. Parfois en fourmi au milieu des araignées. Mais fréquemment avec des assoiffés renards de la politique guinéenne. Et c’est cette même politique multi dimensionnelle souvent indescriptible qui le définit dorénavant.
Cette identité remarquable n’est pas sans rappeler son obsession pour les pans de l’histoire économique, social et politique de la Guinée qu’il estime éludés par certains de ses pairs. Avec la verve et le verbe, Prési, omniprésent, a donc appris à s’adresser en majorité à un auditoire guinéen cosmopolite, avec une parole aussi libre et raffinée. Il s’écarte du conformisme béat où il est souvent question de faire rimer souvent la politique à la polémique. Pour ainsi conquérir son auditoire, Aliou Bah opte pour la proximité, les médias audiovisuels et les réseaux sociaux. Après tout, comme le dit Pierre Curzi, acteur, ex-député du parti québécois : «Le critère de base, c’est le charisme. Sans ça, on ne devient pas un grand leader, on devient un dictateur, parce que de populaire, tu deviens populiste. »
Cet Aliou Bah-là se révèle être, ces dernières années, un digne héritier politique en embuscade. Sa fulgurante ascension, son refus de compromission, son élégance et son éloquence constituent sa marque de fabrique et font de lui, un jeune leader en qui on peut réellement porter confiance. Il est clair que le MoDel doit ratisser large sur un terrain déjà étriqué. Il doit, à ce titre, asseoir une base implacable, puis mettre en branle une redoutable machine à gagner des joutes électorales. Le chemin est tout de même encore long, escarpé et semé d’embûches. Mais, en conquérant increvable et constant, Aliou Bah assure et promet. Il est un fiable héritier politique. Plus rien ne semble l’arrêter en si bon chemin.
C’est donc, à s’y méprendre, un véritable ‘’MoDel’’ !
Thierno Fodé SOW, Citoyen guinéen
fodesow@gmail.com
