Censure

Allocution Alpha Condé : Courage politique, Grandeur d’homme d’Etat, désir suscité de 3e mandat (Par Ibrahima Sory KEÏTA)

Lors de la grande rencontre du samedi 28 mai 2016 avec les nombreux militants de son parti RPG Arc-en-ciel, le Président Alpha Condé a tenu un discours d’une remarquable teneur politique, confirmant son inébranlable engagement de longue date au service de la Nation guinéenne, et par ricochet sa dimension exceptionnelle d’homme d’Etat, ce qui ne peut que susciter auprès de millions de Guinéens l’ayant reconduit au pouvoir le désir d’un 3e mandat.

Alpha Condé : le Courage

On dit souvent que la politique, c’est l’art d’aller dans le sens des électeurs pour en attirer le maximum vers soi ; en d’autres termes, c’est l’art de les caresser dans le sens du poil, ou encore d’éviter les sujets qui fâchent. Mais en agissant de la sorte, l’acteur politique n’est-il pas dans une fuite en avant, car les sujets éludés finiront par le rattraper, et à ce moment-là, ils se poseront avec plus d’acuité, rendant alors leurs solutions plus compliquées car ces sujets auront eu le temps de s’ancrer davantage dans l’univers sociétal concerné ! On ne peut alors ne pas saluer le courage de Politiques suscitant de l’admiration, même si on ne partage pas leurs idées, face à des sujets supposés leur faire perdre des électeurs, mais qu’ils abordent avec force conviction et responsabilité. C’est le cas du Président Français d’alors, Chirac, qui a toujours été contre les idées xénophobes, d’exclusion ainsi que de division, et qui n’a pas transigé là-dessus lors de l’élection présidentielle de 2002, alors qu’il était pourtant en difficulté dans sa quête d’un nouveau mandat national, entre d’une part un Premier Ministre socialiste qui avait un bon bilan le prédisposant logiquement à la victoire finale, et d’autre part un leader politique porteur de ces idées xénophobes, d’exclusion et de division, qui était en position favorable pour être présent au second tour, et il fut effectivement présent au second tour de l’élection présidentielle de 2002. Malgré ce spectre d’une défaite qui semblait dessinée, le Président Chirac n’a pas été dans l’opportunisme ou l’irresponsabilité politique en caressant dans le sens du poil l’électeur défendant de telles idées xénophobes, d’exclusion et de division en vue de bénéficier de son vote, le Président Chirac a au contraire toujours été dans sa conviction en fustigeant de telles idées, et il a fini par être rejoint par le peuple dans sa conviction, et il a fini par gagner. Aujourd’hui, avec cette conviction sur laquelle il ne déroge pas, il fait partie des personnalités les plus aimées par les Français, à telle enseigne que deux principaux candidats de sa famille politique, respectivement ancien Premier Ministre et ancien Président de la République, revendiquent ou cherchent sa caution directe ou indirecte à travers une posture directe de fidélité à sa pensée ou indirecte par le biais d’un Chiraquien avec qui on voudrait faire une sorte de ticket dans l’investiture recherchée. Si on ajoute à cela que la Présidente fraîchement élue de la région Île-de-France, en décembre 2015, a adressé ses remerciements au Président Chirac alors qu’il n’est pourtant plus en fonction, on peut se dire que ça paie quand même d’avoir des convictions et de les défendre contre vents et marées, notamment contre l’exclusion et la division dans sa République, exactement comme le fait le Président Alpha Condé. On porte la même admiration au candidat écologiste, Alexander Van der Bellen, devenu Président de l’Autriche en mai 2016. Il a lui aussi fait preuve de courage politique en abordant sans ambages ces idées xénophobes sources d’exclusion et de division, pour les rejeter sans fioritures, malgré la forte montée de telles idées dans son pays, à telle enseigne que les partis au Gouvernement, par opportunisme politique pour engranger le maximum de voix d’électeurs, ont flirté avec de telles idées de division et d’exclusion, ce qui n’a cependant pas empêché leur élimination du second tour. Au final, le candidat écologiste seul, mais avec courage, face à ces idées d’exclusion et de division, car n’a pas reçu de soutien des partis au Gouvernement, a fini par gagner pour devenir le Président de l’Autriche, son peuple l’ayant rejoint dans son combat, notamment contre l’exclusion et la division. Il en résulte que devant la clameur découlant de l’analyse de questions sensibles, de sujets fâcheux, la question ethnique par exemple, pouvant être instrumentalisés et conduire inéluctablement à de la division et à de l’exclusion, un Responsable politique doit faire preuve de courage pour les aborder sereinement et les rejeter sans ambiguïté dans leurs formes d’exclusion et de division, même si cet exercice peut être perçu comme susceptible de lui faire perdre des voix, car en réalité le peuple bien informé et sensibilisé, finit par se ranger du côté de ses intérêts à lui peuple, c’est-à-dire en rejetant l’exclusion et la division. C’est dans ce sens que le Président Alpha Condé, à l’image de ces leaders politiques de conviction, a rejeté l’exclusion et la division, contraires aux intérêts de son pays, en réaffirmant sans ambages sa qualité de Président de toute la Nation guinéenne et non d’une seule ethnie. On ne peut qu’admirer ce courage politique reflétant au demeurant un sentiment de profond respect vis-à-vis des différentes composantes ethniques de notre Nation, notamment de l’ethnie Malinké évoquée dans l’allocution du Président Alpha Condé.

L’ethnocentrisme en Guinée : réalité latente ou apparente : en parler !

Qui peut sérieusement affirmer que la question de l’ethnocentrisme n’existe pas en Guinée, de manière larvée ou affichée ! N’a-t-on pas entendu véhiculer des slogans du genre « notre tour » (d’assurer la Présidence de la Guinée), ou encore des expressions du genre « c’est notre ethnie qui a élu le Président » (donc il doit nous être tout ouï) ! Ne mettons-nous pas en place, par exemple, une commission de réconciliation nationale dont tout bon observateur sait qu’il s’agit moins d’une réconciliation nationale suite à de profonds conflits d’idées par exemple, que de réconciliation nationale sur fond d’hégémonie ethnique à bannir pour en arriver à une véritable Nation guinéenne !  Face à cette réalité, un Responsable politique doit-il s’abstenir d’en parler quand les regards sont tournés vers lui et qu’il peut intervenir pour rétablir les choses dans l’ordre, c’est-à-dire dans le sens d’un état d’esprit d’unité nationale ! Il est normal qu’il intervienne et que cela se fasse dans l’état d’esprit qui vient d’être défini.

Cadre approprié, contexte adapté 

La célébration du retour du Président Alpha Condé dans son pays s’est déroulée dans un cadre partisan, au siège du parti RPG/Arc-en-ciel, et une telle célébration sur des faits du passé donne forcément lieu à une évocation de l’histoire du parti, faite entre autres, d’avancées, de trahisons, etc., et qui mieux que les siens ne vous trahissent ! Ne dit-on pas « gardez moi de mes amis, mes ennemis je m’en charge» ! Cette célébration a été organisée par la Jeunesse du parti, et qui mieux que cette Jeunesse a besoin de se ressourcer dans cette histoire qu’elle n’a pas connue, et quel meilleur acteur de cette histoire du parti que le Président Alpha Condé pour en parler ! Nous sommes donc dans un contexte où une frange du parti du Président, notamment les Jeunes, ainsi qu’une frange de l’ethnie dont il est issu (pour un leader politique de grande envergure, je préfère l’expression « issu d’une ethnie » plutôt que « l’ethnie à laquelle il appartient », car un tel leader politique transcende les ethnies, ne s’appartient plus, à mon sens du moins) estiment que du fait de ces qualités, ils doivent bénéficier de quasiment tous les leviers politico-économiques de notre pays, ou à tout le moins, de la plupart de ces leviers. Ces ambitions ont d’ailleurs fait les choux gras des médias qui les ont relayées. C’est donc dans un tel contexte que le Président Alpha Condé s’est adressé à ses Militantes et Militants, pour leur dire directement, sans intermédiaires, que malgré qu’il soit issu du même parti qu’eux, comme il le montre en se retrouvant avec eux dans le cadre de ce parti, il est le Président de tous les Guinéens. Et mieux encore, malgré qu’il soit issu d’une ethnie, il est le Président de tous les Guinéens. Il était normal que le Président réitère ces déclarations, c’était même un devoir pour lui de le faire, et cela a été fait dans un cadre approprié, celui du parti (même si cela a automatiquement un retentissement national), car ceux qui sont dans la revendication le font ès qualités militants du parti du Président, ou ès qualités militants et membres de l’ethnie dont est issu le Président. Qui peut sérieusement reprocher à un Responsable politique, qui plus est, un Président de la République, de dire ces vérités ! De plus, le Président ne s’est pas levé un beau matin pour parler d’une ethnie, ce n’est pas son genre puisqu’il a toujours lutté contre l’ethnocentrisme et a toujours été dans le rassemblement. Il a répondu à ceux qui parlaient des Malinkés en s’adressant, depuis un bon moment déjà, à lui Président, car c’est bien lui le destinataire de toutes ces revendications. Quand on s’adresse à quelqu’un chargé de la gestion d’un pays en mettant dans la balance sa qualité de Malinké, cela ne signifie-t-il pas que du fait de cette qualité, on est le mieux indiqué pour conduire certains leviers de cette gestion ! Il est alors tout à fait normal que le Président réponde que la qualité de Malinkés n’est pas synonyme d’un label de meilleurs citoyens dans la conduite de leviers de cette gestion, en exemplifiant chez les Malinkés dont on se prévaut. Sur le plan de la sémantique, à savoir «des» Malinkés, ou «les» Malinkés, ou «certains» Malinkés, il est bon pour apprécier ces termes que l’on prête au Président, que les plaignants disent si dans leurs revendications notamment ès qualités Malinkés, relayées, rappelons-le, par les médias, ils les ont faites au nom «des» Malinkés, ou de «certains» Malinkés, ou en disant «les» Malinkés. Ils pourront alors mieux apprécier les réponses appropriées ou non sur les termes prêtés au Président. En attendant un tel éclairage des plaignants, on peut logiquement douter qu’une revendication catégorielle (professionnelle, ethnique, religieuse, etc.) auprès d’une autorité, soit formulée pour ne concerner que des éléments de cette catégorie, ce qui bien entendu ôte du poids à la revendication en amenuisant ses chances de succès auprès de l’autorité sollicitée. Si, logiquement les plaignants ont dit «les», il ne faut donc pas s’étonner que la réponse porte sur «les». Mais plus sérieusement, le Président a relaté le long parcours du parti avec des vérités correspondant à la réalité, et ces vérités méritaient d’être connues pour notamment forger l’esprit d’endurance du Militant ambitionnant légitimement de servir son pays, renforcer son esprit d’ouverture, de tolérance et de pardon, ses vertus de patience, d’amour de sa Nation, etc., à l’image du Président qui aime sa Nation en respectant et en ayant en considération toutes ses composantes ethniques. C’est ainsi que parlant des Malinkés, sur lesquels il avait été interpellé, et dont il a répété le terme, il exprime clairement, en disant être le Président de tous les Guinéens, que cette ethnie qu’il connait bien, et plus généralement toutes les ethnies de notre pays, n’a pas besoin de passe-droits et n’a rien demandé dans ce sens pour s’affirmer ; elle a sa fierté et mérite d’être respectée ; on n’a pas le droit de galvauder cette appellation «Malinkés» en les faisant passer pour des quémandeurs de faveurs pour exister ; ils n’ont pas besoin de cela, car ils ont le feu sacré pour le travail, l’abnégation, l’altruisme, la fierté, etc. Ils sont ainsi susceptibles de connaître des réussites ou des échecs, mais dans la dignité. Tout cela transparait d’autant mieux dans l’allocution du Président Alpha Condé qu’il est lui-même cet archétype s’étant battu dans la dignité, l’endurance, la fierté, etc., d’où il y a alors de quoi en vouloir à ceux qui se prévalent de cette qualité pour croire que tout doit leur revenir, et paradoxalement, à l’opposé même de la conception existentialiste de leur ethnie. Au demeurant, ces appréciations de dignité, de fierté, d’accomplissement par le travail, etc. sont valables pour toutes les ethnies de notre pays, mais on parle ici des Malinkés car ce sont eux que les plaignants ont mis sur la sellette, et on n’attendait pas moins de la réaction d’homme d’Etat apportée à ces actions revendicatives.

Alpha Condé : l’Homme d’Etat

L’allocution du 28 mai 2016 ne met pas seulement en valeur le courage politique du Président Alpha Condé, mais elle met en exergue aussi son immense qualité d’homme d’Etat. Cela s’apprécie au travers de sa réaffirmation solennelle de Président de toute la Nation, ne donnant aucune illusion à tous ceux qui nourrissaient l’espoir de traitement de faveur eu égard à une appartenance ethnique. L’importance de cette déclaration solennelle, reflétant une posture d’homme d’Etat, se mesure notamment à la réaction empreinte d’opportunisme dangereux pour notre Nation, d’un certain leader d’un parti politique, issu de l’ethnie Malinké, déclarant sur une radio locale, relayée par un grand Hebdomadaire de la place, « L’Indépendant », notamment qu’il a « été heurté et choqué….La déclaration touche directement les Malinkés, et comme chacun d’eux, je le ressens comme un réel coup de poignard en plein cœur…Il (le Président) a insulté les cadres Malinkés et il n’y a pas à colmater les brèches pour dire non, il a dit ceci ou cela. Il a dit les cadres malinkés ». Revenons donc sur ce que le Président a dit, à savoir : «…Moi je ne suis pas venu pour travailler pour une ethnie. Des gens les plus malhonnêtes de ce pays, ce sont des cadres Malinkés car, ce sont eux qui partaient voir le Général Lansana Conté pour être nommés afin de combattre le RPG… ». Si on analyse bien, le fait pour le Président de dire qu’il ne travaille pas pour une ethnie (d’où il travaille pour toutes les ethnies de notre pays), pour ce leader disant être choqué, cela est donc « un coup de poignard en plein cœur » ! En d’autres termes, pour ce leader, sa conception de la République, c’est travailler seulement pour une ethnie, en l’occurrence la sienne ! On voit la nette différence entre l’homme d’Etat Alpha Condé et ce leader politique clanique. Poursuivons l’analyse au niveau de la phrase «Des gens les plus….afin de combattre le RPG» : c’est une phrase claire, précise et non stigmatisante pour ceux qui ne sont pas concernés. Dans cette phrase, les personnes concernées sont désignées →des (ou «les», si vous voulez) cadres Malinkés ; mais pour ne pas être dans la généralisation, ces personnes concernées sont identifiées par la précision suivante qui a son importance, à savoir : « car, ce sont eux qui partaient voir le Général Lansana Conté pour être nommés afin de combattre le RPG » ! Dans cette précision, tous les termes sont importants : déjà le « car » pour dire pourquoi ces gens sont qualifiés de malhonnêtes ; ensuite, de quels cadres Malinkés s’agit-il ? →ceux qui partaient voir le Général Lansana Conté ; on précise davantage en disant que ce sont ceux qui allaient voir…→pour être nommés afin de combattre le RPG (c’est pourquoi l’article «des» ou «les» cadres n’a pas d’importance particulière dès lors que les cadres concernés sont identifiés par rapport à leurs bassesses précises, d’où ce ne sont pas tous les cadres Malinkés, comme on veut le faire accroire). Finalement, en quoi cela est-il insultant, comme le dit ce leader «heurté et choqué», de qualifier de malhonnêtes de tels cadres qui trahissent, rien que pour leurs intérêts personnels, une cause pour laquelle des masses et des masses se sont mobilisées avec eux, et qui, par la faute ignoble de ces cadres, vont continuer à vivre sans le changement recherché ! On peut au contraire trouver que l’expression «malhonnêtes» est trop faible ici. On est ainsi, de la part de ce leader «heurté et choqué» dans un pur opportunisme de mauvais aloi que l’on peut davantage mettre en exergue, en admettant, donc hypothèse de travail, que l’on qualifie tous les cadres d’une ethnie quelconque de «non performants» →on peut alors comprendre une réaction d’indignation de la part d’un observateur, mais seulement si cette indignation est relativisée et non exprimée dans l’absolu ; si elle est en effet exprimée dans l’absolu, cela signifie que l’observateur trouve que tous les cadres, sans exception, de cette ethnie quelconque sont «performants», alors qu’en réalité il y a de fortes chances qu’on en trouve des «non performants». On voit donc, de la part de ce leader, la méthode classique utilisée par les leaders en mal de popularité et/ou d’ancrage, c’est-à-dire l’amalgame et la généralisation abusive pour s’attirer des gens conditionnés par des émotions suscitées et alimentées à dessein. Que ce leader sache donc, pour reprendre son expression, que du côté du Président Alpha Condé, il n’y a pas «à colmater les brèches pour dire non», car le Président est un homme d’Etat, au service de sa Nation, et tout ce qu’il dit et fait est en conformité avec cette servitude, au contraire de ce leader qui est dans la posture opportuniste de flatter une ethnie dans le sens du poil, alors qu’il ambitionne de diriger ce pays dans son entièreté! D’ailleurs, il est temps que tous les prétendants à la direction de notre Nation se soumettent au défi du dépassement ethnique.

Alpha Condé : le Défi

La déclaration solennelle du Président Alpha Condé démontre une stature d’homme d’Etat au service de son pays tout entier, comme déjà analysé, mais cette déclaration solennelle se traduit aussi par ce que je considère comme un effet d’aubaine. En effet, ne serait-ce que de façon larvée, l’ethnocentrisme existe dans notre pays, il n’est pas besoin de faire la politique de l’autruche sur cela, et par ailleurs, une commission de réconciliation nationale existe aussi. La voie ainsi ouverte par le Président Alpha Condé mérite d’être suivie, à savoir déclarer solennellement, devant les instances de son parti, qu’il n’est pas là pour la seule ethnie dont il est issu, mais bien pour toutes les ethnies de notre pays. Une telle démarche devient alors un devoir moral pour tous les leaders politiques, issus forcément, chacun en ce qui le concerne, d’une des ethnies de notre pays. Chaque leader politique devra donc se soumettre à cette exigence citoyenne, eu égard au contexte de notre pays, en déclarant solennellement devant les instances de son parti, qu’il n’est pas là pour la seule ethnie dont il est issu, mais bien pour l’ensemble des ethnies de la Guinée. A l’évidence, un tel exercice contribuera, de façon exponentielle, à la réalisation de l’objectif recherché par la commission de réconciliation nationale. Au demeurant, cela ne doit pas poser de problème aux différents leaders politiques, si tant est-il qu’ils soient mus par l’unité nationale d’un pays qu’ils aspirent diriger. Ailleurs, comme en France par exemple, l’exigence de détention par devers soi de 500 signatures d’élus pour être candidat à l’élection présidentielle, procède de cet esprit d’unité nationale à préserver, et par ricochet éviter les candidatures fantaisistes. Ainsi, on voit les candidats sillonner les différents coins et recoins de la France pour décrocher ces 500 signatures, et il apparait que leur obtention est synonyme de reconnaissance, à travers les signataires, d’une représentativité nationale, et non uniquement locale (ou ethnique). Ici en Guinée comme là-bas en France par exemple, l’objectif de l’unité nationale étant le même, la démarche de déclaration solennelle apparait pertinente, adaptée au contexte de notre pays, d’autant plus qu’avec le Président Alpha Condé, on a vu que cela a soulevé une polémique que l’on peut qualifier de bienfaitrice eu égard au réveil des consciences que cela peut induire sur l’exigence de l’esprit d’unité nationale. La louable allocution solennelle du Président Alpha Condé au siège de son parti, apparait donc, sous un autre angle, comme un défi que les différents leaders politiques de la Guinée, doivent avoir à cœur de relever afin d’éviter tous préjugés malencontreux à leur égard dans ce contexte sous-jacent d’ethnocentrisme à combattre. On pourrait rétorquer que le Président Alpha Condé est dans son rôle, celui de Président de tous les Guinéens, d’où il est dans les normes qu’il le proclame ; mais c’est occulter dans ce cas, qu’Alpha Condé l’a dit au siège de son parti, devant ses militantes et militants, et en n’omettant pas de dire à l’ethnie dont il est issu qu’il est là pour toute la Guinée. Cela ne signifie nullement un rejet du vote d’une ethnie dont on est issu car ce sont des citoyens comme tous les autres Guinéens, cela vise seulement à les emmener à interpréter autrement leurs votes, car chez nous en Guinée, il subsiste dans l’entendement d’une très grande partie de nos compatriotes, cette croyance qu’un Président issu de leur ethnie doit bâtir l’Etat autour de l’ethnie de ce Président. Alors que, par exemple aux Etats Unis d’Amérique, les Noirs américains, les Latino-américains, votent généralement pour le parti démocrate, non pas qu’une fois ce parti arrivé au pouvoir, celui-ci ne leur accorde des privilèges ou ne les nomme de droit, du fait de leurs votes, dans les différents leviers de gestion du pays, mais ils votent pour le parti démocrate, car estiment que ce parti est plus sensible à l’amélioration de leurs situations en leur permettant, en substance, de bénéficier comme pour leurs autres compatriotes, des effets du développement de leur pays : emploi, logement, etc. Ici, l’idée d’instauration d’une hégémonie de cet électorat dans les rouages de l’Etat américain n’effleurera la pensée de personne. Chez nous en Guinée, le défi est là, celui de la déclaration solennelle de dépassement ethnique, les citoyens ont vu son intérêt pour la Nation, il faut le relever pour rassurer les Guinéens sur le rôle de Garant de l’unité nationale, inhérent à un Président de la République.

Alpha Condé : le Garant

Un Président de la République incarne sa Nation, et il doit donc être le Garant de l’unité nationale. Ces qualités ne sont pas du domaine de la génération spontanée, acquises aussitôt la fonction présidentielle occupée, elles doivent avoir préalablement été forgées chez le candidat à la fonction présidentielle, et cela tout au long de son parcours politique antérieur à ses responsabilités présidentielles. Si tel n’est pas le cas, l’unité nationale va en souffrir, et même s’il y a une volonté de s’y conformer, les habitudes claniques ressurgiront toujours. L’une des grandes qualités du Président Alpha Condé, c’est cette vertu d’une Nation indivisible qui a toujours été inhérente à son action politique, se traduisant avant son arrivée aux responsabilités, notamment par le respect, d’une part des citoyens ne partageant pas sa vision, et d’autre part des biens publics, qui n’étaient ni agressés ni vandalisés après ses meeting sur le terrain. Une autre illustration de cet état d’esprit vertueux, c’est le rejet solennel des velléités de son cantonnement au profit d’une seule composante de la Nation, comme déjà examiné. Peut-on dire la même chose pour tous les prétendants à la magistrature suprême ? Assurément non. Il suffit juste de se limiter à ce leader politique disant être «heurté et choqué» ainsi qu’à ce quarteron de députés s’inscrivant dans la même direction, tout cela se traduisant par un encensement ethnique inapproprié au détriment du devoir d’égalité ethnique à défendre. On n’insistera jamais assez sur ce type de positionnement dangereux, où on privilégie ses intérêts électoraux personnels au détriment de l’intérêt national. La situation actuelle de la Grande Bretagne est édifiante à cet égard, où le Premier Ministre lutte contre le Brexit (« British exit » ou sortie de la Grande Bretagne de l’Union européenne) dont il sera question lors de leur référendum du 23 juin 2016, alors que c’est lui-même qui a créé cette situation ! En effet, pour se faire réélire lors de leurs législatives du 7 mai 2015, et alors qu’il était en difficulté, il a promis l’organisation de ce référendum, en vue de bénéficier, en retour, du vote des partisans du repli sur soi. Il a donc caressé un certain électorat dans le sens du poil et a de ce fait privilégié sa fonction plus que ses convictions qu’il est paradoxalement en train de défendre aujourd’hui, c’est-à-dire le maintien dans l’Union européenne. Le piquant dans cette affaire, c’est que ce Premier Ministre est obligé d’appeler au secours pour que le Brexit ne triomphe pas, l’hypothèse d’une victoire du Brexit le conduisant très probablement à perdre son poste. Ainsi, le Président Obama, par sa visite chez le Premier Ministre britannique, la mobilisation de Prix Nobel, celle de pays de l’Union Européenne, etc., viennent tous à la rescousse de ce Premier Ministre pour que l’effet boomerang de sa décision d’organiser ce référendum ne lui tombe pas dessus. J’ai alors froid au dos en imaginant les conséquences de l’ouverture de cette boîte à pandore que constitue l’ambition débridée de caresser une ethnie dans le sens du poil dans une société pluriethnique. Sous cet angle, le Président Alpha Condé, auréolé de sa ferme réaffirmation de servitude pour l’ensemble du peuple, constitue un Garant, dont on peut se féliciter, de la cohésion nationale dans notre pays. Qu’on ne s’y trompe donc pas, caresser dans le sens du poil un électorat plutôt que de défendre la vérité pour tout le peuple en assumant l’éventuel coût électoral qui peut en découler, c’est sans doute bénéfique pour soi-même à court terme, mais ce sera toujours destructeur, à terme, pour soi-même et l’ensemble du peuple.

Alpha Condé : le Meilleur dans la phase d’évolution actuelle de la Guinée

Le Philosophe Sören Kierkegaard disait : « c’est le difficile qui est le chemin ». On peut effectivement constater cela en Guinée. La démocratie a ainsi été difficile à avoir, alors que depuis 1958 nous étions pourtant indépendants. Dans ce long et difficile combat pour notre démocratie, on retrouve comme acteur n’ayant jamais transigé, le Président Alpha Condé qui n’a jamais baissé les bras dans ce difficile qui a conduit notre pays sur le chemin de la démocratie. Au regard des pays de la sous-région de même envergure, la Guinée accuse un retard de développement découlant de son histoire l’ayant fait décrocher ; le chemin de notre développement s’en trouve ainsi plus difficile, mais le Président Alpha Condé demeure toujours pleinement et inlassablement engagé dans cette exaltante œuvre de développement au service de toute la Nation Guinéenne. Notre pays est caractérisé par endroits, par des rancœurs générées par les anciens régimes, avec un soubassement ethnique plus ou moins prégnant, à telle enseigne que nous avons mis en place une commission de réconciliation nationale. Le Président Alpha Condé s’est engagé dans ce combat du rassemblement, de l’unité nationale, combat difficile et il le sait. C’est un énorme travail difficile qu’il faudra cependant affronter, le Président Alpha Condé sait ainsi que de la part de chaque leader politique, issu forcément d’une ethnie, et affirmant, dans le contexte actuel de notre pays, qu’il œuvre pour tout le pays et pas seulement pour son ethnie d’origine, cette affirmation sera difficile à entendre ; mais le Président Alpha Condé a quand même emprunté ce difficile chemin en réaffirmant cette vérité, à savoir qu’il est le Président de tous les Guinéens sans exception, et mieux, cette réaffirmation a été faite dans un milieu partisan où on aurait pu penser que le Président serait dans un discours plus agréable aux oreilles de ses partisans, d’où cela témoigne, de sa part, d’une sincérité d’engagement pour tout son peuple. On le voit, les facteurs d’une demande de 3e mandat, par des pans entiers du peuple, sont là. Et l’un des éléments déterminants du choix du prochain Président pour les Guinéens en 2020 sera, à n’en pas douter, cette sorte de jurisprudence créée par le Président Alpha Condé, à savoir la déclaration de dépassement ethnique pour servir le pays, plus précisément la déclaration solennelle de servir toutes les ethnies, et pas seulement la sienne. C’est une déclaration qui a été lancée il n’y a pas longtemps, mais tout semble indiquer, comme cela se passe dans les démocraties pour des sujets d’importance impactant directement la vie sociétale, que les acteurs politiques seront interpellés là-dessus pour édifier le peuple. Ainsi en France par exemple, les médias, les ONG (Organisations Non Gouvernementales), la société civile, ne manquent pas d’emmener les Politiques à dire leurs positions sur des sujets sociétaux tels que, par exemple, l’Islamisme, l’Islam en France ou de France, le traitement des Réfugiés, l’immigration, autant de sujets qui participent de la vie harmonieuse des populations, et dont les réponses apportées par les Politiques, sont attendues, exigées même, pour déterminer le choix des populations pour tel ou tel acteur politique en vue de conduire leurs destinées. En Guinée, où on ne peut objectivement pas dire que l’ethnocentrisme, ne serait-ce que dormant, n’est pas une réalité, nul doute que les médias, les ONG, la société civile, et même les chancelleries (dès lors qu’elles sont souvent emmenées à intervenir dans nos divergences internes) ne manqueront pas d’interpeller les Politiques sur cette déclaration solennelle de dépassement ethnique. On peut comprendre que ces institutions se retenaient sans doute d’agir dans un sens similaire, mais dès lors qu’un leader politique, qui plus est, le Président, a ouvert la voie, elles ne manqueront certainement pas de s’orienter dans cette voie. Le Président Alpha Condé sera alors en avance sur les autres prétendants à diriger notre pays, il sera encore en avance dans la phase de test ou d’épreuve qui suivra la phase de déclaration solennelle de dépassement ethnique, car les populations voudront logiquement éprouver les leaders ayant fait la déclaration solennelle afin d’être édifiées avant de leur accorder ou non leurs préférences. Les leaders qui ne voudront pas relever le défi du dépassement ethnique, dans les conditions d’interpellation ci-dessus décrites, se réduiront eux-mêmes à leur seul électorat traditionnel, ajoutant à la défiance ambiante qui pèse sur eux, en termes de traitement égalitaire de toutes les composantes du peuple sans accorder une position hégémonique à leur électorat traditionnel.  Alpha Condé en avance par-ci,  Alpha Condé en avance par-là, le 3e mandat apparait comme un fruit mûr qui va tomber et s’offrir à lui, le meilleur dirigeant pour conduire la Guinée jusqu’au stade irréversible de développement de notre pays.

Mais alors, c’est quoi ces polémiques sur la déclaration solennelle de dépassement ethnique faite par le Président Alpha Condé ! Mais alors, cette déclaration solennelle est-elle improvisée ou sortie à son heure ! Quand intelligence politique rime avec expérience politique, le tout d’une part, sur un socle d’exigence sur soi-même pour donner le meilleur à son peuple, et d’autre part de patience à toutes épreuves, faisant intégrer que toute chose vient à son heure, quand tout cela est réuni chez un homme comme c’est le cas pour Alpha Condé, il est prudent de peser, soupeser, à nouveau peser ses faits et gestes avant de se lancer dans des polémiques stériles, pour ne pas dire des inepties. Bruno Lemaire, candidat à la Primaire de la Droite en France pour l’élection présidentielle de 2017, disait récemment, en février 2016, en parlant de lui-même, que «mon intelligence est un obstacle». Cela peut prêter à sourire, mais un tel cas de figure peut être un obstacle à la compréhension à temps de la source d’intelligence.

Ibrahima Sory KEÏTA

Militant RPG/Arc-en-ciel  //Conakry

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