Censure

Coup d’État gabonais : Une action d’alerte d’individus incontrôlés (Alexandre Naïny Bérété)

Hier lundi, le peuple gabonais s’est réveillé dans la confusion en apprenant qu’un coup d’État serait en cours dans le pays, pour rendre sa liberté aux gabonais, disaient les plus enthousiastes.

Mais à  bien y voir, trois enseignements principaux peuvent être tirés de  ce que j’appelle une alerte à l’endroit du pouvoir en place.

1-Une alerte plus qu’un coup d’État

L’impréparation et l’amateurisme qui ont caractérisé cette tentative montrent tout simplement que ce coup n’a pas été préparé. Il révèle en outre que c’est une action spontanée de la part d’individus incontrôlés non soutenus par la haute hiérarchie militaire, même si l’expérience a démontré qu’en Afrique les jeunes officiers peuvent s’en passer, mais à la seule condition que le coup soit préparé et qu’il provienne de tous les corps d’armée.

Malgré la désapprobation du pouvoir Gabonais, ce coup n’a pas été bien accueilli par la population. Cela montre clairement qu’en Afrique la période des transitions militaires est révolue.

C’est également un message d’alerte à l’endroit de  la société civile pour lui dire que la situation actuelle, un président  malade et hospitalisé hors du pays depuis maintenant trois mois, ne  peut durer.

2- Le pouvoir Gabon, un pouvoir fragilisé

Depuis les élections présidentielles de 2016 qui a vu le président Aly Bongo l’emporté de seulement 6.000 voix d’écart, et où dans le fief du président candidat le suffrage exprimé était largement supérieur à la participation, le pouvoir Gabonais se savait affaibli et contesté ne tenant que par la bénédiction des militaires dont une toute petite partie s’est désolidarisée aujourd’hui.

Ce qui a fait que le coup n’a pas réussi, c’est aussi parceque les hauts gradés de l’armée tiennent encore à leurs privilèges du moment, ne souhaitant pas s’engager dans une démarche dont les issues sont incertaines.

3- Un coup d’État dans un contexte défavorable

Ce contexte, c’est celui de la région Afrique centrale et équatoriale où se trouvent les chefs d’État les plus éternels du continent. En outre, c’est une région en proie à des violences.
Au vu de la situation en RDC voisin où le pays est encore dans un processus électoral qui va peut-être voir le pouvoir perdre les élections au profit de l’opposition, ce coup d’État gabonais est irresponsable, inopportun et mal pensé.

En effet, le pouvoir congolais étant acculé de tous les côtés, aussi bien en interne qu’en externe, et qu’il cherche désespérément une parade pour passer en force, ce spectacle gabonais va faire en sorte que la vigilance de la communauté internationale retombe sur la RDC. C’est comme un pain béni pour Kabila et sa troupe, mais malheureusement pour eux, l’amateurisme des militaires gabonais aura eu raison de leur plan machiavélique.
Pour ces raisons, nonobstant le courage du jeune officier gabonais, son coup est irresponsable, encore moins qui ne mérite un quelconque soutien.
Il méritera le sort qui lui sera réservé.

Par Alexandre Naïny BERETE, étudiant à la faculté de Nantes

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