Censure

Exclusif/Voici comment le «Nabayagate » a été découvert…

(Notre dossier dirigé par Ibrahima S. Traoré)La presse a révélé ce jeudi que la ministre de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle, Zenab Nabaya Dramé, doit justifier dans ses comptes, environ 200 milliards. Mais comment on a découvert le pot aux roses ? Contrairement à ce qui se dit, ce n’est pas la commission de recensement des biens des hauts cadres, logée à la présidentielle [elle n’est pas encore fonctionnelle], qui a découvert les détournements présumés de l’actuelle ministre de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle ; mais le président Alpha Condé himself. Et c’est parti d’où ? Alpha Condé qui suit la traçabilité des financements extérieurs des partenaires aurait été mis au parfum de ce que l’argent donné par l’Agence française de développement (AFD)- 1 milliard 300 millions GNF- au ministère de l’Enseignement technique a été détourné.  Et que cela pourrait compromettre l’aide budgétaire de plus de 60 millions d’euros !

De cette affaire d’argent pour la lutte contre le Covid 19, tout a été révélé par les cadres interrogés par le président Condé, notamment. Ainsi, il a été découvert que pour l’organisation des examens nationaux (2019/2020), le service examen du ministère a  demandé 27 milliards de GNF. Ce que la ministre a majoré à 43 milliards GNF. Pour ne remettre au service demandeur que 15 milliards GNF. Sans justifier la différence soit 28 milliards GNF.

En plus, selon guineenews, « avec la complicité du ministère du Budget, elle a négocié et obtenu un crédit supplémentaire de plus de 35 milliards de francs guinéens pour, dit-on, équiper les centres de formation professionnelle (CFP) de Kankan, Kouroussa, Kerouané, Siguiri et N’zérékoré. Sachant que cette rubrique relève du volet investissement du budget national et de facto de la ministre du plan et du développement économique Mamakany Diallo, qui semble être regardante des procédures, elle a by-passé celle-ci pour utiliser la complicité du ministère Budget. Via une lettre adressée au ministère du budget (…), pour contourner la direction nationale des investissements (ministère du plan), elle a indiqué dans l’intitulé de ladite lettre achat ‘‘d’autres produits spécifiques’’ au lieu de mentionner ‘‘achat des équipements’’ qui aurait exigé des justifications en la matière. À date, l’argent a été décaissé, la liste des entreprises au nombre de 9 via un contrat de gré-à-gré existe mais aucun équipement n’a été acheté ; pour l’argent, seule la ministre Zenab pourra dire où les 35 milliards sont partis ».

Ce n’est pas tout, il aurait été découvert des trous béants de plus de 100 milliards GNF et 56 milliards GNF quand elle était DAF respectivement au ministère de la Santé et au ministère de l’Agriculture.

Alors questions : Comment Mme Zenab réussit-elle là où la plupart des ministres échouent : avoir des rallonges budgétaires ?

« Je sais que jusque sous mes pieds, une course est engagée pour ma succession »

Voici la réaction de Zenab Nabaya sur sa page Facebook.

Prenez mon poste, mais ne touchez pas à mon honneur ! Je ne suis pas émue, ni ébranlée par votre publication, car autant qui est coupable doit s’expliquer, je ne vois pas de raisons pour un innocent de se justifier. En attendant que vous n’apportiez la preuve des « faits » révélés dans votre « enquête » auprès sans doute de sources douteuses, je vous pardonne votre outrage et votre outrance. C’est dommage pour notre pays que la presse, très souvent, soit complice de cadres et personnalités qui ont prospéré dans la délation, le mensonge, le clientélisme, et pour parvenir à leurs fins sont prêts à tout, à abuser de tout le monde, quitte à détruire des vies et des réputations établies. Dieu aide le pays et le Président à se débarrasser enfin du mal du carriérisme et des intrigues qui minent l’administration et font depuis toujours le malheur de la Guinée. 

J’insiste, je n’ai rien à me reprocher ni à cacher. Le moment venu, la vérité sera connue de tous et Dieu rendra justice. 

En attendant, j’informe, -pour ceux qui s’en inquiéteraient ou en douteraient de bonne foi-, que je n’ai été, à ce jour, mise en cause dans aucune affaire relevant de ma gestion actuelle ou antérieure : à commencer par Monsieur le Président de la République,  personne ne m’a encore incriminé ou interpellé à propos de prétendus détournements, encore moins m’intimer de rembourser quoi que ce soit. Je défie quiconque de prouver le contraire.

A la veille du remaniement ministériel qui aiguise les pires appétits et nourrit des tensions mortelles  entre d’innombrables « ministrables », je sais que jusque sous mes pieds, une course est engagée pour ma succession, semble-t-il, ouverte. Je ne m’en préoccupe pas. Mais, mon honneur et ma réputation de femme, si. Au prix de ma vie, je les défendrai. Il y a le procès des hommes et le tribunal de Dieu. 

La pilule difficile à avaler

L’on pourrait dire que le scandale, révélé, de cette fin d’année est celui portant sur plus de 200 milliards de GNF impliquant en premier lieu la ministre de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle, Zenab Nabaya Dramé. Ces 200  milliards portent sur trois dossiers aussi bien à l’Agriculture, la Santé (deux départements où la dame Nabaya était DAF) qu’à l’Enseignement technique où elle est présentement ministre. Il a fallu le dossier de l’AFD pour que l’attention du chef de l’Etat soit attirée sur la gestion peu catholique au sein de ce département. De fil en aiguille, l’on s’est rendu compte que madame Nabaya gère et a géré des dossiers aussi sales les uns que les autres. Le Président tenait là le bon bout. Ou du moins tient le bon bout car il lui revient de couper toutes les têtes de l’hydre budgétivore qui sévit dans les finances publiques. Il coule de source que, si les informations qui circulent sont avérées, Zenab Nabaya n’a pas pu à elle seule détourner environ 20 millions d’euros. Les complicités tant aussi bien dans son département, au ministère du Budget, qu’à la Banque centrale doivent être situées. Surtout que l’on n’est pas sûr qu’il n’y a pas d’autres scandales latents au sein de ce panier à crabes. Les relations de ‘’complicités’’ entre le ministre Ismaël Dioubaté et dame Nabaya sont un secret de polichinelle dans l’environnement financier du pays. En sa qualité de ministre du Budget, c’est lui qui nomme les DAF des différents départements ministériels. Et en dehors d’être des fameux 518, Zebab Nabaya a tout de même été DAF dans deux départements ministériels stratégiques tels que l’Agriculture et la Santé. Et en suivant mon regard, l’on se rend aisément compte qui est à la base de ces nominations. Et c’est tout de même curieux que l’on ait fait fi de l’orthodoxie financière en la matière pour procéder à des décaissements non prévus par la loi des finances initiale. La ministre Zenab Nabaya a beau crier qu’elle ne se reproche de rien, la pilule est quand même difficile à avaler. Les faits sont assez exposés et il lui suffit simplement de les démentir par des preuves. Que des personnes, à la veille d’un remaniement ministériel d’envergure veuillent lui chercher noise, ça c’est une autre histoire, mais le problème est de battre en brèche les accusations pertinentes portées contre elle. Ce qu’elle n’arrive pas à faire jusqu’à présent.

Le Président Alpha Condé a dédié son présent mandat aux  jeunes et aux femmes. C’est ainsi qu’il a fait confiance à des jeunes et des femmes en  leur confiant des postes de responsabilité au sein de l’administration. Mais tout porte à croire que ces femmes et jeunes sont encore plus voraces que leurs ainés, pressés qu’ils sont de construire, acheter des appartements en France, faire la bamboula et se la couler douce. Ils sont aussi les ‘’petits’’ du Président qui les couve et protège autant qu’il peut. Mais jusqu’où pourra-t-il aller ? Il a fait de la lutte contre la corruption et les  détournements de deniers publics son cheval de bataille du mandat actuel. Pourra-t-il respecter cet engagement puisque le ver est déjà dans le fruit ? Wait and see !

Dossier réalisé par Ibrahima S. Traoré et Abdou Lory Sylla pour guinee7.com

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