Censure

La Guinée un pays sans Etat, une population sans espoir ? (par Aissatou Cherif Baldé)

Depuis les élections présidentielles de 2010, la Guinée vit un cycle de violence inédit où opposition et mouvance s’accusent mutuellement d’être à la base de la tragédie et l’instabilité politique que vit ce pays depuis l’arrivée de Alpha Condé au pouvoir.

Et pourtant la population guinéenne vouait l’arrivée de Alpha Condé à la tête de l’Etat guinéen (si Etat y’en a), un avenir radieux, puisque faisant partie de  cette classe politique guinéenne qui a œuvré à l’instauration d’un système démocratique  en Guinée. Mais cet espoir s’estompe peu à peu, laissant place à un désespoir total de la population et surtout la couche juvénile qui se trouve aujourd’hui confrontée à toute sorte de maux (chômage, violence, manque d’éducation ….) d’une nation sans Etat. La population guinéenne voit s’agiter les élites politiques  alors que sur le terrain, leur vie  n’a pas changé.

En effet, les routes goudronnées, les écoles ou les hôpitaux sont toujours aussi rares dans le pays. Certaines régions de la Guinée vivent en marge de tout progrès.

Pourtant, avec un nombre record de ministres et de partis politiques pour une population d’environ 10 Millions d’habitants, les dirigeants ne manquent pas. Mais la Guinée est gangrenée par la corruption, l’ethnocentrisme, le népotisme, le clientélisme. « Chacun veut sa part du gâteau ». Il est en effet évident que les ambitions personnelles l’emportent sur le souci d’édifier un État stable dans la continuité et de répondre aux besoins de la population ».

Dans ce pays fort de plusieurs peuples différents, où l’identité ethnique prime encore sur l’identité nationale, tout incident peut déboucher sur des violences interethniques. Mais mouvance et opposition  n’y prêtent point attention, puisque issues tous de cette génération qui depuis plus de 50ans pillent le pays, pratiquent la politique du ventre pour instaurer un système de client-patron entre eux et leurs militant, qui par manque de culture politique, d’identité nationale commune forte et d’éducation, n’a d’autre choix que de suivre une classe politique inefficace et irresponsable. Une classe politique habituée à des compromissions contre nature pour avoir des postes ministériels.

La Guinée est un pays où l’ordre des choses est fortement perturbé. Un désordre, une image de la décadence que le pays vit, voulu pour désorienter et semer plus de chaos. De la violence postélectorale en passant par la grève des syndicats, jusqu’à l’expulsion du sol guinéen du panafricaniste Kémi sèba, démontrent ici à suffisance que le choix de Alpha Condé a pris de l’eau.

Il est impératif et urgent d’avoir une nouvelle classe politique efficace et responsable en Guinée qui suppose des individualités intègres et compétentes en la matière. Car il faut comprendre que, à part quelques nominations aux postes ministériels ou de premiers ministres, les femmes et hommes politiques engagés en politiques n’ont jamais eu l’opportunité de tenir les gouvernails de ce pays même si Alpha Condé le seul président élu est entrain de porter un coup de frein à l’élan démocratique, puisqu’ayant en face de lui une opposition qui brille par son amateurisme et son inefficacité. La classe politique guinéenne ne voyant actuellement aucune perspective d’avenir, puisque le gouvernement guinéen organise des élections qu’elles gagnent, se rallient au pouvoir de Alpha Condé pour faire la politique du ventre. Et de fil à aiguille, la contagion  gagne et s’installe dans l’esprit et est devenue une règle, puisque tous les ministres déchus de Alpha deviennent tous des politiciens ou adhèrent au parti du chef de fil de l’opposition. Ainsi, s’en suit l’impunité qui favorise la corruption.

Les gouvernants en Guinée deviennent alors des corrupteurs et des corrompus à la fois. Tel est le cas aujourd’hui en Guinée.

Quelle leçon et message du civisme, de moralité, d’étique et d’intégrité venant au plus haut sommet de l’État qui n’hésite pas à soudoyer à coup de million de francs guinéens pour parvenir à ses fins ! Et après on s’étonne de la propagation de l’incivisme !

Pour éviter que l’anarchie s’installe en Guinée, il faut imperativement avoir des hommes et femmes politiques forts et engagés, car on ne peut pas se passer d’une classe politique quelque soit la dégradation économique et sociale du pays et quelque soit le témoignage négatif qu’ont laissé certains responsables politiques. Favoriser l’alternance de nature à donner une bouffée d’oxygène à la classe politique en friche, avec une autre manière de faire de la politique autrement, reste à mon avis incontournable. Le Renouveau, reste donc une solution crédible pour redorer son blason et renouer confiance avec le peuple.

Il est vrai que je suis de ceux qui jettent toujours des pierres à la classe politique, tout parti confondu. Mais ma démarche s’inscrit dans une pensée positive pour la refondation et le renouveau de la classe politique guinéenne et travailler au renouvellement des ressources humaines.

« Faire de la politique c’est faire le choix de servir son pays et non se servir de son pays pour des raisons égotiques et égoïstes. C’est un engagement dans un esprit de responsabilité. Un pays ne peut pas se passer de la classe politique. Ce n’est pas une question d’hommes, d’époque ou d’appartenance régionale, ethnique ou socio culturelle, mais un principe habité dans un état d’esprit de service et de responsabilité »

Baldé Aissatou Cherif

Politologue Hambourg

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