Censure

Lansana Diawara, président de l’AGUB à propos de la grève des banques : ‘‘Il faut qu’on respecte les clients’’

Jeudi dernier, les banques avaient baissé les rideaux de 8h à 14h, parce que leur syndicat, la Fesabag, voulait être solidaire de Pride Finance et de Yètè Mali, deux institutions de microfinance qui, selon le syndicat sont en  ‘’difficultés financières’’.  Et coup de théâtre, Yètè Mali, ce jour a travaillé et a démenti être en difficulté financière. Comme quoi, les banquiers ont fait subir à leurs clients des dommages qui n’en valaient pas la peine. Pour en parler, nous avons tendu notre micro à M. Lansana Diawara, président de l’Association Guinéenne des Usagers des Banques (AGUB).

Guinee7.com : M. Diawara, quelle appréciation faites-vous du débrayage des banques sous la conduite de la Fédération Syndicale Autonome des Banques et Assurances de Guinée (FESABAG) dans  la journée du jeudi 14 aout de 8 heures à 14 heures ?

M. Lansana Diawara : Je pense qu’il faut d’abord signaler que le débrayage n’est pas reconnu par la loi guinéenne. Voilà la première incohérence. La seconde incohérence,  c’est que la  FESABAG n’a pas affiché des notes dans les différents établissements bancaires pour indiquer que les banques resteront fermées jusqu’à 14 heures. La troisième incohérence, c’est qu’il n’y a pas eu de service minimum dans les établissements bancaires pour au moins respecter les clients. Parce que l’on ne parle  de l’existence d’une banque que lorsqu’il y a des clients. On dit souvent que le client est roi. C’est pourquoi, nous pensons que le débrayage n’est pas normal. Mieux, la FESABAG n’a pas notifié en clair pourquoi il y a une solidarité vis-à-vis de Yété Mali et de Pride Finance. Elle dit simplement que ces banques là se trouvaient dans les mêmes conditions que la BADAM. Il est important qu’elle discute de manière plus approfondie avec la direction de surveillance bancaire qu’est  la Banque Centrale, habilité à résoudre ces problèmes. Ce qui est très grave, c’est que je pense qu’il y a un mépris des acteurs de la FESABAG à notre égard.

Pourquoi vous le dites?

Parce que  ce que je ne peux pas comprendre, qu’on ferme une institution bancaire sans contacter l’AGUB pour qu’à notre tour on puisse sensibiliser les gens afin que nous menions des actions concertées concrètes face à cette situation. Surtout que nous avons une bancarisation très faible. On devrait s’y mettre pour résoudre ce problème de manière très pacifique. Nous n’avons pas été contactés par la FESABAG qui est une organisation autonome. L’AGUB est aussi une organisation autonome. Nous devrions avoir des actions concertées, raison pour laquelle, on a souvent écrit à la FESABAG, mais en aucun cas, la FESABAG n’a écrit à l’AGUB. Je pense qu’à un moment donné, il ne faudrait pas montrer qu’on peut régner dans un secteur en maitre absolu sans pour autant respecter le droit sans pour autant respecter les intérêts des uns et des autres.

D’ailleurs, je félicite les travailleurs de Yètè Mali qui n’ont pas respecté ce mot d’ordre et qui ont travaillé. Je les félicite car ils ont vraiment respecté les clients. C’est un atout. N’eût été leur compréhension, ils allaient fermer comme les autres. Et ça allait avoir des conséquences. D’ailleurs, nous allons écrire au Président de l’Assemblée nationale pour qu’on impose aux gens afin qu’ils
respectent les principes et que ceux-là qui ne les respecteront pas, qu’il y ait des sanctions. Parce que ce n’est pas au nom d’un droit que vous réclamez que vous allez brimer le droit d’un autre. C’est inadmissible.

Quelle solution préconisez-vous pour sortir de cette impasse ?

Comme je vous l’ai dit, nous allons écrire à l’Assemblée Nationale pour qu’elle statue par rapport à cette situation et de l’autre côté, nous allons lancer une pétition au niveau de tous les clients. Parce que de la même façon que la FESABAG est en train d’agir, si nous agissons de la même manière, il n’y aura pas de travail dans les banques. Puisque les patrons des établissements bancaires vont se
retrouver dans l’obligation de renvoyer certains travailleurs. On parle de rémunération, c’est quand il y a du travail et c’est lorsqu’il y a des clients. Je pense qu’il faut qu’on respecte les clients et qu’on respecte les engagements pris dans le cadre du travail. Ce qui pourra permettre à accroitre le taux de bancarisation qui est encore confiné à 7 pour cent. L’un des taux les plus faibles du monde.

Enfin, je tiens à préciser que l’AGUB n’est pas contre que les travailleurs des banques  observent une grève afin qu’ils  soient dans de bonnes conditions.  Mais  il faudrait que ça se fasse dans les règles de l’art !

Propos recueillis par El Hadj Mohamed Koula Diallo

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