Censure

Les grandes révélations de Tibou Kamara (Interview exclusive)

Le ministre d’Etat, ministre conseiller personnel du président Alpha Condé nous parle dans cette grande interview, de ses relations avec Alpha Condé, Cellou Dalein ; mais aussi de la période de Transition militaire où il a joué un grand rôle, près du Général Sékouba Konaté.

Pourquoi avez-vous accepté de travailler avec le Président Alpha Condé ?

D’abord, on ne refuse jamais de se mettre au service de son pays, surtout quand on en a l’occasion, et ensuite le Président Alpha Condé, beaucoup ne le savent pas, je le connais depuis de longues années et je connais la vision qu’il avait pour le pays ; malheureusement il a rencontré beaucoup de difficultés liées à l’environnement social, mais surtout au comportement de l’élite en général dans  notre pays. Il était donc nécessaire de venir à ses côtés pour l’assister, afin que les erreurs par exemple du premier mandat ne soient pas commises et qu’il ait quelqu’un qui est habitué à lui, qui le connait et qu’il connait aussi,  avec lequel il peut discuter en toute franchise et en toute vérité. Mais la décision, comme je le dis toujours, lui appartiendra, lui-même, si vous vous rappelez, il avait dit être handicapé à la disparition de son frère, puisque c’est lui qui connaissait le pays, qui connait également l’administration et que cela a un peu parasité son premier mandat. Vous savez, un président a besoin d’hommes de confiance qu’il connait, le plus souvent avant même d’avoir accédé au pouvoir, avec lesquels il peut avoir une histoire. Or, malheureusement, la plupart des présidents ne découvrent l’élite que lorsqu’ils arrivent au pouvoir, et comme c’est pratiquement les mêmes qui sont là depuis des années, même s’il y a une volonté de rupture, elle est beaucoup plus difficile à mettre en œuvre que lorsqu’il s’agissait d’une alternance véritable qui se traduirait par une rupture, aussi bien dans la politique que dans le choix des hommes.

Lorsqu’on dit que le président n’est pas ouvert aux conseils, moi je dis généralement que ce n’est pas vrai

Quel peut être le rôle d’un conseiller du président, dans un contexte où on dit que d’un côté, le président Condé est très difficile à conseiller et de l’autre, on a l’impression que les choses ne sont pas totalement maitrisées ?  

Moi, je crois qu’un conseiller donne un avis lorsqu’il estime que cet avis peut être utile pour le président, ou alors le président le consulte lorsqu’il estime que c’est nécessaire de le faire, avant de prendre une décision importante. Nous donnons des avis, nous faisons des suggestions, mais personne ne peut prendre la décision à la place du président ou agir à sa place.

Lorsqu’on dit que le président n’est pas ouvert aux conseils, moi je dis généralement que ce n’est pas vrai. Ce que les gens attendent du président, c’est qu’il fasse ce qu’ils veulent qu’il fasse. Donc, quand il ne fait pas ce qu’ils veulent, ils disent « le président est fermé au débat et n’écoute pas les conseils », il ne faut pas aller donner un conseil au président avec l’idée de l’influencer dans le sens de ce qu’on souhaite, ou de lui imposer ses choix et ses décisions. Une fois que chacun connait sa place et ses limites, je pense que le dialogue devient plus facile, et la confiance s’instaure plus facilement. On a pris l’habitude, dans ce pays, à imposer au chef ses idées, ses choix et même parfois de l’influencer dans son propre intérêt qui n’ont rien à avoir avec le pays. Donc moi, je pense que le président peut avoir des difficultés avec ceux qui viennent avec l’idée de l’amener dans le sens de ce qu’ils veulent et qui, le plus souvent, est contraire à l’intérêt du pays. Et d’ailleurs, vous remarquerez que le président se méfie de plus en plus des conseils et dit publiquement parfois avoir peur du Guinéen, dans la mesure où il le dit lui-même, ce n’est pas un secret, que si tu écoutes le Guinéen, on peut perdre ses meilleurs amis et se priver des soutiens les plus utiles. Donc, à force d’entendre des choses qui ne sont pas toujours vraies, ou voir beaucoup tenter de manipuler sa décision, il a fini, bien sûr et c’est tout à fait légitime, de se replier sur lui-même et d’être beaucoup plus vigilant, lorsqu’il s’agit d’informations qu’on lui donne, ou des conseils qu’on voudrait lui prodiguer.

le président ne peut être la chose de personne, l’otage de personne ; il est au service de la Guinée

Ça se tape dessus par presse interposée dans l’entourage du chef de l’Etat où une véritable cacophonie règne. Quels commentaires en faites-vous ?

C’est dommage ! Dans la mesure que si on est tous au service du pays, on voudrait chacun être utile, à la place qui est la sienne, au président. Il n’y a pas de raison de se faire la guerre, parce que moi je pense qu’il y a de la place pour tout le monde dans le pays, et que plus de monde il y a autour du président, mieux c’est pour lui ; il aura plusieurs avis et il va être amené à écouter plusieurs sons de cloche, et cela ne fera que l’éclairer de plus dans les décisions qu’il aura à prendre et dans les choix à faire. Mais aujourd’hui, comme je viens de le dire, les luttes de pouvoir sont souvent liées à l’ego, à la volonté d’hégémonie des uns et des autres et surtout à l’emprise que chacun voudrait à lui seul exercer sur le président de la République. Ce n’est pas possible, le président ne peut être la chose de personne, l’otage de personne ; il est au service de la Guinée, il a le devoir d’écouter tous les Guinéens, de ne pas servir un camp contre un autre, ou être l’homme d’un clan ou d’une tribu. Le chef de l’Etat est nécessairement au-dessus de la mêlée. C’est même une obligation constitutionnelle de travailler à l’unité des Guinéens, sans aucune discrimination, sans aucun esprit d’exclusion. Ceux qui estiment que d’autres n’ont pas leur place auprès du président ou qu’ils sont les seuls capables d’assumer les fonctions dans le pays, ce sont ceux-là qui pratiquent l’exclusion et créent une tension inutile autour du président, qui le gênent dans son action quotidienne et surtout polluent l’atmosphère au sein de l’institution présidentielle et en général dans le pays.

Depuis longtemps, le président sait que le président de l’UFDG est un ami

Dans le microcosme politique guinéen, vous êtes vu comme un ‘‘suspect usuel’’. Dans l’opposition vous êtes l’homme d’Alpha Condé et dans la mouvance, vous êtes l’homme de Cellou Dalein, son principal opposant. On est tenté de vous demander, pour qui roule Tibou Kamara ?

Moi, je roule pour le pays, pour les valeurs auxquelles je crois, mes convictions et mes idées personnelles. J’ai déjà eu l’occasion de le dire, moi je suis très à l’aise, et je m’assume pleinement ! Je ne suis pas une personne qui dit une chose le jour et fait autre chose la nuit. Dès le début, et depuis longtemps d’ailleurs, le président sait que le président de l’UFDG est un ami, je ne l’ai pas connu en tant que leader politique, je l’ai connu dans d’autres circonstances de la vie, lorsqu’il était notamment dans le gouvernement ; notre amitié est née dans des circonstances différentes du contexte politique dans lequel il évolue aujourd’hui. La politique ne nous a pas unis ou réunis, ce n’est pas à cause de la politique que nous allons nous séparer. Moi, j’estime qu’on fait des choix dans la vie et qui vont au-delà des frontières naturelles de la politique ou des combats liés parfois aux luttes du pouvoir. Cellou est un ami et je pense qu’il l’a montré en de maintes reprises, tout comme moi, à chaque fois que j’ai eu l’occasion de le dire. Je connais l’homme depuis de longues années, j’ai assumé l’amitié qu’il y a avec lui, qui n’a rien à avoir avec un choix politique que je serais amené à faire, et cela aussi est de mon droit, et je pense que c’est la liberté de tout citoyen de choisir. Ce que je reproche d’ailleurs à beaucoup, c’est de parler en mon nom et de choisir à ma place, parce que je suis suffisamment grand, lorsqu’il s’agira de faire un choix politique, je le ferai moi-même et n’attendrai pas quelqu’un. Lorsque je l’aurais fait, je n’aurais pas besoin de quelqu’un pour le dire à ma place. Le Président Alpha Condé, je l’ai connu aussi il y a de cela plusieurs années, et nous avons fait beaucoup de chemin ensemble dans la vie, donc je pense que c’est ce qui fait qu’aujourd’hui, malgré les épreuves et aléas de la vie, je sois encore à ses côtés dans une amitié aussi solide que celle qui nous a liés par le passé et dans une confiance totale, comme celle qui a caractérisée nos relations avant même qu’il n’accède à la magistrature suprême de notre pays. Je pense que je ne tire aucun avantage personnel de la relation avec l’un ou l’autre, mais je suis très heureux de constater que l’amitié de l’un et la confiance de l’autre aident à créer un climat de dialogue entre eux, donc à favoriser la paix dans notre pays, parce que c’est cette relation de confiance que j’ai avec les deux hommes qui permet aujourd’hui de les rapprocher davantage, d’établir un pont pour un dialogue, pour éviter finalement à notre pays des crises inutiles liées à un manque de dialogue et à une défiance l’un par rapport à l’autre. Donc, je pense qu’il n’y a rien de suspect, puisque le président de l’UFDG connait mes relations très anciennes avec le président Alpha Condé, et lui aussi sait depuis qu’il était dans l’opposition que je fréquentais le président de l’UFDG, qu’on a cultivé un climat de confiance ; lui-même d’ailleurs, lorsqu’il parle de Cellou, dit : ‘’ton ami’’.

C’est dire que cela ne gêne pas outre mesure que j’ai cette amitié avec Cellou et je pense que cela lui est utile dans le dialogue nécessaire avec le chef de file de l’opposition, tout comme Cellou a besoin quand même d’être compris par celui qui dirige notre pays.

Mon bonheur, c’est de pouvoir contribuer à cela et je pense que chaque Guinéen qui est attaché à la paix, s’attend à ce que le rapport politique soit plus apaisé, puisque nous avons connu trop de violences et de tensions dans notre histoire politique, pour qu’on veuille recommencer avec cela. Tout Guinéen responsable se réjouit de voir que la paix règne et de voir que les deux acteurs qui sont responsables de cette paix dans notre pays se parlent davantage, grâce à justement celui qu’ils appellent leur ami commun.

Vous avez été appelé pour entre autres ‘‘polir’’ l’image du président Alpha Condé dans la presse, mais aussi ‘‘civiliser’’ ses rapports avec son principal opposant, Cellou Dalein. Qu’est-ce qu’aujourd’hui, vous avez le plus réussi ? 

Moi, je pense que le dialogue entre le président de la République et le chef de file de l’opposition n’enlève en rien les droits à la politique. Ils sont des adversaires politiques, engagés pour l’un à conserver le pouvoir et pour l’autre à le conquérir ; tout cela peut se faire dans une cohabitation intelligente, dans le respect des valeurs de la démocratie, tout en préservant ce qui y a de plus essentiel, notre pays. Vous savez, moi je suis convaincu qu’à notre époque, les médias jouent un rôle essentiel, parce qu’à travers eux, on a une idée, une opinion, une perspective de chacun, une perception négative ou positive de l’action publique ; c’est pour cela, l’une des missions que je me suis assignées et que le président a déjà pris en compte en me donnant un mandat formel pour cela, c’est de créer entre les médias et lui un climat de collaboration, parce que les médias ont besoin des pouvoirs publics pour avoir l’information et les pouvoirs publics, des médias pour être mieux compris dans les choix à faire et dans les décisions qui sont prises. Vous remarquerez d’ailleurs que le chef de l’Etat joue bien le jeu, il a un regard différent sur la presse, les journalistes ont plus accès à lui et il se prête volontiers à leurs questions, avec les rencontres qu’on a eues, notamment les déjeuners et les cocktails avec sa présence effective, on a assisté à une détente relative aux différentes rencontres, jadis tendues entre la presse et le président de la République, au point qu’aujourd’hui dans tous ses déplacements, une équipe de journalistes, pas seulement de la presse publique, lors de ces déplacements, ils les rencontre pour échanger avec eux. C’est ce que nous voulons. Le dialogue entre le président et la classe politique, entre le président et les médias et enfin entre le président et l’ensemble des Guinéens ; il a le devoir de se mettre à l’écoute des aspirations profondes.

Vous étiez très critique à l’égard du gouvernement Youla. Vous l’êtes de moins en moins. Est-ce parce qu’à vos yeux, il fait des résultats ?

Je pense que les réaménagements que M. le Président vient de faire montrent qu’il y avait un besoin d’améliorer l’action gouvernementale, parce que quand on remanie un gouvernement, c’est pour qualifier davantage son action, corriger ce qu’on estime ne pas marcher dans ce gouvernement. Moi, j’ai constaté que le gouvernement rencontrait des difficultés qui étaient la défiance du parti au pouvoir à son encontre et les critiques fondées ou non de l’opinion à son encontre. Lorsqu’on n’a pas le soutien du parti au pouvoir et on n’a pas une légitimé dans l’opinion avec un soutien et une adhésion réelle, je constate qu’il est difficile dans ces conditions de réussir sa mission et son mandat. Evidemment, nous sommes solidaires des choix et des actes du président de la République, y compris la composition du gouvernement. Une fois qu’il choisit ses équipes, nous avons l’obligation de nous soutenir mutuellement pour travailler les uns avec les autres dans un esprit de loyauté et de solidarité, parce que même si la loyauté et la solidarité n’excluent pas de reconnaitre les faiblesses et d’attirer l’attention du président sur ce qu’il y a lieu de faire, pour aller dans le sens de l’aspiration populaire et de prendre en compte et au mieux les attentes des Guinéens, donc il n’y a pas de gouvernement parfait, il n’y a pas d’équipe ministérielle irréprochable ; mais  ce que nous souhaitons, c’est que chaque fois que le président sera amené à faire des remaniements, aussi bien pour le gouvernent que les autres fonctions, qu’il y ait la plus grande adhésion possible. Moi je pense que le gouvernement a le devoir de faire mieux, parce que le président a droit qu’à chaque fois qu’il constate que le gouvernement n’est pas à la hauteur de son attente personnelle, mais aussi de l’espérance des populations, de procéder aux changements nécessaires. J’ai l’habitude de dire que de nous tous, seul le président est élu et a un mandat bien déterminé dans le temps, aucun ministre n’est inamovible. Le président peut changer autant de fois qu’il le souhaite et à tous les postes qu’il souhaite, parce qu’il est de son devoir de faire de telle sorte que l’action gouvernementale soit la plus performante que possible, parce que devant l’histoire et l’opinion, il a un bilan à présenter et le temps d’un mandat est souvent court. Il n’y a pas de temps à perdre, lorsqu’on constate des insuffisances ou qu’on n’est pas satisfait de certains choix qu’on a eu à faire. Le président se définissant lui-même comme un homme pressé, il est évident lorsqu’il s’agit d’apporter des changements importants allant dans son intérêt et dans celui du pays, il n’y a pas de temps à perdre, mais malheureusement, parfois, il y a une certaine insuffisance de l’opinion publique face à certains changements qui sont attendus mais parfois ne viennent pas.

Ce n’est pas au président de suivre le rythme du gouvernement, mais le contraire

Le président bouge beaucoup. On a comme l’impression qu’il est beaucoup plus dynamique que son gouvernement. C’est aussi votre avis ?

C’est mon sentiment profond, normalement, on sent une volonté d’énergie chez le président de changer le pays et de faire en sorte que l’action publique soit mieux perçue dans notre pays par certaines réformes importantes. Or, l’énergie et la volonté du président ne sont pas partagées par la plupart de ses collaborateurs, comme le gouvernement, ce qui explique parfois ce qu’on pourrait appeler un retard au démarrage, et le président lui-même se plaint des fois que les gens ne travaillent pas comme il le souhaite et ne donnent pas les résultats le plus rapidement possible, comme il le souhaite le plus souvent. Ce n’est pas au président de suivre le rythme du gouvernement, mais le contraire, il est évident que le président veut des résultats et très vite, or on ne sent pas cet enthousiasme chez tous, et cette détermination envoie des résultats chez la plupart d’entre nous, et cela d’ailleurs pénalise l’action du président et retarde les résultats nécessaires à un bilan élogieux. Je pense qu’il en est lui-même conscient et qu’il fera des changements nécessaires pour qu’il y ait une harmonie dans le changement du pays et dans l’action menée par le gouvernement.

Parlons maintenant de la Transition. Vous avez été l’un des principaux collaborateurs du Général Konaté. Et par extension, la junte au pouvoir après la mort du Général Conté. Est-ce que vous pouvez revenir sur les épisodes clé de cette collaboration ?

C’est une collaboration excellente, dans la mesure où j’ai bénéficié -je dois le dire avec un sentiment de reconnaissance et d’amitié à l’endroit du Général-, de sa confiance totale et de son soutien indéfectible ; ce qui nous a permis, malgré les difficultés et les entraves que nous avons pu rencontrer pendant la Transition, de parvenir au résultat que chacun salue aujourd’hui, qui est d’organiser les élections pour qu’un civil arrive à la tête de notre Etat, poser les premiers jalons de la démocratie et finalement passer d’un pouvoir militaire à un pouvoir civil démocratique. Je pense que ce pari, qui nous était commun, nous l’avons réussi, parce que j’ai pour habitude de dire qu’aucune œuvre humaine n’est parfaite, mais le but qui était d’organiser les élections et de céder la place au pouvoir qui serait issu des urnes a été atteint et constitue pour chacun de nous un réel motif de fierté, et on sent aussi un sentiment de reconnaissance chez la majorité des Guinéens, pour avoir su accomplir cette modeste œuvre pour notre jeune nation. Donc, je pense que je garde de très bons souvenirs de la transition, en particulier de la collaboration avec le Général Sékouba Konaté qui, dès le début, a fait part de sa volonté d’être dans une fonction de supervision, de contrôle, d’impulsion de la transition, en laissant le mandat à ses collaborateurs, moi, le gouvernement et d’autres, de conduire au quotidien les détails de la feuille de route qui nous avait été assignée, à la faveur de l’accord de Ouagadougou qui a déterminé un peu le cap de la transition que nous avions conduite. Donc, je peux dire que la mission a été accomplie, certes avec des insuffisances, mais avec des résultats probants.

ce n’est jamais facile d’accepter une défaite, ce n’est jamais facile d’avoir le triomphe modeste

Avec du recul, comment pouvez-vous qualifier la transition militaire ? Un épisode douloureux qu’on aimerait effacer de l’histoire de la Guinée ou un mal nécessaire ?

Nul n’est prophète chez soi, et puis il faudra parfois du temps et du recul pour que certaines œuvres soient accomplies, mais aussi soit jugées à leur juste mesure, mais aussi à leur juste valeur. Vous savez que la Transition, ce que beaucoup d’entre nous en retiennent, c’est l’épisode des élections qui n’a pas été de tout repos et constitue jusqu’à présent un sujet de polémique ; mais moi je pense que c’est moins celui qui a été élu ou les conditions dans lesquelles les élections se sont organisées, et puis le fait d’avoir négocié ce tournant de notre histoire et d’avoir pu entamer notre longue marche vers la liberté et vers la démocratie, aujourd’hui c’est un acquis que le président soit élu au suffrage universel et que ce soit à la faveur d’une consultation populaire qu’on ait notre président ; ce n’est pas un régime militaire ni un régime d’exception. Le pays a connu beaucoup d’élections avec parfois les mêmes critiques, mais nous continuons tant bien que mal le chemin qui mène à la démocratie véritable, qui n’est jamais parfaite, à laquelle nous aspirons chacun et tous. Il faut voir ce qu’il y a de positif dans notre histoire et tirer des leçons, des erreurs qui ont pu être commises, pour parfaire l’action que nous devons mener, afin d’arriver à un consensus aussi bien sur les élections, sur la façon dont elles se déroulent et aussi un consensus ou une acceptation des résultats qui sont issues des urnes. Vous savez, nous faisons l’apprentissage de la démocratie, et ce n’est jamais facile d’accepter une défaite, ce n’est jamais facile d’avoir le triomphe modeste. Parce que l’Afrique est une société de consensus et même parfois de pensée unique, et donc les contradictions et les tensions de la démocratie ne sont pas propres à nos sociétés, c’est un apprentissage progressif, mais quel que soit ce qui arrive, nous sommes condamnés à vivre ensemble et à agir dans le même sens, pour que justement ce qu’on reproche à certains aujourd’hui, qu’on n’ait pas à le faire à d’autres demain. Nous, nous avons fait notre part de devoir, je le dis encore, avec certes des incertitudes, des insuffisances et même des critiques, que je comprends, mais nous l’avons fait et d’autres aussi feront leur part de devoir avec certainement aussi les mêmes critiques et les mêmes réserves. Mais l’essentiel c’est de bâtir une œuvre commune, et de renforcer des acquis aussi maigres soient-ils, quelles que soient les époques.

moi je ne suis coupable de rien, pendant la transition, ni de crime de sang, ni de crime de gestion

C’était quand même la période pendant laquelle environ 150 personnes, selon les ONG, ont péri dans un stade, victimes d’une horde de militaires ; mais aussi une période de gabegie financière…

Pour ce qui est de la première phase de la Transition et de la tragédie du Stade du 28 Septembre, je suppose, à laquelle vous faites allusion, c’est vrai, c’est une tâche noire dans l’histoire de notre pays. L’essentiel c’est que les crimes ne restent pas impunis, que les tragédies comme celle du 28 Septembre éclairent notre action, l’avenir, et nous protègent d’autres violences demain. C’est ce qui est le plus important, c’est pour cela chacun tient à ce que la vérité soit connue dans ces évènements, pour que les familles puissent faire leur deuil, que justice aussi soit rendue, pour que la culture de l’impunité, qu’on reproche souvent à notre pays, ne s’instaure pas davantage et n’encourage pas à récidiver dans ces crimes. Donc, moi je pense que c’est triste, que c’est tragique, et c’est pour cette raison que nous réclamons la justice.

Quant à la gabegie, on en a beaucoup parlé, mais j’avoue qu’il y en a eu très peu de preuves de cette gabegie, et s’il y en a eu, il n’y a pas eu de suite qui a été réservée. Cela aussi n’est pas du tout normal d’accuser sans preuve, tout comme on a des preuves de crimes ou de délits établis de ne pas punir les actes pour ne pas qu’ils aient à se répéter et je dirais encore, sans tomber dans la provocation, que lorsqu’on parlait de Napoléon en France, la question lorsqu’on parlait des crimes de sang, tout ce que Napoléon a eu à causer comme « dégâts », ceux qui étaient des sympathisants de Napoléon posaient toujours la question, est ce qu’il faut se poser la question de ce que Napoléon a couté à la France ou de ce que la France doit à Napoléon ? Moi, je pense que dans le pire des cas, on doit se poser ces questions à propos de la Transition. La tentation des abus du pouvoir, surtout chez le jeune militaire, était très forte. Donc, je pense que cela aurait été plus malheureux pour le pays de manquer son rendez-vous avec la démocratie, d’éviter d’aller à des élections, que d’avoir commis des erreurs de gestion, qui restent encore à établir, parce que moi, j’en suis pas convaincu, et même si je le suis dans les proportions qu’on dit, je pense que l’exagération sans en connaitre les détails, parce que je le dis souvent, moi je ne suis coupable de rien, pendant la transition, ni de crime de sang, ni de crime de gestion, mais je reste quand même solidaire du bilan de la transition en étant un acteur essentiel, comme je le dis, je suis responsable avec les autres, mais je ne suis coupable de rien.

Donc, moi je suis d’accord que s’il y eu de graves fautes de gestion, qu’elles soient connues de tout le monde et ceux qui en ont été les auteurs, qu’ils soient sanctionnés, parce que ce qui est dommage, c’est que nous avons tous été là. Lorsqu’on dit la transition a fait des détournements, c’est quelques-uns de ceux qui étaient dans la transition, mais tel que c’est perçu par l’opinion, quand on dit que la transition a mis le pays à genoux, on pense à tous les acteurs de la transition.

C’est l’opprobre qui est jeté non seulement sur l’œuvre qui a été accomplie, mais sur tous ceux qui ont été parties prenantes dans cette œuvre, et moi personnellement je le dis, je ne me reconnais pas dans ce jugement critique, et je ne me sens une fois de plus coupable de rien. Mais qu’à cela ne tienne, je pense qu’il faut savoir raison garder et à reconnaitre à cette junte qui a pris le pouvoir et qui a dérapé, à la faveur des évènements de 2009, avec les horribles évènements que le pays a connus, mais qui a quand même su se rattraper dans la deuxième phase de la transition, en essayant d’aller aux élections, qui ont permis à notre pays de renouer avec l’ordre constitutionnel et de connaitre un printemps démocratique. Maintenant, si on veut faire le bilan, moi je suis d’accord avec le droit d’inventaire, mais il faut savoir le faire avec discernement et lucidité, en évitant les procès en sorcellerie, que beaucoup sont tentés toujours de faire envers les acteurs publics, quelle que soit par ailleurs la période de notre histoire.

Rabiatou Sérah était pressentie pour être ministre de l’Intérieur, mais cela ne semblait pas avoir les faveurs de Jean Marie Doré

Dr Koutoubou Sanoh, ancien ministre de la Coopération, affirme dans son livre, avoir joué un rôle dans la formation du gouvernement Doré pendant la Transition. Qu’en dites-vous ?

Je voudrais tout d’abord dire sans hésitation que Koutoubou Sano n’a joué aucun rôle dans la composition du gouvernement de la Transition dans sa deuxième phase, pour la bonne et simple raison qu’il était absent des discussions avec feu Jean Marie Doré, qui a été le principal artisan de la composition de ce gouvernement. J’ai eu l’avantage et l’honneur de mener la plupart des discussions avec lui, aussi bien pour la structure du gouvernement que pour le choix des hommes. Je l’ai déjà dit, Koutoubou Sano pour la première phase de la transition, dont je ne pourrais pas beaucoup parler, puisque je n’y ai pas contribué aussi essentiellement que lors de la deuxième phase de la transition, je pense qu’il était en Malaisie, lorsque le Premier Ministre Komara lui a fait appel. Maintenant pour la deuxième phase, Jean Marie Doré faut pas l’oublier était investi en quelque sorte de la confiance populaire, parce que sa désignation comme Premier Ministre c’est vrai, était le vœu de ceux qui conduisaient la transition, à savoir le Général et moi, mais aussi le choix de ses pairs de l’opposition, et du Forum des forces vives.

Donc, c’était un Premier Ministre légitime du moment que le décret seulement de nomination n’était pas l’unique source qu’il avait, il avait été aussi choisi par d’autres, ce qui faisait qu’il était légitime. Jean Marie Doré qui était une forte personnalité a tenu à avoir tout le pouvoir de composer le gouvernement pour avoir une autorité totale sur le gouvernement, donc il avait posé énormément de conditions, aussi bien pour lui-même, pour qu’il accepte le poste et pour le choix des membres du gouvernement, et lui-même avait estimé qu’il fallait qu’il soit Premier Ministre et potentiel candidat à l’élection présidentielle, ce que nous n’avons pas accepté, puisque cela aurait créé un conflit avec les autres acteurs, dans la mesure où c’était pratiquement impossible d’être juge et partie.

Ensuite, il a souhaité que la transition soit aussi longue que possible, pour permettre de dérouler le programme de la transition qui était d’organiser toutes les élections, parce que lui, il voulait qu’à la fin de la transition, qu’on ait épuisé tout le programme du fichier électoral ; mais vous avez remarqué que compte tenu de l’empêchement du Général qui exprimait à toutes les occasions le désir de céder le pouvoir, la transition n’a pas été non seulement longue, mais elle n’a organisé que la seule élection, contrairement au vœux de Jean Marie ; ensuite pour le choix des membres du gouvernement, Jean Marie était particulièrement intransigeant, il a estimé qu’il fallait un gouvernement de rupture avec justement la première phase de la transition, qui n’avait pas laissé forcement de bons souvenirs dans les esprits, à cause notamment de la tragédie du 28 Septembre, donc il avait fait un point d’honneur, que tout ce qui était soupçonnés ou impliqués dans les évènements du 28 Septembre n’allaient pas figurer dans son gouvernement, lui-même étant victime, mais animé du souci de donner un signal à l’opinion nationale et internationale que les temps ont changé et qu’on avait affaire désormais à un « gouvernement civilisé », légitime, capable de conduire une transition à son terme.

Donc, il avait décidé qu’aucun militaire, quel que soit son degré d’implication dans les évènements du 28 Septembre, ne figure dans son gouvernement ; il voulait d’un gouvernement entièrement de civils, ce qui n’était pas facile,  puisque quand Jean Marie Doré a été désigné comme Premier Ministre, il y avait le gouvernement de la première phase de transition qui était en place et qui était marqué par une présence massive de militaires en son sein, ensuite il avait une liste de civils qu’il estimait plus ou moins mêlés à ces évènements, et qu’il voulait pas voir non plus figurer dans son gouvernement. Lorsque les militaires ont approché le Général pour lui dire leur inquiétude face à cette intransigeance de Jean Marie Doré, c’est à moi qu’il s’est adressé, puisque c’est moi qui menait les discussions avec Jean Marie Doré, pour me demander d’influencer sa position, puisqu’il voulait d’une transition inclusive, dans laquelle ceux qui ont pris le pouvoir en 2008 se retrouveraient, pour ne pas qu’ils aient le sentiment d’avoir été exclus trop tôt de l’œuvre qu’eux-mêmes avaient entamée auparavant ; ensuite pour les civils, notamment Koutoubou Sano, c’est à la demande d’une personne très proche de lui que j’ai eu à intervenir auprès de Jean Marie Doré, pour qu’il accepte, difficilement, de le reconduire dans le gouvernement, ce qu’il a fini par faire. Je voulais vous donner encore deux autres détails, pour que vous compreniez dans quelles conditions ces discussions étaient menées ; par exemple, le général Toto, au moment que Jean Marie était nommé Premier Ministre, était ministre de la Sécurité, Jean Marie Doré lorsqu’il a finalement donné son accord pour son maintien dans le gouvernement, a souhaité qu’il soit ministre de l’Energie, c’est nous qui avons insisté pour qu’il le maintienne comme ministre de la Sécurité, les militaires avaient souhaité que Sandé qui était déjà ministre des Finances soit maintenu à ce poste, Jean Marie Doré n’a pas accepté de le maintenir à ce poste, finalement après ces discussions, il a été nommé comme ministre de l’Energie et c’est Rabiatou Sérah qui était pressentie pour être ministre de l’Intérieur, mais cela ne semblait pas avoir les faveurs de Jean Marie Doré, et finalement elle-même a accepté  de partir à la tête de l’une des institutions de la transition, qui était le CNT où c’est un religieux qui devait être nommé comme président, et pour le choix du ministre de l’Intérieur, puisque c’est Rabiatou qui était prévue à ce poste, je ne vous dis pas les discussions difficiles qu’il y a eu pour trouver à la dernière minute un ministre de l’Intérieur, chacun de ceux qui étaient choisis étant soupçonné par un des camps de rouler pour l’autre, alors, il y a beaucoup d’autres détails.

cette image de Koutoubou à la mosquée Fayçal  lui avait fait beaucoup de tort auprès de Jean Marie

Pourquoi Jean Marie ne voulait pas prendre Koutoubou ?

Non, en fait à l’époque, il y a eu une vidéo à la mosquée Fayçal où on voyait Koutoubou Sano, un peu pris en chasse par les familles des victimes du 28 Septembre, auxquelles il était venu rendre visite. Je ne dirais pas les détails de pourquoi il était venu, parce que chacun en a parlé longuement dans les réseaux sociaux, mais chacun a pu constater la colère des familles contre lui, que de peu il a échappé à un lynchage populaire. Donc, Jean Marie ayant été lui-même, il ne faut pas l’oublier, atteint dans sa chair pendant les évènements du 28 Septembre, était très remonté contre ceux qu’ils estimaient plus ou moins en être les auteurs, donc cette image de Koutoubou à la mosquée Fayçal  lui avait fait beaucoup de tort auprès de Jean Marie qui a estimé que cela était suffisant pour le disqualifier aux yeux de l’opinion, pour ne pas qu’il figure dans son gouvernement, ce qui aurait, en effet, été affecté dans son image et sa crédibilité par cette présence inappropriée de son point de vue. Mais moi, j’ai pensé que d’abord il ne fallait pas préjuger de la culpabilité de quelqu’un et ensuite, il n’y avait pas une instruction qui était ouverte, qui avait établi la responsabilité de qui que ce soit et donc, j’ai pensé que c’était beaucoup plus une question d’humeur, pour ne pas dire d’une incompatibilité d’humeur, que Jean Marie évoquait que vraiment une responsabilité supposée ou réelle de Koutoubou dans ces événements. Dans tous les cas, à la demande de cette personne qui était proche de lui et qui est également une personne amie à moi de longue date, j’ai dû forcer la main de Jean Marie Doré pour le reconduire à son poste et je n’ai aucun regret de l’avoir fait.

je ne les (UFR) ai pas privés d’une qualification, j’ai évité qu’une injustice soit commise

Ben Sékou Sylla, le défunt président de la CENI, est venu vous voir avec les résultats du 1er tour de la présidentielle de 2010. Que s’est-il passé avec lui ?

D’abord, Ben Sékou Sylla est venu nous rencontrer, le Général (Sékouba Konaté, NDLR) en premier, ensuite moi. Je suis venu les rejoindre, ils avaient déjà commencé à discuter, Ben avait fait part au Général des résultats du premier tour qui étaient à sa possession et qui donnaient, comme je l’ai indiqué déjà, Cellou premier de loin, suivi de Sydia et ensuite Alpha à la troisième place. Donc, selon les résultats qu’il avait et qui étaient disponibles, Alpha était éliminé du deuxième tour et Cellou et Sydia étaient qualifiés pour le second tour. Mais Ben pour arriver à cela avait été obligé d’annuler les résultats dans des circonscriptions favorables au président actuel, en invoquant des irrégularités qu’il y aurait eu dans ces fiefs. Mais ces irrégularités, à supposer qu’il y a eu lieu dans ces fiefs, et qui l’ont amené à annuler les résultats, malheureusement modifiaient l’issue du scrutin, parce qu’au lieu que Alpha ne soit deuxième à l’issue de l’arbitrage discrétionnaire du président de la CENI, il se retrouvait à la troisième place et Sydia qui était à la troisième place remontait à la deuxième place. Imaginez que les résultats sortent des urnes avec un ordre de classement et qu’à l’issue d’un arbitrage discrétionnaire du président de la CENI que ces résultats soient modifiés en faveur d’un candidat et au détriment d’un autre, vous pensez qu’un seul homme, en toute responsabilité, doit changer des résultats issus des urnes, donc la volonté populaire ? J’ai pensé que non ! Surtout que les irrégularités dont il était question n’étaient pas établies clairement ; vous savez en Afrique, et particulièrement en Guinée, lorsqu’il y a une élection, surtout une élection présidentielle, il y a toujours quelques irrégularités ; il y a toujours quelques insuffisances, mais vous remarquerez aussi, on dit souvent que ces irrégularités ne sont pas de nature à affecter la crédibilité ou la sincérité du vote ou des résultats. Il se trouve qu’il y avait eu des irrégularités un peu partout ; j’ai trouvé un peu suspect que cela ne soit seulement que dans des fiefs d’un candidat que les irrégularités étaient constatées et que cela ait abouti à une annulation pure et simple dans ces circonscriptions. Si encore des résultats issus des urnes n’étaient pas modifiés à la limite, il n’y aurait eu aucun problème, mais cet arbitrage du président de la CENI mettait en péril la paix sociale, dans la mesure où les gens connaissaient les résultats initiaux et avaient appris aussi qu’à la suite de cet arbitrage, les résultats avaient été modifiés en faveur de Sydia et au détriment d’Alpha. Le Général était présent comme il l’a fait tout le long de la transition, il faut lui reconnaitre ce mérite, il n’a jamais voulu interférer dans aucune décision, ayant une confiance totale dans les mandats qu’il a donnés à chacun et en laissant la liberté de conscience à ses collaborateurs de faire des choix qu’ils jugeaient utiles et conformes à la loi, donc il était dans un rôle de neutralité absolue, en tout cas au moment de faire les arbitrages, lorsqu’il s’agissait de certains actes et décisions. Donc, moi j’ai estimé que c’était injuste et arbitraire d’annuler, à la seule discrétion d’un homme, des résultats dans des circonscriptions entières et que cela impacte sur l’issue du vote, donc j’ai demandé à ce que la vérité des urnes soit établie et que les irrégularités dont parle le président de la CENI soient portées à la connaissance de la Cour suprême, qui a toute l’autorité de par la loi, toute la compétence de juger du bien-fondé ou non des irrégularités et donc d’annuler ou maintenir les résultats, et vous avez remarqué d’ailleurs que lorsque la Cour suprême a eu à statuer sur les résultats, elle a procédé à des annulations dans certains des fiefs des différents candidats, en mettant en avant les irrégularités, mais sans à aucun moment toucher les résultats sortis des urnes et qui donnent des résultats comme suit : Cellou premier, Alpha deuxième, donc les deux étaient qualifiés pour le deuxième tour. Donc, l’arbitrage que Ben a eu à faire n’a pas été pertinent, dans la mesure où la Cour suprême a maintenu les résultats tels que sortis des urnes, et a eu raison de demander que la volonté populaire soit respectée en rétablissant les résultats initiaux sortis des urnes.

Votre action n’a jamais été pardonnée par l’UFR, le parti de Sydia Touré…

Je les comprends, parce que ce n’est jamais facile de faire le deuil d’une défaite, surtout lorsqu’on estime avoir fait un arrangement pour la victoire. C’est tout à fait légitime de m’en vouloir de les avoir privés d’une qualification pour le deuxième tour, mais je ne les ai pas privés d’une qualification, j’ai évité qu’une injustice soit commise à l’encontre d’un candidat que les électeurs avaient choisi de mettre au deuxième tour. Ce n’était pas normal que les électeurs décident de l’issue du vote et qu’à notre discrétion, nous décidions autrement, moi je suis un homme de devoir et de conviction, et j’essaye d’être le plus juste que possible, lorsque je suis appelé à des responsabilités publiques. Je n’ai aucun regret d’avoir rétabli la justice, ce jour-là et je n’ai pas d’état d’âme particulier par rapport à la frustration que cela aurait pu causer, ou de la colère de ceux qui estiment avoir été victimes de la justice qui a été rétablie ce jour, et de n’avoir pas bénéficié de l’injustice qui était en cours. Chacun fait ce qu’il estime être juste, être conforme à la loi et à sa conscience et d’autres sont tout à fait libres de vouloir forcer le destin ou de vouloir changer le cours de l’histoire par la tricherie, par la supercherie, mais partout où moi je suis, l’éthique et les responsabilités seront respectées.

Interview réalisée par Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com

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