Censure

L’Honorable Amadou Damaro Camara se paie la justice et lui rappelle son rôle

Invité ce jeudi 4 avril par nos confrères de la radio Espace FM, le président du groupe parlementaire RPG-Arc-en-ciel, l’Honorable Amadou Damaro Camara, a répondu aux questions des journalistes, notamment sur un dossier de justice. Dans la foulée, le député a exprimé son sentiment face à la justice guinéenne, tout en rappelant son rôle de législateur.

Il a estimé que : « Je peux répéter, je l’assume ; à l’intérieur, certains magistrats sont des roitelets, qui passent tout leur temps à racketter les populations, et je ne peux pas supporter, au nom de l’indépendance de la justice. L’indépendance de la justice c’est bien, mais racketter, je le regrette ».

Il a ajouté plus loin que : « Notre justice, et je le répète, peine à rassurer les justiciables encore en Guinée, malgré tout ce qui a été fait (…) Il faut une autre culture de la justice en Guinée. Mais je le dis et je le répète, malgré tous les  efforts que le président de la République a essayé de mettre dans la justice, ça ne va pas encore. Je le dis, il faut que vous appreniez à me connaitre. Je ne suis pas ce politicien qui croit que tout ce qui est de mon côté est clean. Dans la justice, ça ne va pas encore ».

Ensuite, il assène : « Je crois que j’interprète peut être mal mon rôle, je sais que  dans ce pays, il y a ce qu’on appelle l’abus d’autorité, de la part des forces de l’ordre, de la part de la justice etc. En tant que législateur, en tant que député, j’ai le droit et je crois que je suis là pour ça, pour recevoir des préoccupations des constituants, pour dire, écoutez, voici ce dont je suis victime de la part de telle autorité. Je crois que mon rôle dans ce sens-là est de dire de quoi s’agit-il ? (…) Moi mon rôle, quand  un citoyen de quelque nature que ce soit croit qu’il a été offensé dans son droit, qui vienne me voir, je crois avoir le droit de poser la question. Au lieu de partir se plaindre, ah, c’est la justice, je ne me mêle pas. Ça peut être un abus ».

Il a enfin affirmé : « Moi, je me donnerai toujours ce devoir ; quand les militants, les responsables, les habitants, les citoyens viennent à moi pour me présenter ce qui parait être des anomalies, je poserai des questions ».

En réaction à cette sortie, Me Mohamed Traoré, ancien bâtonnier, a écrit sur sa page facebook : « Ces échanges (entre le député et un procureur) peu amènes entre un Procureur Général et un Député de la République sur une radio relativement à une affaire judiciaire constituent une leçon pour tous les magistrats. À force d’accepter de se soumettre à toutes sortes d’injonctions surtout venant du Pouvoir ou de gens proches du Pouvoir, n’importe quel personnage exerçant une parcelle de pouvoir peut s’arroger le droit de s’immiscer dans n’importe quelle procédure judiciaire.
C’était incontestablement l’une des pages les plus sombres de la Justice guinéenne. Qu’on aille jusqu’à dire à un magistrat  » J’espère que vous avez prêté serment. Vous ne faites pas honneur à la Justice », c’est tout simplement la preuve que la Justice guinéenne n’a jamais réussi à se faire respecter. Comment pourrait-elle y arriver d’ailleurs ? »

Abdou Lory Sylla pour Guinee7.com

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