Censure

Sidya Touré, président de l’UFR : « On ne saurait être un opposant éternel »

Le premier quinquennat du président Alpha Condé a été marqué par une espèce de guerre de tranchées entre les partis de la mouvance présidentielle et ceux de l’opposition. Le bilan qui en a résulté a été catastrophique pour tout le monde.

On a enregistré  des confrontations verbales et physiques avec à la clé de nombreuses pertes en vies humaines et des dégâts matériels difficiles à chiffrer. La Guinée est allée de mal en pis, elle est aujourd’hui en pleine récession.

Face à cette impasse politique fort dommageable, le peuple, dans toutes ses composantes, était en droit de réclamer une alternance à la tête du pays. Mais ce vœu n’a pu se réaliser faute d’unité d’action au sein de l’opposition et aussi suite à la mainmise du pouvoir sur l’administration et toutes les institutions républicaines y compris l’organisme en charge des élections. A tout cela sont venues s’ajouter les manœuvres déloyales menées dans le processus électoral par certaines chancelleries occidentales accréditées à Conakry. Les résultats de cette mascarade électorale ne pouvaient surprendre. Le «  coup K.O » était programmé en fait depuis l’entame du quinquennat.

Que faut-il faire maintenant ? Les partis de l’opposition et leurs militants restent divisés sur la question. Pour les uns la guerre de tranchée doit repartir de plus belle. Renouer donc avec les manifestations de rue, avec leur cortège de morts et de dégâts matériels. Pour d’autres il y a lieu d’observer une pause, tendre la main à l’adversaire en vue d’une collaboration sincère pour sortir le pays du marasme économique et social. C’est dans cette seconde voie que s’inscrit l’Union des Forces Républicaines (UFR) dont le leader, Monsieur Sidya Touré, n’a cesse d’affirmer « qu’il ne saurait être  un opposant éternel ». Autrement-dit, il faut toujours privilégier la cause du peuple pour lequel on se bat, mettre toujours en avant la Guinée et non les intérêts partisans.

Posons-nous maintenant la question de savoir si cette main tendue d’une partie de l’opposition va être saisie par Alpha Condé, pour enfin travailler pour le pays et redorer son blason si fortement terni. L’occasion est en tout cas belle pour lui s’il veut sortir au terme du second mandat par la grande porte. En attendant d’en savoir plus, quelques propos tenus ou quelques actes posés par Alpha depuis la proclamation des résultats définitifs de la présidentielle incitent à croire que les choses vont aller pour le mieux cette fois. Il a promis, rappelons-le faire un nettoyage systématique parmi les hommes et les femmes de son entourage dont il vient de limoger trois.

Mais ses détracteurs le trouvent plus « qu’imprévisible », et d’humeur  changeant.  Et c’est là le piège où pourraient tomber les opposants qui souhaitent collaborer avec lui. Si Alpha refusait la main tendue ou bien l’acceptait sans laisser la main libre à ses nouveaux collaborateurs, il faudrait en tirer toutes les conséquences. Et c’est ainsi qu’un acteur politique  pense qu’en ce moment il faudra  « renouer avec l’opposition pure et dure. » Et qu’ils  n’auraient d’autre choix que de reprendre la rue et de se battre sans répit pour la cause du peuple. Collaborer, oui mais…

                                                                                                                                                       O.TIERRO

In L’Indépendant    

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