Censure

Souvenir : Il y a 47 ans, un accident à Dakar, fauchait l’inimitable et fulgurant Demba !

Nous sommes aux premières heures du 5 avril 2020. Une date mémorable dans l’histoire de notre musique moderne. En effet, il y a 47 ans, un terrible accident de circulation survenu à Dakar entraînait la mort de l’inimitable et fulgurant chanteur, Aboubacar Demba Camara.

Une tragédie, qui fut durement ressentie par le pays tout entier. En témoigne les grandioses funérailles nationales qu’organisèrent les autorités, pour rendre un solennel hommage à l’illustre disparu.

Demba est mort sans avoir épuisé son immense talent

Avec le recul, on se rend compte, que Demba est mort sans avoir épuisé son immense talent. Et curieusement, il est décédé à peine 29 ans, en laissant un impressionnant répertoire difficile à imiter.

Pour camper l’étendue du talent de Demba, je vais publier des extraits de sa biographie rédigée par feu Ibrahima Kalil Diarré, un écrivain à la plume alerte.  » Né en 1944 à Conakry, Demba débute ses études primaires auprès de son père, modeste ouvrier de l’office des chemins de fer dénommé à l’époque Conakry Niger. Déjà, il se signale à l’attention de ses petits camarades par le ressassement des refrains en vogue, qu’il captait autour de lui.

Demba, un ouvrier ébéniste

Après le C.E.PE, son père l’inscrit à la section manuelle de l’école régionale de Kankan. Il en sort avec le diplôme d’ouvrier ébéniste, toujours fredonnant. En 1963, affecté à Beyla, il intègre la formation fédérale Bembeya Jazz, qui commençait en ce moment sa vertigineuse ascension vers le titre national.

Demba doit alors lutter sur plusieurs fronts pour devenir l’animateur à succès, que l’on applaudit aujourd’hui. D’une famille d’origine de Saraya, petite gare près de Kouroussa; Sa venue dans l’orchestre en qualité de chanteur était considérée par ses parents comme une fuite devant les tâches plus  »sérieuses » de menuisier. Ces réticences bien sûr seront balayées avec les succès que le Bembeya Jazz remportera pour s’imposer en 1966 comme orchestre national.

un chercheur, qui aime le folklore africain sans pour autant dédaigner les autres genres

Mais pour être interprète d’une grande formation nationale, Demba apprit vite qu’il faut travailler sa voix, soigner sa diction, acquérir du souffle, discipliner ce souffle, exercer ses oreilles et aviver son sens du rythme et de la mesure. En somme, un travail de tous les jours et de longue haleine.

Passionné de chants et de musique, attentif aux différents rythmes, qui s’accumulent dans la musique africaine, Demba s’est affirmé comme un chercheur, qui aime le folklore africain sans pour autant dédaigner les autres genres.

Sa voix mâle ou rauque, douce et prenante, le met à l’aise dans tous les genres et tous les styles d’interprétation.

Au sein du célèbre Bembeya Jazz National, il a fait à travers l’Afrique Occidentale la tournée des capitales.

Les succès  » Regard sur le passé, Balakè, Armée guinéenne, Waraba et tant d’autres titres, qui sont à l’affiche des hits parades des radios et télévisions, succès qui sont imités par beaucoup de formations africaines portent tous le cachet original d’interprétation de Aboubacar Demba Camara.

Comme animateur, compositeur, interprète, Aboubacar Demba Camara vivra éternellement dans les cœurs des chercheurs, tous ceux qui s’adonnent à la réhabilitation, à l’épanouissement et à la valorisation de la musique Africaine. »

Mort dans une 504 blanche

Cette brillante biographie a été publiée dans le Journal Horoya N° 1990 du dimanche 8 avril 1973. Trois jours après le décès de Demba.

Pour terminer à l’occasion de mon séjour à Dakar en 1973, j’ai eu le privilège de voir à l’ambassade de Guinée, la 504 blanche dans laquelle le fatal accident se produisit, et fit la connaissance de Condé le malheureux chauffeur. Par inexpérience due, je ne me suis pas photographié avec la voiture et le chauffeur. Cette photo aujourd’hui aurait un intérêt certain. Dors en paix l’artiste. Tu as brillamment accompli ton destin! Dieu veille sur ton repos éternel!

Appréciez ci-dessous une des chansons du  »Dragon »

Par Thierno Saidou Diakité, journaliste, chroniqueur sportif

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