Censure

La solution à mettre en œuvre pour éliminer toute confiscation ou tentative de confiscation du pouvoir en Guinée (Par Ibrahima BAH)

Dans le portrait robot du décideur politique guinéen, le trait prépondérant (qui saute immédiatement aux yeux de tout observateur) est son goût très prononcé pour le pouvoir. La volonté du Président Alpha Condé de personnaliser la constitution afin de briguer un troisième mandat illustre cette triste vérité.

Pourtant, une constitution, comme toute loi, a un caractère impersonnel. Ce qui signifie que nul ne peut l’utiliser pour s’octroyer un avantage personnel. Par conséquent, le Président Alpha Condé ne peut pas et ne doit pas (même avec une nouvelle constitution) s’octroyer un mandat supplémentaire. Le caractère impersonnel de sa démarche faisant défaut. A cela s’ajoutent :
– l’article 27 de la constitution qui stipule qu’ « en aucun cas, nul ne peut exercer plus de deux mandats présidentiels, consécutifs ou non » ;
– et l’article 154 de la même constitution qui verrouille la voie d’accès à plus de deux mandats présidentiels.

Le verrou est ainsi posé et le Président Alpha Condé a juré de respecter et faire respecter la constitution. Parler subitement d’une nouvelle constitution, au soir de son dernier mandat, procède donc de l’échappatoire pour personnaliser (confisquer) le pouvoir. Cette fuite en avant est devenue la règle et c’est même un réflexe pavlovien chez nos compatriotes qui accèdent au pouvoir. D’où la nécessité d’instaurer la coprésidence comme mode de gouvernance en Guinée. C’est la belle idée suggérée par Amadou Sadio Bah dans un « Appel pressant pour un sursaut national ». L’idée est vraiment magnifique, tant et si bien que je n’ai pu m’empêcher d’apporter ma solution ci-après (pour sa mise en œuvre) que l’on peut résumer ainsi :

– La personne qui succèdera à Monsieur Alpha Condé en 2020, devra instaurer la coprésidence que je présente comme suit : lors d’un scrutin présidentiel, les trois candidats qui arriveront premier (président de la République), deuxième (coprésident) et troisième (coprésident) constituent le conseil présidentiel (CP). Les candidats vaincus, mais qui auront réussi à recueillir au moins 5% des voix, forment le conseil de l’opposition (CO).

Les membres du CP, pendant la durée de leur mandat, ne pourront exercer aucune fonction dirigeante dans leurs partis respectifs car ils sont élus pour représenter tous les Guinéens.

Le président de la République, c’est-à-dire celui qui est arrivé premier lors de la présidentielle, prend seul les décisions ordinaires (à lister dans une nouvelle constitution). Les décisions les plus importantes (à lister dans une nouvelle constitution) devront, quant à elles, obtenir l’accord des deux coprésidents du CP. Si les deux sont d’accords, la décision devient applicable. Si un seul des coprésidents est en désaccord, il devra instamment motiver son avis qui est diligemment soumis au conseil de l’opposition appelé à faire un vote départiteur. On dira dans le jargon que le conseil de l’opposition est appelé en conseil de départage (2/3 des voix seront nécessaires pour valider l’avis du coprésident, sinon c’est la décision du président de la République qui sera applicable de droit après vérification de sa stricte conformité à la constitution).

(Pour le reste, il est utile de lire l’excellent article susmentionné de Monsieur Amadou Sadio Bah).

Avec ce nouveau mode de gouvernance, on n’entendra plus jamais parler de confiscation ou de tentative de confiscation du pouvoir en Guinée, ni de marche de l’opposition, ni de PA, ni du Front National pour la Défense de la Constitution. Les élections seront organisées à date et tout roulera comme sur des roulettes.

Voilà la solution qu’il faut à la Guinée pour éliminer, ad vitam æternam, la personnalisation du pouvoir. Cela dit, le RDPC entend prendre part à l’élection présidentielle en 2020 pour implémenter ce nouveau mode de gouvernance accompagné d’un Plan National pour la Bonne Gouvernance dans notre pays, sans oublier le Revenu Minimum Garanti pour les plus démunis. Il est temps d’agir pour vivre dans la paix et la cohésion.

Ibrahima BAH, docteur en Sciences Économiques de l’Université de Montpellier I – auteur de manuels scolaires et professionnels en Économie, en Droit du travail et en Mercatique (éditions OPHRYS, Paris). Fondateur du mouvement « Respect des Deniers Publics et du Citoyen » – RDPC

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