La rĂ©cente dĂ©cision de la multinationale canadienne Rio Tinto Alcan de quitter l’actionnariat Compagnie camerounaise de lâaluminium (Alucam), au 31 dĂ©cembre 2014, est liĂ©e Ă son dessaisissement par le gouvernement dâun projet de construction dâune centrale hydroĂ©lectrique au profit dâElectricitĂ© de France (EDF), croit savoir le RĂ©seau associatif des consommateurs de lâĂ©nergie (RACE).
Dans un rapport d’enquĂȘte publiĂ© lundi, cette organisation non gouvernementale affirme que «ce dĂ©part prĂ©cipité» semble ĂȘtre indirectement liĂ© Ă la signature, le 10 juillet 2014, d’un accord entre le dernier opĂ©rateur citĂ© et le gouvernement pour la construction de la centrale hydroĂ©lectrique de Nachtigal, dans la rĂ©gion du Centre.
Ladite convention, analyse le RACE, cĂšde effectivement tous les droits pour le dĂ©veloppement de ce projet Ă l’opĂ©rateur français, ainsi que la construction d’une portion de ligne de transport d’Ă©nergie Ă©lectrique de 225 kilowatts longue de 50 kilomĂštres.
Nachtigal, d’un coĂ»t de 400 milliards FCFA financĂ©s par EDF (40%), la SociĂ©tĂ© financiĂšre internationale (SFI, 34%) et l’Etat du Cameroun (26%) et dont la mise en service est prĂ©vue en 2019, reprĂ©sentera une capacitĂ© de production de 420 mĂ©gawatts (environ 20% de la production nationale d’Ă©lectricitĂ©).
La production de ce barrage fournira essentiellement Alucam, dont les ambitions d’extension portent sur le triplement de la production qui passerait ainsi de 90.000 tonnes actuellement Ă 300.000.
«L’exĂ©cution de cet ouvrage par EDF au dĂ©triment d’Alucam n’est certainement pas Ă©trangĂšre Ă cette dĂ©cision du groupe Rio Tinto Alcan de quitter le Cameroun», analyse le RACE.
En fin de semaine derniĂšre, le prĂ©sident et chef de la direction du groupe MĂ©tal Primaire chez Rio Tinto Alcan, Arnaud Soirat, justifiait le dĂ©sengagement de son entreprise sur le fait que «la pĂ©rennitĂ© du groupe Alucam repose sur un plan d’affaires qui ne rencontre plus les prioritĂ©s stratĂ©giques» de son entreprise.
MalgrĂ© ce dĂ©part, la multinationale canadienne a souhaitĂ© demeurer un partenaire du Cameroun Ă qui il a offert de maintenir ses contrats d’assistance technique et administrative en vigueur, jusqu’Ă la venue d’un repreneur, et s’est mis Ă la disposition des autoritĂ©s du pays en vue de les assister dans la recherche d’«un partenaire solide».
On rappelle que c’est en dĂ©cembre 2003 que Rio Tinto, 2Ăšme producteur mondial d’aluminium, a rachetĂ© des parts d’Alucam jusque-lĂ dĂ©tenues par le français Pechiney.
Les nĂ©gociations engagĂ©es entre le gouvernement camerounais et le repreneur (copropriĂ©taires d’Alucam Ă 46,7% chacun) ont abouti, en octobre 2005, Ă la signature d’une lettre d’intention portant sur la modernisation et l’expansion de l’usine de production d’EdĂ©a (Littoral).
Le reste de l’actionnariat de cette usine est dĂ©tenu par l’Agence française de dĂ©veloppement (5,6%) et les employĂ©s (1,1%).
APA