Lâinterpellation du dĂ©putĂ© Ousmane « Gaoual » Diallo de lâUnion des forces dĂ©mocratiques de GuinĂ©e (UFDG) et sa mise sous mandat de dĂ©pĂŽt qui se dessinait au moment oĂč nous allions sous presse ce mercredi, pour des propos jugĂ©s outrageants Ă lâendroit du chef de lâEtat, pourrait exacerber les tensions entre le pouvoir et lâopposition. Câest le moins quâon puisse Ă©crire, quand on sait que les deux camps se regardent en chiens de faĂŻences, depuis un certain temps, sur fond dâĂ©change verbal trĂšs musclĂ©.
La convocation dâOusmane « Gaoual » Diallo, dĂ©putĂ© de lâUFDG, au PM3, dans la journĂ©e du mardi, oĂč il a fini par passer la nuit, et sa mise sous mandat de dĂ©pĂŽt qui se dessinait ce mercredi, alors que nous allions sous presse, dĂ©chaĂźne les passions dans la citĂ©. Certains observateurs se demandent si le processus judiciaire a Ă©tĂ© mis en marche, suite Ă la plainte dĂ©posĂ©e contre Ousmane « Gaoual » Diallo, auprĂšs du Tribunal de premiĂšre instance de Dixinn  le collĂšge constituĂ© du ministre conseiller Ă la prĂ©sidence de la RĂ©publique, Sanoussy Bantama Sow, Malick Sankhon, DG de la Caisse nationale de sĂ©curitĂ© sociale (CNSS) et Hady Barry, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral des Affaires Ă©trangĂšres, ou si câest rĂ©ellement pour les propos outrageants attribuĂ©s Ă Ousmane « Gaoual », Ă lâencontre du prĂ©sident de la RĂ©publique. Il reviendra Ă la justice dâĂ©clairer la lanterne de lâopinion Ă ce sujet, vu que les critiques se font de plus en plus nombreuses, sur la partialitĂ© de lâappareil judiciaire guinĂ©en. Dâailleurs, lâopposition dans son ensemble, parle de deux poids deux mesures, concernant ce dossier « Gaoual ». Car, pour elle, dans le camp de la mouvance prĂ©sidentielle, les « pyromanes » ne seraient jamais inquiĂ©tĂ©s.
Le ministre de la Justice et garde des sceaux, a eu une rĂ©action trĂšs prudente, en disant que les « enquĂȘtes Ă©taient dans la phase prĂ©liminaire. Et que le parquet fera une communication dans les heures qui devaient suivre.»
Mohamed Camara, juriste et professeur des universités, a quant à lui déclaré sur la toile que les  « propos du député Ousmane Gaoual sont condamnables parce que pénalement répréhensibles ».
Car pour lui, «lâimmunitĂ© parlementaire ne veut pas dire impunitĂ© parlementaire.»
Il dĂ©plore cependant un vice de forme, dans cette interpellation du dĂ©putĂ© de la RĂ©publique. «Etant donnĂ© quâen Droit la forme commande le fond, si la procĂ©dure nâest pas respectĂ©e, ça fragilise la procĂ©dure », rappelle Mohamed Camara.
Dans sa narration,  il prĂ©cise que « pour quâun dĂ©putĂ© puisse ĂȘtre arrĂȘtĂ©, il faudrait toujours quâil y ait la levĂ©e de lâimmunitĂ© parlementaire, sâil nâest pas pris en flagrant dĂ©lit. Or, le flagrant dĂ©lit se traduit par la concomitance du temps. Et les propos de lâhonorable Ousmane Gaoual ne peuvent pas ĂȘtre tenus le samedi 30 juillet et on attend le mardi 02 aoĂ»t pour le faire. Donc, il fallait dâabord demander au bureau de lâassemblĂ©e nationale de lever son immunitĂ© parlementaire, conformĂ©ment Ă lâarticle 65 de la Constitution avant quâil ne soit convoquĂ© mĂȘme au commissariat pour rĂ©pondre Ă quoi que ce soit, puisquâil ne sâagit pas de flagrant dĂ©lit », selon le juriste. Pour Dr Dansa Kourouma, prĂ©sident du Conseil National des Organisations de la SociĂ©tĂ© Civile de GuinĂ©e (CNOSC), la justice doit tout mettre en Ćuvre pour faire observer la prĂ©somption dâinnocence. « Jusquâau bout de la procĂ©dure nous demandons que la prĂ©somption dâinnocence soit accordĂ©e pour le dĂ©putĂ©. Mais quand lâaction publique est en branle, ce quâon peut faire, câest de veiller Ă ce quâil ne soit pas maltraitĂ©, Ă ce quâil ait droit Ă une dĂ©fense et je pense quâĂ ce niveau il avait Ă©tĂ© accompagnĂ© par ses avocats », a soulignĂ© Dr Dansa Kourouma.
On en nâa pas fini avec la vague de rĂ©action suscitĂ©e par lâinterpellation du dĂ©putĂ© Ousmane « Gaoual » Diallo. Et cela risque aussi dâĂȘtre une nouvelle source de crispation entre le pouvoir et lâopposition, qui se regardent dorĂ©navant en frĂšres ennemis.
Mamady Kéita