Censure

La présidente des parents d’élèves se dit menacée mais tient droit dans ses bottes : ‘‘Je ne défends pas l’intérêt d’un individu au détriment de celui de la nation’’

Adama Sow, présidente des Associations des parents d’élèves, étudiants et amis de l’école, étaient parmi les invités du président Alpha Condé à Sekhoutoureya pour parler de la paralysie actuelle du système éducatif. Elle y a tenu un discours digne d’un parent d’élève dont l’essentiel est ci-dessous.

‘‘C’est avec le cœur très serré que je prends la parole ici. Nos enfants sont victimes d’agressions dans nos écoles, en février et en ce mois de novembre. Qu’est-ce qu’ils ont fait pour qu’ils soient victimes en une année de deux agressions ? c’est des Guinéens et ont droit à la protection. A l’éducation, à la santé, …Nous sommes désolés que nos enfants quittent la maison pour aller à la recherche du savoir, et qu’on nous ramène des cadavres, qu’on nous ramène des enfants violés. Par des personnes qui sont appelés au-delà de leur mandat de formateur, de les protéger’’, déplore-t-elle.

Avant de rappeler : ‘‘Aujourd’hui nous sommes tous conscients de l’échec de l’année passée. Le salaire d’un enseignant n’a pas été coupé parce que dans sa classe, il y a eu un faible pourcentage d’admis (…) sachant que c’est le travail qui paye. Les enfants ont repris avec une grande force l’école, avec un grand espoir, mais malheureusement, aujourd’hui ces enfants-là ne bénéficient pas des cours. Les parents vendent le piment au marché, pour trouver des tenues, des sacs, des cahiers, des paires de chaussures, la collation, pour permettre à leurs enfants d’aller à l’école. Ceux qui sont plus nantis ont payé des millions pour que l’année scolaire de leurs enfants soit assurée. Tout ça pour l’avenir des enfants, l’avenir de la Guinée. Mais si, par je ne sais quoi, on arrive à priver nos enfants de leur savoir, ça nous indigne, ça nous offusque, ça nous fait mal.’’

Et de demander à ‘‘ce qu’enquête soit faite, pour que les responsabilités soient situées, et que les coupables soient sanctionnés à la hauteur de leur forfaiture. Ça on tient à cela. Aujourd’hui c’est toute la population guinéenne qui a peur. Des gens se sont mêlés pour prendre la drogue, pour agresser dans la rue ; j’ai fait deux nuits hors de chez moi. Parce que je suis menacée. Parce que je véhicule des messages d’apaisement. Moi je suis Guinéenne je n’ai pas où aller.  Je ne peux pas me permettre de faire des messages qui provoquent le soulèvement. Je ne peux pas travailler dans l’intérêt d’un individu au détriment de l’intérêt de la nation. Nous prions monsieur le président de la République à nous trouver des moyens et voies pour ouvrir l’école. Mais l’ouvrir comment ? En sécurisant nos enfants’’.

Elle fait remarquer que ‘‘l’enseignement suit un programme qui s’étale sur 10 mois. Les examens se feront aux dates indiquées, ce n’est pas parce qu’il y a eu grève que cela va changer. Alors que nos enfants ont été victimes. Et que les enseignants qui sont en grève, qui n’ont pas enseigné pendant 12 jours, seront payés, comme avant. Pendant que nos enfants sont privés de leur savoir. Pourquoi cela ? Deux poids deux mesures ! Il faut que justice soit faite, que nos enfants reprennent le chemin de l’école et dans la sécurité totale’’.

Abdou Lory Sylla pour guinee7.com  

 

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