En GuinĂ©e, la vie politique et publique est largement dominĂ©e par une passion ethnique excessive et lâabsence de vrais dĂ©bats constructifs Ă mĂȘme de permettre aux populations dâopĂ©rer des choix Ă©clairĂ©s. Câest tout le contraire de ce que devrait ĂȘtre une vie politique et publique apaisĂ©e dans une dĂ©mocratie plurielle, ouverte et tolĂ©rante.
Les personnes sont rarement jugĂ©es pour les actes quâelles posent mais plutĂŽt pour ce quâelles sont, indĂ©pendamment de leur vouloir. Or personne nâa choisi son nom, son village, bref son identitĂ©. On est dans ce pays, angĂ©lique ou diabolique selon la communautĂ© Ă laquelle on appartient. Bienvenu dans le monde des clichĂ©s et des prĂ©jugĂ©s dans un monde aux mĆurs politiques rĂ©trogrades !
Aujourdâhui, la vie politique en GuinĂ©e est dominĂ©e par deux grands partis tentaculaires Ă forte coloration ethnique et rĂ©gionale. Ces deux majors, aux forces centripĂštes, sont Ă la base dâun important malaise social qui dĂ©teint sur la vie publique et quotidienne. Alors quâils ont des partisans conquis dâavance, sans effort de persuasion, ces partis mettent en place des stratĂ©gies dâembarquement du reste de la population dans des conflits, situĂ©s Ă des annĂ©es-lumiĂšre de ses intĂ©rĂȘts.
Poids du facteur ethnique dans la vie politique et publique en GuinĂ©eÂ
En GuinĂ©e, il est frĂ©quent que les ethnies sâaccusent mutuellement dâethnocentrisme. Pourtant, en jetant un regard sur leur passĂ©, il est frappant de se rendre compte que dans leur quintessence, elles sont gĂ©nĂ©reuses, ouvertes, et hospitaliĂšres. Mieux, la nation guinĂ©enne telle quâelle existe aujourdâhui, est le fruit dâun important brassage entre les communautĂ©s. Ce mĂ©lange vient de diverses formes dâalliances sociales.
Il est donc faux de croire ou de faire croire quâen GuinĂ©e, une ethnie porte en elle-mĂȘme les germes dâun ethnocentrisme quâelle transmettrait de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration. Ces propos stigmatisent, mettent Ă mal le tissu social du pays façonnĂ© par le travail acharnĂ© de nos ancĂȘtres qui avaient un sens Ă©levĂ© du respect de soi et de lâautre.
Lâethnocentrisme dans la vie politique et publique est dâapparition trĂšs rĂ©cente. Il est nĂ© Ă travers les diffĂ©rents rĂ©gimes qui se sont succĂ©dĂ© Ă la tĂȘte de lâEtat. Il est secrĂ©tĂ© par ces rĂ©gimes dans lâunique but de permettre Ă celui qui lâincarne de conserver aussi longtemps que possible, gĂ©nĂ©ralement tout au long de sa vie, le pouvoir suprĂȘme.
Le pouvoir Ă©tatique est encore considĂ©rĂ© en GuinĂ©e comme la voie royale dâaccĂšs aux ressources de la nation, Ă lâaffirmation de soi, Ă lâamĂ©lioration du sort dâune communautĂ© et Ă dâautres privilĂšges.
Les privilĂšges rĂ©els ou imaginaires dans certains cas quâune large majoritĂ© des membres dâune communautĂ© tire du pouvoir Ă©tatique incarnĂ© par un de ses fils, sont si forts que lâidĂ©e de perdre ce pouvoir, mĂȘme Ă travers une Ă©lection dĂ©mocratique, leur paraĂźt ridicule et surtout surrĂ©aliste.
Câest ici que la compĂ©tition politique autour du pouvoir vire Ă la confrontation entre les communautĂ©s dont sont issus les leaders politiques. La perception du pouvoir sur cet angle est naturellement source de tensions, de frustration et de repli sur soi des communautĂ©s marginalisĂ©es dans lâexercice du pouvoir.
Un Etat repensĂ©, remĂšde contre lâethnocentrisme
Câest Ă lâEtat que revient en tout premier lieu la responsabilitĂ© de lutter contre lâethnocentrisme. Ceci exige le retour de lâEtat aux principes fondateurs de la RĂ©publique. Il sâagit de lâĂ©galitĂ©, la fraternitĂ© et la justice.
Le retour Ă ces fondamentaux exige Ă ce que le chef de lâexĂ©cutif soit dotĂ© des qualitĂ©s dâun vĂ©ritable homme dâEtat. Un personnage qui inspire confiance Ă la grande majorité et qui nâest pas dans le contexte particulier de la GuinĂ©e, prisonnier de sa communautĂ©.
Il doit nettement se dĂ©marquer des personnages politiques aveuglĂ©s uniquement par leur Ă©lection ou réélection et surtout prompts Ă faire plier lâEtat, sa constitution et ses principes Ă leurs dĂ©sirs personnels, y compris celui de demeurer Ă vie Ă la tĂȘte de lâEtat sans égard Ă la place quâils occuperont dans lâhistoire de la nation. Bref, il doit avoir le sens de lâhistoire et travailler Ă la construction dâun Etat dont la lĂ©gitimitĂ© est acceptĂ©e de tous.