Censure

Affaire farine périmée / Les avocats des commerçants accusés estiment que le produit n’était pas destiné à la consommation

Face aux hommes de médias, à la Maison de la presse, à Coléah (Matam), ce mercredi, le collectif des avocats des opérateurs économiques accusés et traduits devant la justice pour vente de farine périmée, a expliqué l’usage que leurs clients avaient l’intention de faire de ce produit impropre à la consommation, avant de s’acharner sur les services du colonel Moussa Tiégboro Camara, qui a procédé, vendredi dernier, à la saisie de ces produits.

À l’entame de ses propos, Me Paul Yomba Kourouma, membre de ce collectif d’avocats, a fait savoir que le colonel Tiégboro a essayé de décrédibiliser et de porter atteinte à l’image et au commerce de leurs clients, en proclamant que ces derniers seraient des vendeurs de produits périmés, procédant à des actions nocives et attentant à la santé publique.

Selon lui, « l’une des tares de notre administration publique, de notre gouvernance politique et judiciaire, réside dans les désaveux que nos cadres infligent à l’État, dans le seul but de décrédibiliser nos institutions, d’affaiblir l’autorité de l’État, de ternir les assises de l’état de droit ».

Cependant, Me Paul Yomba reconnaît que la farine incriminée est effectivement impropre à la consommation humaine. « Mais, poursuit-il, elle pouvait être orientée dans la fabrication des colles, des plâtres, des contreplaqués… D’ailleurs, ce produit a été vendu par la direction générale des Douanes à ces commerçants, surtout à la société « Forêt forte » qui, vu l’immensité de la quantité du produit (65 conteneurs), a connu la participation d’une société de la Côte d’Ivoire qui venait aussi la prendre pour en faire de la colle. Ces documents font l’objet de facturation, les montants ont été payés à l’État et les produits ont commencé pour moitié à être acheminés dans les magasins à ceux destinés (sic) ».

Pour en revenir au cas du colonel Tiégboro, l’avocat a fait savoir : « A l’heure qu’il fait, il (Tiégboro, Ndlr) n’a aucun titre, aucune accréditation pour agir tel qu’il a fait. Il n’est pas officier de police judiciaire, et il l’a fait d’ailleurs sans que ses supérieurs hiérarchiques, c’est-à-dire le procureur général, en soient informés… Tiégboro agit pour des raisons qui lui sont propres. Ce service (secrétariat général chargé de la lutte contre la drogue et le crime organisé, Ndlr) s’il avait suscité beaucoup d’espoirs et de bénédictions du peuple de Guinée, il devient aujourd’hui une véritable entreprise commerciale, un centre de perception de l’indu, d’enrichissement sans cause… Et nous avons beaucoup de documents et de témoignages à notre disposition, que nous livrerons le moment venu ».

Et d’ajouter : « Nous vous prévenons que cette action ne sera pas impunie et qu’une plainte est en cours d’élaboration et sera portée à la connaissance de qui de droit, au moment venu ».

Par ailleurs Me Paul Yomba Kourouma a précisé qu’à ce jour, leurs clients sont sous mandat de dépôt, à cause des incriminations portées à leur encontre par Tiégboro. « Le dossier est confié à un juge d’instruction qui fera la lumière sur cette question, au regard des pièces justificatives en notre possession », a-t-il conclu.

Mohamed Soumah pour Guinee7.com

 

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